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@Mardi Editions

Cette marque belge crée des accessoires avec les chutes de tissus de ses productions

Camille Hanot
Camille Hanot Journaliste

Sac banane, housse d’ordinateur, trousse de maquillage, chouchou, cabas… La marque belge Mardi Editions sort une gamme d’accessoires fabriquée à partir des chutes de tissus provenant de la production de ses précédentes collections.

Créé par la bruxelloise de 28 ans, Marie Smits, Mardi Editions est une marque belge, engagée et durable. Dès ses débuts, la créatrice bouscule les codes de la mode en proposant : des matières naturelles, une production en circuit court, pas de rythme de saison, des éditions limitées, des basiques revisités, des coupes pour tous les âges…

Dernièrement, celle qui a ouvert une boutique à Bruxelles, a lancé une gamme d’accessoires. Celle-ci est créée à partir des chutes de tissus provenant de la production des différentes éditions. Au programme ? Sac banane, housse d’ordinateur, trousse de maquillage, pochette, porte-clé, chouchou, cabas,... Les pièces sont disponibles à la boutique au 15 rue du Page et sur l’e-shop de Mardi Editions.

Il y a quelques mois, nous avions rencontré Marie Smits. Interview.

Être une marque engagée, qu’est-ce que ça veut dire ?

Cela veut dire que je m’engage par des actions concrètes à minimiser l’impact de Mardi sur l’environnement. Par exemples : j’utilise uniquement des matières premières naturelles sourcées en Europe. La soie vient d’Italie, la laine d’Angleterre. Les pièces sont imaginées à Bruxelles. Elles sont assemblées dans un atelier familial au Portugal avec lequel je partage les mêmes valeurs. Je crée des vêtements en séries limitées à partir de stock de tissus inutilisés. C’est une contrainte, car à l’inverse du schéma classique, je dois m’adapter aux tissus que je déniche. Ce procédé me permet par contre de donner vie à du textile « dormant » et surtout à ne pas surproduire. Enfin, je travaille sous forme de capsules et non selon des collections rythmées par les saisons qui obligent à produire beaucoup, solder et puis reproduire et puis resolder…

Quel est l’identité du vestiaire Mardi?

Toujours dans une logique durable, je crée des basiques qui peuvent être portés toute l’année, toute une vie et par toutes les femmes. Je souhaite offrir un vestiaire de pièces intemporelles qui ont un petit détail qui les rendent uniques. Une robe Mardi conviendra autant à un mariage en juillet avec des talons qu’à une journée de boulot en novembre avec des baskets. Une veste Mardi plaira aussi bien à une jeune fille de 18 ans qu’à une femme de 70 ans. C’est l’avantage avec les basiques. Tout le monde peut se les approprier selon son style et son âge. Exactement comme il n’y a pas de saisons chez Mardi, il n’y a pas de frontières !

Comment en vient-on à lancer sa marque de mode et devenir entrepreneuse ?

Je n’ai pas le profil classique de l’entrepreneuse pour lancer une marque de mode, bien que j’observe qu’aujourd’hui, nous sommes de plus en plus à suivre un schéma non conventionnel. Je n’ai pas fait d’études de stylisme mais de gestion. J’ai par contre toujours été passionnée par l’art, l’architecture, les défilés, le stylisme… A la fin de mon cursus, j’ai été engagée dans un grand groupe de beauté. J’ai ensuite eu l’opportunité d’intégrer l’équipe de Clio Goldbrenner qui était aux prémices de sa marque. Après avoir participé pendant 5 ans au développement de Clio et avoir occupé un poste dans à peu près toutes les fonctions, je me suis demandé si ce n’était pas le moment d’appliquer, de concrétiser tout ce que j’avais appris dans un projet personnel. Ensuite, j’en ai parlé à mon entourage, je l’ai répété 1, 2, 3 fois et à un moment je me suis retrouvée coincée à l’avoir trop dit (rire) et j’ai décidé de me lancer !

Lancer une marque engagée était une évidence ?

Oui. Cela n’a même pas été une question à vrai dire. Je suis née au début des années 90, l’engagement éthique et les questions environnementales font partie des valeurs que l’on m’a inculquées dès l’enfance aussi bien à l’école qu’à la maison. Je suis cette génération biberonnée aux préoccupations écologiques. Ça coulait de source que le jour où je lancerai une marque peu importe soit-elle, elle serait engagée et écoresponsable. Mais au-delà de mon éducation, il me semble logique actuellement que si on crée une marque en 2020, elle soit durable ! L’inverse ne devrait même pas être envisageable. Qui peut penser un instant proposer à notre époque un label de vêtements en polyester produit en Chine… C’est d’ailleurs pour toutes ces raisons que je n’aime pas particulièrement insister sur le caractère écoresponsable de Mardi. En 2020, la durabilité ne devrait plus être un argument marketing…

Mais ne permet-il pas de justifier les prix auprès des client•e•s ?

Rééduquer les gens au juste prix est un vrai défi aujourd’hui. J’essaye d’être la plus éthique, la plus juste possible quand je fixe un prix.  C’est la raison pour laquelle j’ai par exemple décidé de supprimer tous les intermédiaires et d’être la seule à vendre ma marque. Mais même avec la meilleure volonté du monde, une robe 100% soie ne peut pas coûter 50 euros. Tout comme à l’opposé, une robe 100% polyester ne peut pas coûter 400 euros, peu importe le label qui la vend... Aujourd’hui, entre les prix de la fast-fashion et du premium, on a complètement perdu le consommateur. Un client ne sait plus ce que vaut vraiment un vêtement. C’est un véritable challenge que de le lui réapprendre.

Quelles sont les pièces que l’on devrait toutes avoir dans sa garde-robe ?

Une super belle chemise blanche bien coupée, un pantalon droit noir ou gris qui remplace le traditionnel jean et que l’on peut porter tous les jours avec des baskets. On devrait aussi posséder une chouette combinaison noire que l’on peut mettre aussi bien en journée, en soirée, en été ou en hiver ! Je suis également fan des tailleurs qui sont indémodables et peuvent à la fois être habillés, féminins ou au contraire décontractés.

Vos conseils pour consommer plus éthique ?

Pour commencer, je dirais qu’il faut réduire sa garde-robe et ne conserver que des pièces qui ont une durée dans le temps. À la place d’acheter des vêtements hyper mode qui ne passeront pas une saison, mieux vaut choisir des basiques et s’amuser à les mixer. C’est la base d’un dressing durable. Ensuite, je conseillerais d’investir dans des bonnes matières qui seront sur le long terme pérennes. Mais il y a un réel travail d’éducation à faire aussi de ce côté-là. Ensuite, si on en a envie, je dirais de se tourner vers le seconde-main ou la location. Ce sont deux façons de consommer qui pourraient arriver chez Mardi d’ailleurs…

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