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Turquie: pourquoi Erdogan fait peur aux femmes

Kathleen Wuyard
Ce dimanche, Recep Tayyip Erdogan a remporté un référendum visant à renforcer ses pouvoirs en Turquie. Une réforme accueillie tantôt avec joie, tantôt avec effroi, surtout par les femmes. 

D'un côté, ceux et celles qui ont voté "oui" au référendum de ce dimanche, et accueilli gaiement la nouvelle du renforcement des pouvoirs du président. De l'autre, les opposants et les méfiants, qui y voient les conséquences de la tentative de coup d'état ratée de juillet 2016. Deux camps qui se déchirent, et un constat, au-delà des mesures politiques: le futur s'annonce trouble pour les femmes de Turquie. 

 

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L'égalité des sexes "contre-nature"
 

Cela semble fou, mais en 2017, les femmes doivent encore se battre pour l'égalité salariale. Dans la Turquie d'Erdogan, le combat renvoie carrément les Turques au Moyen-Âge. Selon le président turc, l'islam a défini une place très claire aux femmes: la maternité. Lors d'un discours à Istanbul, en novembre 2014, il a également affirmé que l'égalité hommes-femmes était impossible car "leur caractère, leurs habitudes et leur physique sont différents. On ne peut pas mettre sur le même pied une femme qui allaite son enfant et un homme(...) Vous ne pouvez pas demander à une femme de faire tous les travaux qu'un homme fait, (...) c'est contraire à leur nature délicate". Coup de grâce, en juin 2016: 

 

La vie d’une femme est défaillante et imparfaite si elle n’a pas réussi à être mère. Une femme devrait avoir au minimum trois enfants !

 

Avortement = meurtre

Forcément, avec des sorties pareilles, c'est sans surprise que Recep Tayyip Erdogan est un opposant vocal à l'avortement. Exemple, en juin 2012

Je vois l’avortement comme un crime, a déclaré le chef du gouvernement le 25 mai dernier. Personne n’a le droit d’autoriser le meurtre d’un enfant, que ce soit dans le ventre de sa mère ou après sa naissance. Il n’y a aucune différence entre les deux.

 

Si les efforts du président Erdogan pour supprimer le droit à l'avortement, légal en Turquie depuis 1983, n'ont rien donné jusqu'ici, il ne semble pas prêt d'abandonner le combat. Et l'étend d'ailleurs à la contraception: pour lui, "aucune famille musulmane ne peut accepter la contraception et le planning familial". 
 

aaaaaaa

Violées et mariées de force

 

En novembre 2016, le Parlement turc a approuvé en première lecture une proposition de loi stipulant que toute condamnation pour agression sexuelle sur mineur commise avant le 11 novembre 2016 sera annulée si l'agresseur épouse sa victime.  Autrement dit: si la loi passe en deuxième lecture, les violeurs de mineurs seront aministiés si ils se marient avec l'enfant qu'ils ont violée. Face à l'opposition que la proposition a rencontrée auprès de la population, la loi a été retirée pour être retravaillée. Amnistie si ils se marient ET que l'agresseur a demandé poliment avant? Tous les cauchemars sont permis. Selon les chiffres recueillis par Le Point, entre l'élection de Recep Tayyip Erdogan et 2009, les meurtres de femmes ont augmenté de 1400% en Turquie. Où il ne fait décidément pas bon être femme sous la présidence d'Erdogan. 

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