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Le SIDA touche hommes et femmes à égalité, mais la recherche oublie ces dernières

Kathleen Wuyard

On connaissait le sexisme ordinaire, le machisme, le plafond de verre. On apprend désormais que dans le domaine de la recherche scientifique aussi, les femmes sont discriminées: alors qu’elles constituent 50% des malades du SIDA dans le monde, les recherches se font majoritairement sur des hommes.


Un simple détail, afin de trouver un traitement qui bénéficiera à tout le monde? Ce n’est pas si simple que ça. Ainsi que le rappelle le New York Times, qui a consacré un reportage à cette dangereuse problématique, hommes et femmes ne réagissent pas forcément de la même manière au traitement. Or, dans certaines régions d’Afrique et d’Amérique du Sud, ce sont principalement les nouvelles infections chez les jeunes femmes qui contribuent à entretenir l’épidémie. Autant dire qu’inclure ces dernières dans les essais cliniques visant à trouver un traitement est donc de la plus haute importance.

Inégaux face à la recherche


Comme le rappelle Monica Ghandi, professeur de médecine à l’Université de Californie,

Il existe toutes sortes de différences entre les hommes et les femmes, probablement en partie des effets hormonaux.


Et pourtant, les femmes restent les grandes absentes des recherches visant à traiter (et à long terme, éradiquer) le SIDA: elles ne représenteraient que 11% des participants aux essais pour les traitements, et 38% seulement des essais pour les vaccins. La faute au sexisme des scientifiques? Encore une fois, c’est plus compliqué que ça: il faut également prendre en compte la difficulté pour de nombreuses femmes séropositives (par exemple, les mères célibataires) de libérer du temps pour participer aux essais cliniques, ainsi que la méfiance persistante de la communauté Afro-américaine envers la recherche médicale. Il n’y a pas si longtemps encore, les Noirs américains servaient en effet de cobayes malgré eux, à l’image d’Henrietta Lacks, morte d’un cancer à développement ultra rapide à Baltimore en 1951, et dont les cellules cancéreuses, recueillies sans l’autorisation de sa famille, ont permis nombre d’avancés scientifiques, du vaccin contre la poliomyélite à la thérapie génique.

Guerre des sexes


Des avancées scientifiques incroyables dont les retombées n’ont jamais bénéficié à la famille d’Henrietta. Reste qu’entre la méfiance légitime de la communauté afro US, la complexité pour certaines femmes de se rendre disponibles et la tendance des scientifiques à préférer recruter des cobayes hommes (les règles régissant les études étant alors moins strictes que sur des femmes en âge de procréer), un problème épineux se pose dans la lutte contre le SIDA: vers un traitement, mais uniquement valide pour les hommes? Sachant que sur les 35 millions de malades vivant avec le SIDA dans le monde, la moitié sont des femmes, l’injustice serait de taille.

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