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#PayeTonBurnoutMilitant, quand les féministes luttent jusqu’à l’épuisement

Kathleen Wuyard

Après 7 ans de bons et loyaux services, la créatrice de Paye Ta Shnek, qui relayait des témoignages de femmes harcelées, a raccroché les gants. “Parce que témoigner ne suffit plus”. Mais aussi parce que pour les féministes, l’activisme est un combat éreintant, ainsi qu’en témoignent les centaines de propos rassemblés sous #PayeTonBurnoutMilitant.


C’est le 11 juillet dernier que le hashtag a commencé à faire parler de lui sur Twitter. En cause, ainsi que le rapporte Glamour, l’annonce de l’association Féministes contre le cyberharcèlement que désormais, elle cesserait d’accompagner les victimes. En cause, l’épuisement des 5 bénévoles de l’association, contraintes de porter celle-ci et les victimes à bout de bras faute de soutien logistique et financier de la part du gouvernement français. Et de souligner au passage que “les temps sont propices à l’épuisement militant et nous ne sommes pas épargnées”.

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“L’épuisement militant”? Un burnout dont sont victimes de plus en plus d’activistes, et dont l’origine est double: le découragement face à l’absence de moyens dégagés pour les aider dans leur combat, et la fragilisation psychologique, à force d’accumuler les témoignages de souffrance, mais aussi de devoir faire face continuellement à un barrage d’insultes et de harcèlement en ligne. À la clef, donc: #paytetonburnoutmilitant. Un hashtag rassembleur, aux allures de poing levé virtuel, sous la bannière duquel des centaines de féministes sont venue témoigner depuis jeudi dernier.

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https://twitter.com/PayeTaShnek/status/1149334346597355521

https://twitter.com/ndellapaye/status/1149420718234492930

Fil rouge de ces témoignages: un sentiment de désespoir profond face à l’ampleur de la tâche (“comme vouloir renverser une montagne avec un cure-dent”), l’impact de celle-ci sur la santé mentale de celles qui s’y attèlent, et pour quel résultat au fond? Et une utilisatrice, Noémie, de souligner que “ton entourage te demande d’arrêter de parler des violences que tu as subies, que tu vois ou que tu as lu “parce que c’est trop dur”. Garde ta colère pour toi ma biche, parce que là tu plombes l’ambiance”, tandis que Ndella Paye de souligner une contradiction inhérente à notre société actuelle.

C’est épuisant de voir que les gens s’indignent souvent plus de la manière dont on répond face aux violences que des violences elles-mêmes”.


Résultat, parce qu’il est impossible d’aider les autres si on va mal soi-même, elles sont de plus en plus à abandonner la lutte, ou du moins à choisir de la mener seule, en privé, plutôt que de s’exposer à la rudesse de le faire en public. Au moment de raccrocher les gants, Anaïs Bourdet, fondatrice de Paye Ta Shnek, faisait cet amer constat: “je suis incapable de vous dire aujourd’hui que les violences contre lesquelles je lutte depuis sept ans ont reculé. Et donc, je ne suis plus en mesure de dire aux femmes que si on prend la parole massivement ensemble, on fera bouger les choses”.

https://twitter.com/PayeTaShnek/status/1149335139924742146

Une position fataliste, et compréhensible, mais qui ne serait pas tout à fait vraie, et pour le prouver, la lueur d’espoir pourrait venir de Belgique. Harcelée à coup de commentaires haineux, injurieux et sexistes suite à son article sur Stéphane Pauwels, la journaliste du Vif Rosanne Mathot a en effet pu compter sur un formidable élan de soutien sur les réseaux sociaux. Résultat? Certains commentateurs qui s’en étaient pris à elle ont présenté des excuses publiques, et l’animateur déchu de RTL a lui aussi offert un semblant de repentir. Rappel, si besoin en est, que l’union fait la force, pour combattre les injustices et lutter contre le burnout militant au passage.

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