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Des rabbins se mobilisent pour libérer les femmes de la prison du divorce juif

Kathleen Wuyard

Ils se marièrent, eurent (un peu, pas ou) beaucoup d’enfants... puis divorcèrent. Une version moins heureuse du fameux “happy end”, mais tout aussi simple dans nos démocraties. Sauf qu’il n’en va pas de même pour les femmes de confession juive.


Dans la religion juive, le divorce est en effet une procédure codifiée, où les femmes sont désavantagées. Pour que le divorce religieux soit prononcé, il faut qu’il y ait remise de l’acte de divorce, basée sur un consentement bilatéral: l’époux (seul à pouvoir remettre l’acte de divorce) doit accepter de le délivrer, et la femme doit quant à elle être d’accord de le recevoir. Que l’un des deux époux refuse, et la procédure peut-être bloquée, avec la conséquence encore plus handicapante pour la femme que son mari peut tout bonnement refuser de lui donner l’acte de divorce. Un phénomène suffisamment fréquent pour que ces femmes prisonnières d’un mariage qu’elles veulent quitter portent un nom, “agounah”, soit “femme enchaînée” en hébreu. Des chaînes que les femmes veulent briser, avec l’aide d’une poignée de rabbins qui verraient bien les règles évoluer.

Une vie sur pause


Car si les divorces sont prononcés aux yeux de l’Etat, l’absence de divorce religieux plonge les femmes dans un entre-deux dont certaines restent prisonnières pour le reste de leur vie. Sans divorce religieux, il n’y a pas de nouveau mariage religieux possible, ce qui signifie que tout enfant né d’une relation suivante est considéré comme adultérin. Avec les conséquences terribles que cela peut engranger pour certaines femmes, ainsi que le déplore à Marie-Claire Nissim Sultan, rabbin à Grenoble depuis plus de 20 ans.

Les femmes religieuses qui tiennent à respecter la loi juive sont dans une situation de désespoir insupportable. J’ai enterré des femmes qui n’avaient pas pu refaire leur vie, qui n’ont pas eu d’enfants, et à qui j’ai promis sur leur lit de mort que ça ne serait plus comme ça.


En Israël (où seul le mariage religieux fait foi) et aux Etats-Unis, des sanctions existent pour punir les maris qui font de la rétention de guett et refusent de remettre à leur femme l’acte de divorce. Sanctions qui vont de l’interdiction de pénétrer dans la synagogue à celle de quitter le territoire, voire même, des emprisonnements. En France, à l’été dernier, Nissim Sultan a interdit à un mari réfractaire de participer à la prière synagogale jusqu’à ce qu’il remette l’acte de divorce à sa femme. Et chez nous, les femmes peuvent carrément compter sur le soutien de la police: en 2016, un professeur israélien qui refusait depuis des années d’accorder le guett à sa femme avait été arrêté à Anvers. Bonne nouvelle pour les femmes maintenues prisonnières de leur mariage: en juillet 2018, la Knesset, le Parlement israélien, a ouvert la possibilité à des femmes juives non israéliennes de demander le divorce devant des tribunaux rabbiniques en Israël. Tout ça ne réécrira pas la Torah, mais au moins, on semble se diriger vers la fin programmée du chantage au mariage.

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