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© femme noire - pexels - ree

““Je suis Noire, pas black””: le coup de gueule d’une blogueuse contre le colorisme

Kathleen Wuyard

Quand vous parlez d’une personne de couleur, vous dites “black”? Marianne Célis aimerait que vous employiez plutôt “Noire” pour la décrire, et elle explique pourquoi en dénonçant le colorisme au passage.


Le colorisme? Ainsi que l’explique la styliste et blogueuse liégeoise Marianne Célis aka Mulakozè, “c’est la hiérarchisation des ” tonalités/carnations ” de la peau. C’est-à-dire au sein d’une même communauté favoriser les personnes plus claires de peau et dénigrer voir stigmatiser les personnes plus foncées”. Un sytème de valeur dont elle a elle même fait les frais.

Enfant, j’ai souvent été complimentée pour ma dose de mélanine pas trop élevée.  Puis adolescente, en sortant de mon village et en côtoyant plus de personnes racisées, j’ai découvert le fléau du blanchiment de peau”


Une pratique extrêmement dangereuse pour la santé que Marianne attribue à deux facteurs. D’abord, la colonisation, parce que “ce n’est pas parce qu’on cède son indépendance à un pays que toutes les idées, les valeurs, les habitudes que nous avons installé et cultivé prennent leurs bagages avec nous”. Ensuite, le système des castes sociales: “dans de nombreux groupes les personnes à la peau la plus foncée sont les personnes qui travaillent dans les champs alors que les personnes à la peau claire sont celles qui ont assez d’argent pour se protéger du soleil et décident/dirigent”.

D’accord, mais quel rapport avec la distinction entre “Noire et black”?

Marianne Célis photographiée par Lynn VanwonterghemMarianne Célis photographiée par Lynn Vanwertonghem 

La peur du Noir


L’adjectif ” Noir” fait peur ou met dans un inconfort car il renvoie à “nègre”. Par conséquent, dans nos sociétés post-coloniale européennes, c’est encore péjoratif d’avoir la couleur noire. Puisque comme je le dis dans mon article, ce n’est pas parce qu’on cède ou octroie l’indépendance à un pays, que les idéaux, les représentations, les diktats, les croyances installés depuis des décennies foutent le camp avec vous.

Du coup, en disant “Black” on adoucit ou on le rend plus stylé/présentable. Vue que “Black” égal Afro-américain, les Black Panthers, Beyoncé, donc plus Noir et fier. Alors que nous pouvons être belge et fière d’être noir tout simplement”


Et Marianne d’ajouter que cela peut “paraitre futile mais je pense sincèrement qu’il est important qu’on soit concernés ou non, c’est-à-dire racisés ou blancs. La diversité des beautés, de corps et des modèles de réussite passe pas par ces discussions qui fâchent car OUI, nous créons aussi nos propres diktats et les érigeons en modèle”. Et d’adresser également un message aux “personnes racisées”. “Il est VITAL de faire face à notre propre xénophobie:  ça veut dire quoi être assez Noir ou trop Noir?! Arrêtons avec nos palmarès de Bounty, Banane, Snickers, Vrai-Noir, Vrai-Nappy, Vrai-panafricain, etc et avec nos chirurgies pour se faire diminuer/affiner les lèvres ou les narines. Cela ne fait que montrer à quel point une même communauté peut se détester elle-même et tronquer son image et son naturel”.

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