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© Getty Images

La Russie interdit tous les ouvrages évoquant l’homosexualité

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Suite à l’adoption d’un texte de loi interdisant « la propagande LGBT » en Russie, les libraires se voient obligés de retirer de la vente tout ouvrage qui ferait référence à l’homosexualité.

Le 5 décembre dernier, le président russe Vladimir Poutine signait un texte de loi visant à faire cesser « la propagande LGBT » dans le pays. Une loi similaire était déjà en vigueur en Russie depuis 2013 et visait à interdire la « propagande LGBT auprès des mineurs », afin de « protéger les enfants contre les informations qui favorisent le déni des valeurs traditionnelles de la famille ». Désormais, l’interdiction s’applique à tous les publics, et il est donc formellement défendu de « faire la promotion des relations sexuelles non-traditionnelles », y compris à travers les médias, les livres et les films. 

Les librairies sont donc forcées de retirer de la vente de nombreux ouvrages faisant mention de l’homosexualité, d’un personnage LGBTQ+ ou d’un mot se référant à une orientation sexuelle autre que l’hétérosexualité afin de ne pas recevoir d’amendes qu’il leur serait impossible de payer. En effet, selon le texte de loi, toute personne allant à l’encontre de cette interdiction pourrait être condamnée à payer « jusqu’à 10 millions de roubles (environ 150 000 euros) en cas d’infraction », rapporte « France Inter ». Olga, libraire à Moscou, confie au micro de la radio française :

La loi est très floue, difficile à comprendre, mais nous avons retiré tous les livres dont les personnages ou les histoires évoquent l’homosexualité. Nous sommes une petite entreprise, et nous ne pouvons pas risquer une énorme amende. Cela nous obligerait à fermer.

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En effet, les termes employés dans ce texte, soit « promotion des relations non-traditionnelles » ou encore « propagande LGBT » peuvent désigner beaucoup de choses, un flou qui inquiète le milieu du livre. Evguéni Kopiov, qui travaille pour la maison d’édition Eksmo, a récemment assuré un salon du livre à Moscou, et pointe du doigt auprès de l’AFP la “large interprétation” qui peut être faite de cette loi par le gouvernement russe. Il explique qu’elle pourrait « affecter un grand nombre de livres, y compris des classiques ». Il conclut : « Tout dépendra de nos échanges avec les autorités chargées de la régulation. » De son côté, Olga explique avoir retiré un grand nombre d’ouvrages de sa boutique : 

Par exemple ce livre, « Basic witches ». Nous avons acheté ses droits aux États-Unis, nous l’avons traduit et publié. Ce n’est pas un ouvrage de propagande, simplement, parfois, il s’adresse aux lectrices en disant ‘ton partenaire ou ta partenaire’. C’est pour cela que nous avons dû malheureusement le retirer de la vente.

Elle ajoute avoir également retiré des jeux de cartes dont certaines illustrations représentaient deux hommes se prenant dans les bras. Olga, comme beaucoup d’autres, envisage de quitter le pays prochainement.

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