1,39 CONTRE 3,99 euros: pourquoi les médicaments sont-ils si chers en Belgique?
La moitié des Belges souhaitent que les médicaments délivrés sans ordonnance ne soient pas uniquement disponibles en pharmacie. D’après Kruidvat, cela marquerait une baisse des prix des médicaments, à l’instar des Pays-Bas, où le paracétamol, par exemple, est vendu cinq fois moins cher que chez nous. L’Association pharmaceutique belge, elle, s’oppose farouchement à cette proposition.
Le saviez-vous? Aux Pays-Bas, les médicaments courants ne nécessitant pas d’ordonnance, comme le paracétamol, coûtent moins cher qu’en Belgique. De surcroît, chez nous, il n’est possible de s’en procurer qu’en pharmacie, alors que nos voisins du nord peuvent acheter leurs médicaments sans prescription dans les drogueries. Ce dernier point, selon Kruidvat, commanditaire d’un sondage IPSOS I&O mené auprès de mille Belges, expliquerait pourquoi les versions génériques vendues en Belgique sont en moyenne cinq fois plus chères qu’aux Pays-Bas.
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Reprenons l’exemple du paracétamol, l’un des produits médicamenteux les plus vendus chez Kruidvat Pays-Bas. Sur le site néerlandais de la marque, la boîte de cinquante comprimés de 500 mg la moins chère coûte 1,39 euro. En Belgique, sur le site Newpharma, le produit équivalent (ne contenant toutefois que trente comprimés) le moins cher coûte, quant à lui, 3,99 euros. En d’autres termes, un cachet de paracétamol peut coûter 0,028 euro chez nos voisins, tandis que chez nous, il coûte 0,13 euro, soit cinq fois le prix des drogueries aux Pays-Bas.
Les Belges favorables à la vente de médicaments en droguerie
Selon le sondage IPSOS I&O commandé par la chaîne de drogueries belgo-néerlandaise, plus de huit Belges sur dix espèrent du gouvernement qu’il prendra des mesures pour rendre les médicaments délivrés sans ordonnance moins chers. “En outre, la moitié d’entre eux estime qu’il n’est pas normal que les médicaments délivrés sans ordonnance en Belgique ne puissent être vendus qu’en pharmacie”, ajoute Kruidvat. Pour certains, il s’agit véritablement d’un non-sens. En effet, il est déjà possible d’acheter des médicaments sans ordonnance dans les pharmacies en ligne, où “l’obligation de conseil personnalisé à laquelle le pharmacien est légalement tenu se perd”.
“Aux Pays-Bas, la grande majorité des ventes de médicaments en automédication se fait via les chaînes de drogueries”, déclare Bert Verhoef, directeur général de Kruidvat Belgique.
L’ouverture du marché, de manière responsable, rendrait les soins de santé en Belgique plus abordables et plus accessibles. Et cela est plus important que jamais en période d’inflation.
, estime-t-il.
Les pharmaciens belges farouchement opposés
Les pharmaciens, eux, ne partagent pas cet avis. Pour Nicolas Echement, porte-parole de l’Association pharmaceutique belge, interrogé par nos confrères de L’Avenir, le patient doit impérativement être accompagné par un professionnel – en l’occurrence, un·e pharmacien·ne -, lorsqu’il veut se procurer des médicaments, même ceux qui ne nécessitent pas de prescription.
Sur ce point, Kruidvat a déjà pensé à tout. Aux Pays-Bas, des formations sont organisées pour les employés de la marque, explique Dominique Vandijck, professeur d’Économie de la santé à l’Université de Gand (UGent), qui estime qu’une telle formation peut également être organisée en Belgique. Et le professeur d’ajouter: “Un dépliant numérique peut aussi être très utile pour informer correctement les gens. Fournir des conseils gratuits et de qualité sur le bon usage des médicaments en vente libre permet d’améliorer l’accès à ce type de médicaments et les connaissances de base de la population.”
Un argument qui ne convainc pas l’APB: “Quelqu’un qui a reçu une formation de droguiste pendant quinze jours n’aura pas autant de compétences qu’un pharmacien qui a suivi cinq ans d’études universitaires. C’est comme si on permettait à n’importe qui de diagnostiquer des maladies.”
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