Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…
Conditions de détention des femmes au Japon
© Getty Images

DÉTENTION DES FEMMES AU JAPON: cette ONG tire la sonnette d’alarme

Sarah Moran Garcia
Sarah Moran Garcia Journaliste web

L’organisation Human Rights Watch en appelle au gouvernement japonais afin qu’il adopte en urgence une réforme visant à améliorer les conditions des femmes japonaises. À titre d’exemple, en cinq ans, moins de 2% des jeunes mères ont pu rester auprès de leur bébé après l’accouchement.

Le dernier rapport de l’ONG Human Rights Watch concernant les conditions de vie des femmes dans les prisons japonaises est alarmant. Au cours de cette enquête ayant pris place entre janvier 2017 et janvier 2023, septante personnes ont été interrogées, ce qui inclut des douzaines d’anciennes détenues, ainsi que des experts en matière de réforme du droit et de la justice. Le titre de ce document de 76 pages est sans équivoque: “They don’t treat us like human beings” (“Ils ne nous traitent pas comme des êtres humains”).

Lire aussi : J’AIME MON MÉTIER: “Je suis assistante sociale dans une prison”

Les mères séparées de leurs bébés

Le rapport, publié ce 14 novembre, évoque divers abus tels que le mauvais traitement des personnes transgenres, le manque d’accès aux soins médicaux, les restrictions de communication aussi bien à l’intérieur des murs de la prison que vers l’extérieur, ou encore la séparation des mères et de leurs bébés.

À propos de ce dernier point, sur 184 femmes ayant accouché en prison entre 2011 et 2017, seules trois ont été autorisées à rester avec leur enfant, selon les données du ministère de la Justice. Or, “la séparation à la naissance peut être traumatisante et nuire à la fois à la santé de la mère et du nouveau-né, en perturbant l’allaitement maternel et la création du lien parent-enfant”, souligne l’organisation non gouvernementale.

Ces traitements qui vont à l’encontre des droits humains internationaux et contreviennent aux normes internationales telles que l’ensemble de règles pour le traitement des détenus des Nations unies, connu sous le nom de “Règles Mandela”, souligne encore HRW.

Décriminaliser certaines infractions

“En réalité, beaucoup de ces femmes n’auraient jamais dû être emprisonnées”, souligne Teppei Kasai, représentant de l’ONG en Asie. D’après l’organisation, nombre de ces femmes se sont retrouvées en prison pour simple possession ou consommation de drogue, ou encore pour des délits mineurs comme de petits vols, car les mesures non privatives de liberté telles que le travail d’intérêt général ne sont pas incluses dans le Code pénal japonais.

“Plutôt que de dépendre de l’emprisonnement pour lutter contre la criminalité, le Japon devrait considérer les alternatives, tout en s’efforçant de décriminaliser les infractions simples liées à la drogue”, estime Teppei Kasai.

Peu de suspensions de peines

L’article 482 du Code de procédure pénale japonais stipule qu’un procureur peu suspendre une peine de prison pour diverses raisons, notamment pour des raisons de santé ou familiale. Or, Human Rights Watch a constaté que les procureurs faisaient très rarement appel à cet article. “La preuve, seules onze femmes incarcérées ont vu leurs sentences suspendues ces cinq dernières années”, dénonce l’organisation non gouvernementale, qui enjoint le gouvernement japonais à adopter en urgence des réformes visant à améliorer les conditions de détention des femmes.

Lire aussi:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires