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FLAIR BOOK CLUB: ““L’origine du monde””, une BD éclairante sur l’histoire du sexe féminin

Justine Rossius

Pourquoi le clitoris a mis tant de temps à apparaître dans les manuels scolaires? Pourquoi est-on gênés de demander un tampon à une collègue? Et pourquoi certaines femmes ont recours à la chirurgie esthétique pour diminuer la taille de leurs lèvres? C’est à toutes ces questions et plus encore que Liv Strömquist répond dans sa bande dessinée “L’origine du monde”.


 

 

Le résumé


Dans cette bande dessinée, Liv Strömquist, auteure suédoise, nous raconte l’histoire culturelle du sexe féminin, pour montrer par quel chemin la plupart des femmes en sont venues en avoir honte. L’auteure nous montre à quel point le sexe des femmes a été stigmatisé voire torturé. Et ce, à coup de traits de crayon bien pensés mais aussi d’images d’archives et de documentation ultra pertinentes. Le livre commence par un diaporama des hommes un peu trop obsédés par notre sexe. Citons par exemple le docteur Isaac Baker Brown qui conseillait l’ablation du clitoris pour lutter contre l’hystérie (la dernière a été pratiquée en 1948…). Ou encore John Harvey Kellogg (fondateur de la marque du même nom) dont l’objectif de vie était d’interdire aux femmes de se toucher, la masturbation féminine étant par exemple selon lui la cause du cancer de l’utérus. Il préconisait carrément de verser de l’acide sur le sexe des femmes se caressant. De quoi nous donner envie de vomir nos céréales. Elle revient aussi sur la perception du sexe féminin, comme organe interne (tel un pénis inversé), ou comme un simple « trou » (dixit Jean-Paul Sarte). Et décortique les conséquences actuelles de cet amalgame entre vulve et vagin (même par nous, les femmes).

 

Pourquoi on a aimé


Parce que contrairement à ce qu’on pourrait penser, il s’agit d’un pamphlet rempli d’humour. On se surprend à rigoler devant l’absurdité d’anciennes théories sur le sexe féminin ou les menstruations. Parce qu’au final, il vaut mieux en rire qu’en pleurer et que le ton pris par l’auteure est ultra ironique et sarcastique. L’auteure parvient à communiquer un message fort et documenté et des informations fouillées de manière ludique et divertissante. Elle fait aussi souvent recours à l’effet miroir: on inverse les rôles des hommes et des femmes et on regarde ce que ça donnerait. Si la situation nous paraît débile avec les hommes dans le rôle sociétal des femmes, alors, c’est que la situation initiale l’est aussi. Seul bémol: si les propos sont servis par des images ultra sobres en noir et blanc la plupart du temps, on regrettera un manque de dessins justement et une surabondance de texte à certains moments, qui n’aident pas toujours à digérer la profondeur de tous les concepts.

L’Origine du Monde, Liv Strömquist, Editions Rackham, 2016, 20€

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