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Naomi Osaka voulait protéger sa santé mentale – ça lui a coûté Roland-Garros

Kathleen Wuyard

Célébrée pour son jeu redoutable autant que pour son engagement, le plus récemment pour Black Lives Matter, la jeune tenniswoman Naomi Osaka était appelée à s’illustrer cet année à Roland-Garros. C’était sans compter sur sa décision de refuser les interviews d’avant et après match.


À 23 ans seulement, Naomi Osaka peut déjà s’enorgueillir d’avoir remporté quatre tournois de Grand Chelem ainsi que d’avoir gagné un match contre Serena Williams, reine incontestée du sport. Mais si la jeune femme a tout d’une grande, elle reste fragile, en témoigne sa décision de ne pas se présenter à la presse lors du tournoi de Roland-Garros. Un choix vivement critiqué, tant par l’organisation du prestigieux tournoi en lui-même, qui lui a imposé une amende de 15.000 dollars et l’a menacée d’exclusion, que par ses pairs, Martina Navratilova ayant ainsi regretté dans un tweet désormais supprimé la tentative de la joueuse “d’améliorer la situation pour elle-même et les autres, mais de l’avoir accidentellement empirée”.

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“Maltraités par les méchants scribouillards”


C’est qu’on ne vient pas à Roland-Garros uniquement pour tout donner sur la brique pilée: il s’agit de parler à la presse avant et après chaque match, et de répondre à des questions parfois brutales. S’il s’agit-là d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, difficile d’oublier le malaise perceptible de Justine Henin lors de certains entretiens avec la presse en Grand Chelem, d’autres joueurs, Rafael Nadal en tête, se contentant de réponses les plus brèves possible. La tactique choisie par Naomi Osaka? Garder le silence. Après sa victoire au premier tour du tournoi, la joueuse a refusé de s’entretenir avec les journalistes, les accusant de toujours lui poser les mêmes questions “qui me font douter de moi” et affirmant vouloir préserver sa santé mentale.

Compréhensible? Dans un long billet pour la RTBF, Christine Hanquet a capturé avec virulence la frustration des journalistes sportifs, raillant les “pauvres joueurs de tennis, maltraités depuis leur prime jeunesse par ces méchants scribouillards” et avançant que “Naomi Osaka est vraiment très fragile. Mais ce n’est pas le cas, on le sait. La fille est assez solide, mentalement, pour gagner des tournois du Grand Chelem, pour jouer des matches devant 10.000 personnes”.

Le blues de la championne


Et pourtant, ainsi que l’a rappelé la championne dans un long message posté sur ses réseaux sociaux en réponse au tollé suscité par sa décision, il est possible de dominer sur les cours de tennis et de souffrir mentalement en marge des matches.

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Je n’ai jamais voulu être une distraction. Je sais que je n’ai pas forcément choisi le meilleur moment et que le message que je voulais faire passer n’était pas le plus clair. Mais plus important encore, je n’ai jamais voulu banaliser le sujet de la santé mentale ou l’utiliser à la légère” – Naomi Osaka.


Et de confier dans la foulée souffrir de dépression depuis l’US Open de 2018 et sa victoire mouvementée contre Serena Williams.

Toutes les personnes qui me connaissent vraiment savent que je suis introvertie. Toutes les personnes qui m’ont déjà vue lors d’un tournoi savent que je mets des écouteurs pour évacuer cette anxiété sociale. Même si les journalistes ont toujours été bienveillants avec moi, je ressens toujours une vraie peur de parler à la presse”.


Dans la foulée, des personnalités telles que Selena Gomez ou Alexandria Ocasio-Cortez ont apporté leur soutien à Naomi Osaka, l’élue au Congrès ayant tweeté être fière de la joueuse. Qui a toutefois décidé de se retirer du tournoi face à la polémique provoquée par sa décision d’éviter la presse.

Quant à Gilles Moretton, président de la Fédération française de tennis, il a qualifié la situation d’issue “malheureuse”, affirmant être “triste et désolé” pour la joueuse, et assurant rester “très attentifs au bien être de tous les athlètes et nous nous engageons à continuer d’améliorer tous les aspects de l’expérience des joueuses et des joueurs dans notre tournoi, y compris avec les médias, comme nous avons toujours veillé à le faire”.

Naomi Osaka sur la balle


Un message de soutien qui sonne quelque peu creux en regard de l’amende salée imposée à la joueuse ainsi que de la menace d’exclusion qui planait sur elle. Jeu, set et match? Pas si l’on se fie aux déclarations du coach de la jeune tenniswoman, notre compatriote Wim Fissette, qui a rappelé au “Spiegel” que “Naomi a la possibilité d’utiliser son statut pour aborder les problèmes et initier des choses” et a confié qu’elle voulait provoquer un changement pour que les athlètes bénéficient de plus de liberté dans leur rapport avec la presse. Quant à savoir s’il s’agit-là d’un match qu’elle peut gagner, on garde les yeux sur la balle.

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