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© Yassine Gaidi/Anadolu Agency via Getty Images

Violences et discours racistes: que se passe-t-il en Tunisie?

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Depuis plusieurs semaines à la suite d’un discours du président tunisien Kaïs Saïed, la Tunisie est le théâtre d’agressions et de passage à tabac de personnes noires. Des violences racistes qui poussent certains pays africains à organiser des rapatriements.

“C’est ma quatrième année en Tunisie. Je suis un master et j’ai décidé, en pleine année universitaire, de laisser mes études en plan et de rentrer chez moi”, déclare un étudiant malien auprès de « TV5 Monde » le 4 mars dernier. Devant l’ambassade du Mali à Tunis, il fait la queue afin de savoir s’il pourra monter dans un vol de rapatriement d’urgence organisé par son pays, comme le font également la Guinée et la Côte d’Ivoire depuis quelques jours. La raison de ce départ précipité ? Le jeune homme ne se sent plus en sécurité en Tunisie. 

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Tout commence le 21 février dernier, lorsque le président tunisien Kaïs Saïed prononce un discours contre « la horde de migrants clandestins » venant d’Afrique subsaharienne. Il affirme ce jour-là que ces personnes sont la source de « violences et de crimes » en Tunisie et qu’elles participent à « une entreprise criminelle » ayant pour but de « changer la composition démographique » du pays. Des propos qui font écho à la théorie du « grand remplacement » souvent utilisé par les partis d’extrême droite. Celle-ci consiste à croire que les personnes immigrées vont peu à peu repeupler un pays, et remplacer ses citoyens. 

Une vague de haine s’abat sur les personnes noires

Peu après ce discours présidentiel condamné par de nombreuses ONG et qualifié de « raciste et haineux », des centaines de personnes originaires de différents pays d’Afrique subsaharienne et vivant en Tunisie ont affirmé avoir été victimes d’insultes, de harcèlement, d’agressions physiques et de violences en tout genre. D’autres expliquent avoir été licenciés sans raison, et même expulsés de leur logement. Face à cette vague de violence et de haine raciste, beaucoup souhaitent être rapatriés. De son côté, l’Union africaine avait elle aussi condamné ces déclarations jugées « choquantes », en demandant aux pays membres de « s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste ».

Des propos « mal-interprétés » selon le président

Après avoir provoqué un tollé médiatique et face à l’indignation de la communauté internationale, Kaïs Saïed a repris la parole ce 8 mars dernier. Il est revenu sur son précédent discours affirmant qu’il visait seulement les personnes en situation illégale dans le pays, visant à faire respecter la « légalité tunisienne concernant les étrangers». Il s’est ensuite défendu de tout « propos malveillants » et a ajouté que des personnes « ont voulu interpréter le discours à leur guise pour nuire à la Tunisie ». Mais pour les personnes originaires d’Afrique Subsaharienne, même celles en situation régulière, il est désormais difficile d’avoir une vie normale dans le pays en raison des nombreuses attaques perpétuées à l’encontre de personnes noires. Bangaly Cissé, étudiant guinéen qui s’est confié à « TV5 Monde » explique : 

On n’arrive pas à sortir pour mettre un pied à la fac. On ne peut plus aller en cours. On ne sait pas ce qu’il peut se passer si on sort. On a l’impression que n’importe qui dans la population peut s’attaquer à nous. 

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