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FAUT QU’ON PARLE: ne nous souhaitez pas une bonne Journée de la femme

Justine Rossius

Si vous célébrez la Journée de la femme le 8 mars, vous feriez mieux de rester au lit. Le 8 mars, c’est la Journée des droits des femmes et cette différence lexicale fait la différence sociétale.

Ne nous souhaitez pas une « bonne Journée de la femme ». Ne nous souhaitez rien du tout, au risque de nous voir nous lever et nous casser. Car le 8 mars n’est pas une fête: c’est un rappel qu’il faut se lever et se casser.

Que ce soit par flemme ou par méconnaissance, le terme « Journée des droits de la femme » — appellation exacte de ce fameux 8 mars — se voit régulièrement amputé de sa partie « droits ». Un peu comme les droits des femmes, qui reculent partout dans le monde, ce que rappelle un rapport de l’association féministe Equipo de la fondation Jean-Jaurès, publié le 13 février dernier. Quelques exemples? L’abrogation du droit fédéral à l’avortement aux Etats-Unis en 2022 ou encore le retour des talibans en Afghanistan. Alors si, aujourd’hui, il faut parler de la Journée « des droits des femmes », c’est avant tout car cette journée ne doit pas être prise ou confondue avec une quelconque fête des femmes. Ce n’est ni la fête des Mères, ni la Saint-Valentin. On ne célèbre pas la beauté des femmes, ni leur prétendue douceur ou bonne odeur. On soutient plutôt leur droit à bénéficier des mêmes que tout le monde.

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Ne nous offrez pas des fleurs, offrez-nous des droits

Session de rattrapage du cours d’histoire : la journée du 8 mars — baptisée « Journée internationale des femmes » — a été promulguée par l’ONU dans une optique militante en 1977. Cette journée sert à dresser annuellement un état des lieux de la situation des droits des femmes chez nous et ailleurs et si elle s’inscrit encore cette année dans nos agendas, c’est que de sérieux progrès restent encore à faire pour parvenir à une égalité entre hommes et femmes, dans la sphère professionnelle (en Belgique, en 2021, l’écart salarial au niveau du salaire horaire s’élevait encore à 9,2 % en défaveur des femmes), aussi bien que dans la sphère privée.

Une journée tristement nécessaire

Cette journée, dont on rêverait qu’elle n’existe plus (et tant pis pour le Kir Royal et les culottes à moitié prix) nous offre un espace pour réaffirmer l’importance de la lutte, pour nous rappeler aussi que les droits acquis — dont certains très récemment — sont fragiles et méritent toute notre attention. L’attention de tout le monde, hommes et femmes confondus. Le souci, lorsqu’on enlève de cette appellation la notion de droits, c’est qu’on lui retire aussi sa notion revendicative. Son essence militante. Dès lors qu’on cause de Journée de la femme, on voit arriver sur des grands chevaux des princesses tout de fuchsia vêtues, transportant des chocolats en forme de cœur, des bouquets à l’odeur de rose et autres joyeusetés que nous les femmes sommes supposées adorer.

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Nous ne sommes pas « la » femme

Deuxième souci ? L’appellation « Journée de la femme », au singulier, qui présuppose qu’il y aurait une seule et unique définition de la femme et d’une essence féminine. Dire la femme, c’est réduire les femmes à une uniformité, et des clichés qui vont souvent de paire avec la « femme objet ». Or, la femme n’existe pas. Mettre toutes les femmes dans une seule et même case, c’est donner l’opportunité de les y enfermer. Et de les priver de leurs droits.

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