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Comment l’Arabie saoudite libère (petit à petit) son emprise sur les femmes

Kathleen Wuyard

Tristement célèbre comme étant l’un des pays au monde où les femmes sont les plus opprimées, l’Arabie saoudite leur permet tout doucement de sortir de leur carcan. Après l’autorisation de conduire, les Saoudiennes peuvent désormais se rendre dans les stades. Mais le chemin est encore long jusqu’à l’émancipation. 

En Arabie saoudite, les femmes sont invisibles. Littéralement: les Saoudiennes sont en effet forcées de revêtir l’Abaya en public, un amas de tissu noir qui cache les formes et ne laisse apparaître que les mains et les pieds. Une exposition minimale, à l’image de leurs droits. Peu importe son âge, une Saoudienne est en effet considérée comme une mineure aux yeux de la loi. Toute sa vie, elle est donc placée sous l’autorité de son mahram, un tuteur qui peut être son père, son frère ou son mari, et sans l’autorisation duquel elle ne peut ni sortir, ni travailler, ni se marier. Impossible également d’ouvrir un compte en banque, et jusqu’il y a peu, il était également interdit aux Saoudiennes de conduire. Une interdiction qui a été levée en septembre dernier.

Femmes au volant


Dans un décret royal, le roi Salmane a en effet ordonné de permettre aux femmes d’Arabie saoudite d’obtenir un permis de conduire. Un décret qui sera effectif à partir de juin 2018, et une sacrée victoire après des campagnes infructueuses en 1990, 2011 et 2013.  Ces dernières années, les militantes avaient relancé le débat en diffusant sur Facebook ou Twitter des vidéos d’elles en train de conduire, et en encourageant d’autres femmes à les imiter avec pour cri de ralliement le hashtag #IWillDriveMyself. Un mouvement courageux, alors même que toutes celles qui ont bravé l’interdiction ont été arrêtées et contraintes de signer des documents garantissant qu’elles ne récidiveraient pas. Une interdiction qu’elles peuvent désormais laisser sur le bas-côté.

Sur les gradins


Et il ne s’agit pas là de la seule mesure d’ouverture à avoir été prise dans ce Royaume où il ne fait pas bon être femme. Ces dernières pourront également bientôt se rendre au stade, un plaisir qui leur était jusqu’alors interdit sur base des règles strictes de séparation des sexes dans l’espace public. L’Autorité générale du sport a annoncé sur Twitter le début de la préparation de trois stades à Ryad, Jeddah (ouest) et Dammam (est) pour accueillir des familles à partir de début 2018. Un pas de plus vers l’assouplissement, alors même que le prince héritier Mohammed ben Salmane, 32 ans, a promis une Arabie « modérée ».

Le long chemin vers la modération


Paroles, paroles? Si les Saoudiennes pourront prochainement prendre le volant pour aller s’installer dans les gradins, de nombreux droits basiques leurs sont encore inaccessibles. Elles ont ainsi l’interdiction de pénétrer dans les cimetières, d’essayer des vêtements dans les magasins, de prendre part librement à des compétitions sportives ou encore de lire des magazines non censurés. Un rappel du nombre de pages qu’il reste encore à tourner avant que le pays ne puisse être véritablement considéré comme modéré.

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