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Pourquoi le tract d’Ecolo sur le voile passe (très) mal

Kathleen Wuyard

En distribuant un tract électoral portant sur les libertés de culte et le port du foulard, la locale Ecolo de Saint-Josse a créé une polémique d’ampleur nationale. C’est que venant d’un parti qui se positionne comme le compas moral de la politique belge, cette gaffe passe particulièrement mal.


Imprimé sur le vert emblématique du parti écologique, le tract pourrait pourtant avoir été rédigé par leurs ennemis de la N-VA, voire pire, de l’extrême droite. Ces deux partis n’aiment en effet rien tant qu’inonder la population belge de brochures populistes à souhaits, qui confrontent leurs opinions à celles des autres partis sur des sujets qui divisent. Notamment, la liberté de culte, et plus précisément (car c’est surtout ça qui divise l’opinion publique, ne nous voilons pas la face) le port du voile islamique. Réductrices, démagogiques et populistes, les questions du tract mettent mal à l’aise.

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Non content d’interroger sur le port du foulard à l’école et dans les administrations ou encore le maintien du cours de religion et de morale dans l’enseignement officiel, le tract classe également les partis selon qu’ils répondent “oui” ou “non” à ces questions. On croit à une mauvaise blague, un peu comme la vidéo diffusée par le MR au sujet de la prétendue position d’Ecolo sur la viande, mais non, le papier a bien été distribué par Ecolo à Saint-Josse, et décidément, cette campagne électorale ne fait plus rire personne.

Une gaffe qui passe mal


Dès la diffusion du tract, c’est l’emballement sur les réseaux. Il faut dire qu’Ecolo est une cible facile: en se positionnant en “chevalier blanc” de la politique belge, le parti s’expose à une bordée de critiques dès qu’il a le malheur de faire un pas de travers. Et tant pis si, comme c’est le cas ici, il s’agit d’une maladresse d’une antenne locale, qui n’a pas été validée par Ecolo Bruxelles, et ne l’aurait d’ailleurs probablement pas été si une permission de diffusion avait été demandée.

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En trempant malencontreusement le doigt dans le communautarisme, c’est toute la marmite que la locale d’Ecolo a fait déborder, et ça dégouline partout.

Celui qui le dit qui l’est ?


Premièrement, donc, parce que les Verts sont d’ordinaire les premiers à s’opposer au communautarisme, et à monter au créneau quand un de leurs opposants politiques rentre dans le débat. Et pourtant, sa position sur le sujet est mise à mal depuis quelques années: en 2017 déjà, la conseillère communale bruxelloise Marie Nagy, qui a depuis quitté Ecolo pour DéFi, signait une carte blanche où elle s’inquiétait de l’évolution des Verts.

L’évolution de mon groupe politique local m’inquiète. Sa position sur la neutralité et la laïcité dans les institutions prend une orientation qui ne me paraît pas être conforme aux valeurs défendues par Ecolo en vue de rendre possible le «vivre ensemble» dans le respect d’un socle commun.

Pierre, papier, ciseaux


Outre ces considérations, ce qui pose question (et dérange bon nombre d’électeurs Ecolo), c’est le choix des priorités du parti. La planète va (très) mal, on n’a de cesse de nous le répéter, il est urgent d’agir pour le climat, on n’en attend pas moins du parti “écologique”, et pourtant, c’est sur le port du voile et les cours de religion que ce bout de papier choisit de se concentrer. Passons également sur le fait que distribuer des bouts de papiers voués à être jetés, justement, ce n’est déjà pas excellent niveau écologie, mais alors, pour faire passer ce message là...

https://twitter.com/ZakiaKhattabi/status/1128681279241715712

En pleine tourmente depuis la diffusion du tract incriminé, le parti n’a de cesse de se défendre et les tweets de ses huiles se multiplient sur les réseaux. Parmi eux, on ne retiendra peut-être que celui de Zakia Khattabi, la co-présidente d’Ecolo, tout en finesse et sans apitoiement. Pendant ce temps, à Koekelberg, les élus Groen ne distribuent pas de tracts au relents populistes, mais choisissent plutôt de lever le voile sur une problématique qu’on ne peut plus ignorer: la commune est devenue la première de Belgique à déclarer l’urgence climatique. Et ça, c’est un (très) bon exemple à suivre.

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