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Pourquoi l’arrestation de journalistes de la RTBF est une honte nationale

Kathleen Wuyard

Ce mercredi, des militants du collectif #NotInMyName qui menaient une action au centre fermé pour demandeurs d’asiles de Steenokkerzeel ont été arrêtés. Et dans la foulée, la police a également interpellé deux journalistes de la RTBF et leurs trois techniciens qui couvraient l’événement. Plus qu’un dérapage, une véritable honte nationale.


Entre ceux qui visent leur propre population avec des attaques chimiques et ceux qui bouclent les frontières et menacent la planète d’attaques nucléaires, les tyrans se suivent et ne se ressemblent pas. Mais tous les régimes totalitaires, eux, sont fondés sur les mêmes horribles piliers. Parmi lesquels des muselés, manipulés, intimidés et une liberté de la presse tout simplement inexistante. En Belgique, heureusement, on est une démocratie, et ce genre de scénario catastrophe n’a pas sa place. D’ailleurs, c’est bien simple, chez nous, la liberté de presse est protégée depuis 2 siècles grâce à la Constitution de 1831. Honneur suprême, notre petit royaume est dans le top 10 mondial des pays où la presse est la plus libre, à la septième place pour être exact. Une position qui risque de dégringoler après les événements de ce mercredi.

Arrêtés sans avertissement


Ils s’appellent Himad Messoudi et Julien Vlassenbroek, ainsi que leurs trois techniciens Marc Florent, Guy Talin et Jérémy Boisseau. Journalistes ou techniciens au sein de la RTBF, ils couvraient une action militante au centre fermé de Steenokkerzeel. Parce que dans une démocratie, le peuple a le droit de manifester son mécontentement, et la presse a non seulement le droit mais aussi le devoir d’en parler. Sauf quand on l’en empêche, comme c’est arrivé hier, lorsque Julien, Himad, Marc, Guy et Jérémy ont été arrêtés sans prévenir.


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Motif officiel: arrestation administrative. Mais il est difficile de ne pas voir dans cette arrestation le reflet d’un gouvernement qui repousse sans cesse les limites de l’acceptable, et fait preuve d’un mépris flagrant envers la presse. Ainsi, pour le Secrétaire d’état Theo Francken, les journalistes francophones sont tous des “bobos de gauche”. Au Nord du pays, en 2016, des repérages téléphoniques dans le portable d’un journaliste de la VRT. L’année dernière, le gouvernement est allé plus loin en proposant un avant-projet de loi qui affaiblirait la protection des sources journalistiques, pilier crucial de la profession et de la liberté de l’exercer. Et puis ce mercredi, l’équipe de la RTBF a été arrêtée.

Entrave grave à la liberté d’information


Bien sûr, chez Flair, en tant que magazine, toutes les informations touchant au monde des médias nous touchent tout particulièrement. Mais ici, il ne s’agit pas simplement d’une levée de bouclier dans la profession mais bien d’une indignation générale d’utilité publique. Parce qu’on commence par s’attaquer à la presse, et puis quand on s’est bien assuré que les informations seraient filtrées, on s’attaque au reste. Heureusement, les réactions ne se sont pas faites attendre, à l’image de celle de Jean-Pierre Jacqmin, directeur de l’information à la RTBF.

Il s’agit d’une entrave grave et exceptionnelle à la liberté d’information. Cette arrestation administrative abusive a empêché la RTBF d’informer son public sur un événement d’intérêt général qui se déroulait à la mi-journée. Les journalistes ont fait leur travail avec professionnalisme. La RTBF envisagera avec ses avocats les recours à mettre en oeuvre.


Du côté du gouvernement aussi, on a réagi, même si les réactions sont nettement plus mitigées. Ainsi, Charles Michel rappelle que la Belgique est un Etat de droit, mais en profite tout de même pour souligner que les policiers ne faisaient au fond que leur travail.


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Sauf que s’il faut en croire le témoignage des journalistes arrêtés, il s’agirait clairement d’excès de zèle.

Nous avons simplement filmé ce qui se passait. La police nous a empêché de faire notre travail. On nous a pris notre matériel, même nos téléphones ont été confisqués.


Parce que oui, en Belgique, en 2018, on ordonne aux journalistes d’arrêter de filmer, et on ne se contente pas de leur confisquer leur caméra, on les prive de tout moyen de communication en prime. En Belgique, en 2018, on fait la une sur l’infamie US de mettre des enfants de migrants en cage, mais en parallèle, on accuse des personnes qui ont aidé des migrants sur le sol belge de traite d’êtres humains. En Belgique, en 2018, des enfants meurent d’une balle dans la tête, et leurs parents sont blâmés. La Belgique de 2018 fait peur, et la seule manière de montrer que ce pays-là, on n’en veut pas, c’est de s’indigner. #NotInOurName, jamais.

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