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Face à la pénurie annoncée d’électricité, il est temps que la Belgique s’inspire du Costa Rica

Kathleen Wuyard

Pour le coup, la nouvelle a fait l’effet d’une décharge électrique sur le pays: avec seulement un réacteur nucléaire en état de fonctionnement en novembre, la Belgique s’apprête à faire face à une pénurie d’électricité. Et alors que le gouvernement cherche à acheter de l’électricité à l’étranger pour faire face au manque, il semble urgent de changer de tactique.


Par exemple, en se calquant au plus vite sur l’exemple du Costa Rica. Après avoir atteint 250 puis 300 jours alimentés 100% à l’énergie renouvelable, le pays s’apprête à battre son propre record en ayant utilisé uniquement des énergies “vertes” en 2018. Et si les critiques ne manqueront pas de dire que c’est “facile” et que le Costa Rica bénéficie de conditions climatiques favorables, ce n’est en réalité pas si facile que ça, et le reste du monde, la Belgique en tête, ferait bien de s’en inspirer.

Penser sur le long terme


Pour pallier à ses besoins, le pays a en effet eu l’intelligence de panacher les sources d’énergie renouvelable, et s’alimente avec pas moins de 5 sources différentes: l’énergie hydro-électrique, qui fournit 78,26 % des besoins du pays, puis l’énergie éolienne (10,29 %), géothermique (10,23 %), et la biomasse et le solaire (0,84 %). En cas de besoin, le Costa Rica peut toujours se replier sur une centrale thermique, qui n’a toutefois pas été utilisée une seule fois en plus de 200 jours l’année dernière. Et non, ce n’est pas seulement parce que la nature l’a gâté, ainsi que le rappelle Monica Araya, spécialiste en énergie renouvelable originaire du Costa Rica.

L’histoire du Costa Rica aurait pu être différente et ressembler à celle de n’importe quel pays en voie de développement qui opte pour le court terme et les énergies polluantes. Ce n’est pas seulement de la chance, c’est aussi une capacité à penser sur le long terme.


Une capacité qui manque cruellement en Belgique, où il existe encore une dépendance bien trop grande aux énergies fossiles, mais aussi, une incapacité totale à prédire d’éventuels couacs dans le système. Pourtant, avec Doel 4, Tihange 2 et 3 en arrêt forcé suite à des dégradations dans le béton, Doel 1 et 2 impossibles à redémarrer à cause de fuites et Tihange 1 mis à l’arrêt pour révisions du 20 octobre au 28 novembre, la pénurie annoncée ne semblait pas impossible à voir venir.

Noir total


La solution trouvée par le gouvernement? Planifier d’éventuels délestages, où des communes entières seraient plongées dans le noir pour diminuer la consommation d’électricité. Voire, au mieux, nouer des accords pour acheter de l’électricité à l’Allemagne, la France et aux Pays-Bas pour éviter les fameux délestages. Impossible à éviter, par contre: une hausse salée de la facture d’électricité. Pendant ce temps, l’électricité hydraulique ne couvre les consommations que d’un peu moins de 100.000 ménages belges, l’installation d’éoliennes rencontre toujours une grande opposition au sein des riverains et les primes à l’installation de panneaux photovoltaïques ont été supprimées. Peut-être que quand la Belgique sera plongé dans le noir, elle réfléchira enfin aux conséquences de ses choix, mais il sera trop tard.

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