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Un enfant peut-il se radicaliser dès la maternelle?

Barbara Wesoly

C’est la question qui se pose après qu’une école de Flandre-Orientale se soit inquiétée de signes de radicalisation chez certains de ses élèves âgés de 3 à 6 ans. Des menaces de mort, des insultes et des rituels religieux ont même été évoqués.


À l’âge où l’on apprend à compter jusqu’à 20 ou à utiliser une paire de ciseaux, auquel on découvre comme écrire son nom et dessiner des animaux, est-on tout aussi capable de développer sa foi et ses croyances? Ou joue-t-on à la guerre sainte dans la cour de récré comme on le ferait des indiens contre les cowboys? Les évènements rapportés au sein de l’établissement Scholengroep 21, situé à Renaix amènent dans leur sillage une foule d’interrogation autant qu’ils créent la stupéfaction.

 

Calmer la polémique


Dans un rapport entourant un projet autour de la radicalisation mis en place par l’école et révélé par le quotidien flamand Het Laatste Nieuws, des enseignants témoignent de cas de petits élèves pratiquant des gestes d’égorgement ou des menaces de mort à l’égard de non-croyants ou les traitant de cochons. Des bambins qui réciteraient aussi des versets du Coran pendant la récréation, refuseraient de tenir la main d’enseignants ou d’autres élèves, ne viendraient pas en classe le vendredi pour raisons religieuses et même le cas d’une fillette racontant avoir un futur mari vivant au Maroc. Dès leur divulgation, l’école a souhaité tempérer ces révélations, son directeur Dirk Moulart parlant de “tempête dans un verre d’eau” et regrettant le manque de discrétion quant à un rapport censé demeurer en interne et ne “touchant pas plus de 1 % du nombre total d’enfants”.

Un projet autour de la radicalisation a commencé à la fin de l’année scolaire au sein de l’école. Le document a été préparé sur la base de témoignages de quatre enseignants et de leurs expériences ces dernières années. Il concerne six enfants de trois familles connues par la police de Renaix.


Le chef de l’établissement estime également que les enfants “disent souvent des choses qu’ils ne comprennent pas tout à fait et répètent ce qu’ils ont entendu à la maison ou ailleurs.”

 

Leurs craintes ou les nôtres?


Difficile de démêler le jeu du véritable danger, et surtout la part de réflexion personnelle à une période de leur vie où certains bambins peinent encore à s’exprimer correctement et où tous ont un grand degré de mimétisme et d’imitation, de leurs parents, frères et sœurs, camarades d’école, comme de la télévision et des livres. Mais, plus encore que les actes en eux-mêmes, ces évènements trahissent notre degré de peur face à un phénomène que nous peinons à comprendre et à anticiper. À l’impossibilité de savoir avec exactitude quand un jeune bascule de la révolte vers le radicalisme. Et quand les mots extrêmes cèdent la place au pire. Mais faut-il pour autant priver les plus petits de leur droit à dire avec insouciance? En créant un projet autour de la radicalisation en maternelle, les enseignants ne confondent-ils pas cause et conséquence, les mots de ces petits bouts n’étant peut-être que leur manière d’exprimer leur angoisse face à ce monde à l’actualité ultraviolente dans lequel ils évoluent malgré eux? Et ne risquent-ils pas d’y perdre le seul lieu qui ne leur appartient qu’à eux, celui de l’école?

La petite souris, les marelles et l’innocence n’ont jamais semblé si loin.

 

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