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© La violence envers les femmes a augmenté durant la pandémie - Getty Images, projet #ShowUs by Dove

Amnesty dénonce l’augmentation de la violence envers les femmes durant la pandémie de COVID-19

Kathleen Wuyard

Dès l’annonce du confinement, les cris d’alarme ont retenti, entre prédictions (malheureusement confirmées) de l’augmentation de la violence conjugale et charge domestique encore alourdie pour les femmes. Aujourd’hui, Amnesty International s’associe à Women’s Link Worldwide et à la Fédération internationale pour la planification familiale pour dénoncer l’augmentation de la violence envers les femmes dans toute l’Europe.


Et mettre en garde: selon l’association, si les pouvoirs publics ne font pas le nécessaire, la pandémie de COVID-19 risque également d’intensifier les inégalités de genre et la discrimination. Pour contrer cette catastrophe annoncée, un document, intitulé Guide pour l’Europe : protéger les droits des femmes et des filles pendant la pandémie de COVID-19 et dans la période qui suivra fournit aux gouvernements des lignes directrices pour les initiatives qu’ils doivent prendre afin de protéger les droits des femmes et des filles. Ces dernières ont en effet été affectées de façon disproportionnée par la pandémie actuelle, qui n’a fait qu’augmenter les discriminations et violences existantes.

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Triste bilan pour les violences domestiques et sexuelles


Ainsi que le souligne Amnesty, déjà avant le confinement, une femme européenne sur cinq subissait des violences domestiques, les mesures de confinement n’ayant fait qu’augmenter le risque de violences, tout en empêchant les victimes, coincées avec leur bourreau, d’avoir accès à l’aide nécessaire. “Certains pays européens ont pris des mesures pour venir en aide aux femmes et aux filles exposées aux risques de violences domestiques, mais la pandémie a mis en évidence les insuffisances de ces initiatives, qui limitent à leur tour l’aptitude à réagir face aux immenses besoins observés pendant cette crise” dénonce encore Amnesty International.

Les chiffres montrent que les signalements de violences commises contre des femmes, en particulier en ce qui concerne les violences domestiques, se sont multipliés de façon alarmante dans plusieurs pays. Selon les informations publiées récemment par l’Organisation mondiale de la santé, le nombre d’appels d’urgence a augmenté de 60 % par rapport à l’an dernier dans de nombreux pays européens”.


Et de souligner qu’il est “absolument indispensable que, parallèlement aux initiatives liées à la santé publique, les États prennent les mesures nécessaires pour respecter leurs obligations internationales quant à la diligence requise pour les enquêtes et les poursuites concernant toutes les affaires de violences liées au genre, aussi bien pendant le confinement qu’après la levée des restrictions”.

La violence envers les femmes a augmenté durant la pandémie - Getty Images, projet #ShowUs by Dove

La violence envers les femmes a augmenté durant la pandémie – Getty Images, projet #ShowUs by Dove

Les droits reproductifs menacés


Toujours selon ce rapport plus qu’alarmant sur la condition des femmes en pandémie, “certains pays semblent utiliser les restrictions pour saper ou limiter davantage encore l’accès aux droits sexuels et reproductifs”. Au Pakistan, on a en effet vu des maternités fermées “pour éviter la propagation de la pandémie”, tandis qu’aux Etats-Unis, certains Etats y ont vu un opportunité de restreindre encore un peu plus l’accès aux centres de planning familial, bête noire des anti-avortement.

Les hôpitaux et les cliniques ont réduit au strict minimum les services en matière de santé sexuelle et reproductive, ou les ont complètement fermés, en raison de la pénurie de personnel et des réaffectations, entre autres raisons. Dans de nombreux endroits, il est devenu très difficile d’avoir accès aux services cliniques normaux” dénonce encore Amnesty.


Le 6 mai dernier, la représentation permanente de la France au sein des Nations-Unies tirait elle aussi la sonnette d’alarme: “Le COVID-19 touche les femmes et les hommes différemment. La pandémie aggrave les inégalités chez les femmes et les filles (...) et risque également de porter atteinte à leurs droits fondamentaux (...). Le financement de la santé et des droits sexuels et reproductifs doit rester une priorité pour éviter une augmentation de la mortalité maternelle et néonatale, répondre au besoin accru de méthodes contraceptives et éviter la hausse d’avortements à risque et d’infections sexuellement transmissibles”. Un plaidoyer auquel fait écho Caroline Hickson, directrice régionale du réseau européen de la Fédération internationale pour la planification familiale.

Les restrictions touchant ces services essentiels mettent en péril la vie, la santé et le bien-être de centaines de milliers de femmes. Les pays qui font primer les soins ont pris des mesures pour protéger la sécurité et la liberté des femmes et des filles. Cela n’a rien d’infaisable ; rien ne peut justifier le fait d’abandonner ainsi les femmes et les filles”.


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De sombres perspectives économiques


Alors que la plupart des pays entrent dans la première phase du déconfinement, Amnesty International préparent “l’après”, rappelant que toutes les discriminations et violences actuelles envers les femmes se produisent “dans un contexte de sombres perspectives économiques”, et que “la crise sanitaire va probablement avoir de très lourdes répercussions sur les moyens de subsistance des femmes, en particulier pour celles qui travaillent dans le secteur du soin ou dans des secteurs informels et celles qui sont déjà marginalisées”.

Les droits et les besoins des femmes et des filles doivent être placés au centre des initiatives qui sont prises pour faire face à la pandémie de COVID-19 et qui seront prises par la suite”.


Notamment, les femmes victimes de formes multiples et croisées de discrimination, comme les Roms, les migrantes ou les demandeuses d’asile, les travailleuses du sexe, les femmes avec un handicap, les femmes trans et les autres femmes marginalisées, sont exposées à un risque accru d’être prises pour cible par des agents de l’État et victimes de préjudices tels que le profilage ethnique. “Nous demandons aux États d’entendre la voix des femmes et de prendre les mesures nécessaires pour que toutes les femmes et les filles vivent dans de meilleures conditions dans l’Europe de l’après-pandémie de COVID-19” terminent les trois associations. Et Marie Struthers, directrice régionale pour l’Europe à Amnesty International, de rappeler que l’Europe ne sera plus la même après la pandémie de COVID-19, ce qui, paradoxalement, offre aussi une belle opportunité d’intensifier la lutte contre la discrimination et les violences, pour que le monde d’après ne ressemble (heureusement) plus à celui d’avant.

Vous êtes victime de violences ou vous avez été témoin de ces violences? L’Organisation Mondiale de la Santé a rassemblé réponses et services d’aide ici. Vous pouvez également appeler le service d’Ecoute Violences Conjugales au 0800/30.030, ou le Collectif contre les violences familiales au 04/223 45 67. Amnesty rassemble ici les contacts utiles en cas de violences domestiques.

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