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Le Parquet du Brabant wallon fait le point sur les ““visites médicales”” virtuelles qui ont piégé des ados de la région

Kathleen Wuyard

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le paisible Brabant Wallon: un pervers y sévirait actuellement, tentant de pousser des ados à se déshabiller sous couvert de “visite médicale virtuelle”. Deux d’entre elles ont alerté la police, qui a prévenu les écoles concernées, dont le Collège Cardinal Mercier.


L’arnaque aurait presque pu être bien rodée si elle n’avait pas été mise en place de manière amatrice sur les réseaux sociaux, ciblant qui plus est un public d’adolescents ultra connectés (et ultra informés), et donc aussi bien moins naïfs qu’ont parfois pu l’être ceux des générations précédentes. Ainsi que l’expliquent le préfet et les directions des écoles secondaires du Collège Cardinal Mercier dans un courrier adressé aux parents et aux élèves, le stratagème du pervers se présente comme suit:

Via les réseaux sociaux, un individu prétend que l’inscription à l’école est conditionnée par une visite médicale virtuelle puisque les autres visites sont annulées. Il demande aux jeunes d’allumer leur ordinateur et la caméra fixée sur celui-ci et de répondre à quelques questions. Vient ensuite l’auscultation où il observe le visage, les yeux, les oreilles... Puis la poitrine et le sexe”.


Et de souligner que “l’entretien tourne parfois court, parce que les jeunes filles se rendent compte de la perversité de ce qui leur est demandé, mais d’autres obtempèrent sans trop de réaction”. Deux d’entre elles auraient d’ailleurs alerté la police de Braine-l’Alleud, qui précise que les jeunes filles visées par le cyber-pervers auraient entre 13 et 16 ans.

“Un phénomène très alarmant”


Du côté de la zone de police de Braine-l’Alleud, on renvoie vers le Procureur du Roi du Brabant Wallon et son magistrat presse, Madame Raes, en charge de faire face au barrage de questions déclenché par l’affaire. D’emblée, cette dernière coupe court aux questions sur l’éventuelle arrestation d’un suspect: l’enquête vient à peine de commencer et il est bien trop tôt pour en parler, même si la magistrate accepte de détailler le stratagème mis au point pour duper les adolescentes.

L’individu se présente comme un médecin scolaire et informe les adolescentes qu’elles ne pourront pas se réinscrire dans leur établissement scolaire si elles ne se soumettent pas à la visite médicale qu’elles ont ratée. Il fait pression sur la victime pour qu’elle accepte de se soumettre à ce pseudo-examen, et cette dernière est alors redirigée vers une plateforme de vidéo-conférence où l’individu demande d’abord à observer les parties visibles du corps, puis les parties intimes”.


Et si la lettre adressée aux parents et élèves du Collège Cardinal Mercier a fait grand bruit sur les réseaux sociaux, la magistrate souligne ne pas pouvoir indiquer de quels établissements viennent les jeunes filles qui ont porté plainte, soulignant toutefois que la zone de police de Braine-l’Alleud a pris la décision d’informer tous les établissements scolaires de l’entité dès la première plainte. “Actuellement, le Parquet et les enquêteurs sont en train de récolter tous les indices et éléments qui permettront d’identifier la personne qui se fait passer pour ce faux médecin” ajoute encore Magali Raes, qui précise qu’une fois appréhendé, le suspect pourrait s’exposer à de lourdes peines.

Si on se base sur la théorie, il y a possiblement plusieurs infractions: incitation à la débauche de mineurs, attentat à la pudeur et si ce qui est demandé à la victime va au-delà du fait d’exhiber des parties intimes, mais demande aussi de poser certains gestes, on peut aller jusqu’à retenir le viol. En plus ici via les infos données sur la manière dont le contact est pris et la pression est mise, il y a aussi des menaces le cas échéant”.


“Ce n’est pas exhaustif, parce que la problématique est très vaste, mais ce qui est certain c’est que la personne ne va pas s’en sortir avec tape sur doigts, l’affaire est prise très au sérieux, c’est un phénomène très alarmant” met en garde la magistrate.

La plus grande prudence


Malheureusement, malgré plusieurs tentatives, il ne nous a pas été possible d’avoir un contact avec la direction de divers collèges du BW, dont les secrétariats sont pour la plupart fermés ce mercredi après-midi. Interviewé par la RTBF, Christophe Butstraen, préfet pour les trois écoles secondaires du Collège mais aussi conférencier spécialisé dans les risques d’Internet pour les jeunes, avouait pour sa part être “toujours étonné de la candeur et de la naïveté des élèves malgré la multiplicité des mises en garde sur les dangers d’internet et des réseaux sociaux”. Et d’inviter les élèves, conjointement avec les directeurs des établissements, à faire preuve de la plus grande prudence sur les réseaux sociaux.

Vous ou votre ado avez été confronté à une approche semblable sur les réseaux sociaux? Prenez contact avec la police de Braine-l’Alleud au 02 389 44 00. Vous avez reçu un message suspect ? Envoyez-le à l’adresse suspect@safeonweb.be et supprimez-le ensuite. 

Bon à savoir pour les parents (ou les ados qui voudraient s’éduquer): betternet.be rassemble un catalogue d’outils, de vidéos et de campagnes de sensibilisation proposés par des organisations belges dans un objectif d’éducation ou de prévention des ados et des enfants pour un meilleur internet. Via son portail Clicksafe, Child Focus met en place outils et mécanismes pour promouvoir l’utilisation la plus sûre possible d’Internet par les enfants et les adolescents.

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