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TÉMOIGNAGE: ““Je n’aime pas mon enfant””

Amandine de Harlez

Votre bébé vient de naître et c’est le plus beau jour de votre vie. Mais ce n’est pas toujours le cas pour tout le monde. Une lectrice nous montre que l’amour maternel ne va pas toujours de soi.

 

Chloé, 27 ans, aurait préféré ne pas avoir sa fille

Elle est célibataire et maman d’une petite fille de 2 ans.

“Cela faisait déjà un moment que ça n’allait plus entre mon compagnon et moi. Je savais que je devais mettre un terme à notre relation, mais cela impliquait tellement de changements, de choses à régler, un déménagement… que je restais. Jusqu’au jour où il m’a trompée. Le déclic: j’ai enfin osé le quitter. Deux semaines plus tard, je me suis rendu compte que j’étais enceinte. Je ne prenais plus la pilule de façon régulière car je pensais que je n’en aurais bientôt plus besoin…

J’ai immédiatement pensé avorter. Mais cette relation, qui avait duré six ans, m’avait brisée. Elle avait à ce point détruit ma confiance en moi que je n’arrivais plus à prendre de décision pour quoi que ce soit. C’est pour cela que j’ai attendu si longtemps avant de quitter mon compagnon. Je voulais avorter mais je n’ai rien fait.

Je vivais comme un zombie. Je n’étais pas heureuse de porter cet enfant, pas du tout! Mais je n’étais pas capable de prendre une décision et après, il était trop tard, ma grossesse était trop avancée.

J’ai passé des nuits à espérer, à prier même pour que cette grossesse s’arrête. Je ne voulais pas d’un enfant. Et certainement pas de mon ex.

Que du dégoût

Il y a deux ans, je suis devenue la maman d’une petite fille. Alors que j’aurais préféré un garçon. Ça commençait mal! J’espérais que l’instinct maternel se réveille à la naissance de mon bébé. On dit qu’une maman tombe amoureuse de son enfant quand on le lui pose sur le ventre. Moi, je n’ai ressenti que du dégoût. J’avais eu tellement mal et j’étais tellement triste d’avoir dû accoucher sans un compagnon!

L’enfant que l’on avait placé sur mon ventre ne représentait que de la souffrance. Comment pouvais-je l’aimer?

Le premier jour, j’ai eu des visites toute la journée. Je souriais, j’embrassais et j’étreignais ma fille. J’avais l’air d’une maman rayonnante… Tout le monde disait que j’étais très courageuse! Mais en fait, je ne ressentais rien. Quand les derniers visiteurs sont partis et que ma fille s’est mise à pleurer, je ne l’ai pas consolée. Lorsque l’infirmière est venue et l’a emmenée, elle a immédiatement cessé de pleurer. J’étais une mauvaise mère. Et ma fille le savait.

Jamais de câlins

L’idée de devoir m’occuper de ma fille jour et nuit me terrifiait. Et pourtant, je le fais depuis deux ans. Je prends soin d’elle aussi consciencieusement que possible. Je veille à ce qu’elle ait des horaires réguliers, je lui lis des histoires avant de la mettre au lit, le week-end, je vais avec elle à la plaine de jeux…

Tout le monde trouve que nous sommes bien ensemble, si proches l’une de l’autre. Personne ne sait ce que je ressens réellement. Je ne la déteste pas, mais je ne l’aime pas vraiment non plus. Si je pouvais remonter le temps, elle ne serait pas là. Et je me sens terriblement coupable. Nous ne nous faisons jamais de câlins spontanément, par exemple, alors que ma mère, elle, est vraiment dans le contact physique.

Quand je suis avec elle et que Marie se fait mal, c’est sa mamy qu’elle appelle, pas moi. La vérité sort de la bouche des enfants…

Le père de ma fille est complètement absent. Je lui ai dit que j’étais enceinte. Mais depuis le début, Marie ne l’intéresse pas. Peut-être que ça se passerait mieux entre ma fille et moi si elle passait parfois un week-end chez son père et que je pouvais avoir un peu de temps pour moi. J’envie mes amies qui ont des enfants et les élèvent en coparentalité. Je voudrais tellement pouvoir en dire autant et ne pas devoir m’en occuper tout le temps…

Une mauvaise mère

Personne ne sait ce que je ressens, ce ne sont pas des choses que l’on peut dire. Personne ne comprendra jamais que je n’aime pas mon propre enfant. C’est un terrible tabou. Je pense que ma mère sent bien qu’il y a un problème, mais nous n’arrivons pas à en parler.

Cela me fait un bien fou de raconter mon histoire. Pendant deux ans, j’ai porté cela toute seule. Je me suis sentie comme une mauvaise personne. Je me console en pensant que Marie ne manque de rien. Je ne la maltraite pas, nous faisons un tas de choses amusantes ensemble… Mais ce sentiment de rejet persiste. Pourquoi ne puis-je pas l’aimer?”

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