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© Young Muslim woman in hijab stands in her home

Imane Boun, l’étudiante voilée devenue symbole de l’islamophobie

Kathleen Wuyard

À la base, Imane Boun, étudiante en communication de 21 ans, voulait simplement partager recettes et bons plans étudiants sur Instagram. Sauf que son succès lui a valu un reportage de BFMTV, et ce dernier, une critique d’une journaliste offusquée qu’on mette une femme voilée en avant le 11 septembre. Devenue malgré elle symbole de l’islamophobie, la jeune femme garde la tête froide (et l’appétit).


C’est le genre de succession d’événements qui dévoile à quel point l’islamophobie reste présente dans nos sociétés occidentales, qui veulent le plus souvent cacher à tout prix ce voile qu’elles ne sauraient voir. Imane Boune, 21 ans, partage recettes, astuces étudiantes et bons plans dèche à ses 132 000 abonnés sur Instagram. Face au succès de son compte, “Ministère des 18m carrés”, BFMTV décide de lui consacrer un reportage. Le 11 septembre. Ca aurait pu être diffusé le 9 et le 12 et passer inaperçu, mais voilà, il y a 19 ans, des terroristes ont envoyé des avions dans les tours du World Trade Center, assassinant des milliers d’innocents, et bien que cet événement puisse a priori sembler très éloigné de la cuisine d’une jeune étudiante française, pour Judith Waintraub, journaliste au Figaro, c’est inadmissible: dans un tweet, liké plus de 2 400 fois, elle partage la vidéo, avec, en légende, “11 septembre”. Comprenez, ainsi que les milliers de commentaires le clarifient d’emblée: “mais comment peut-on donc partager un reportage sur une jeune femme voilée le jour où on honore la mémoire de milliers de victimes du terrorisme”. Ah ben oui, parce que toutes les femmes voilées sont terroristes, c’est bien connu non? Non, justement. Et rapidement, la polémique enfle.

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La journaliste cible de menaces de mort


Si, rapidement, en commentaire de son tweet, Judith Waintraub assure vouloir éviter l’amalgame, dénonçant “une idéologie mortifère dont le voilement des femmes est un combat, oui. Assimilation de cette jeune femme à une terroriste, non”, le mal est fait, et la journaliste, qui se décrit comme “libérale, résolument et républicaine, absolument”, reçoit rapidement des menaces d’une extrême violence, certains allant jusqu’à lui promettre un sort similaire à celui de l’équipe de Charlie Hebdo.

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Et si, face à la vague de violence déversée sur Judith Waintraub, qui n’a pas supprimé son tweet pour autant, la Société des Journalistes a rappelé que “la liberté d’expression ne se négocie pas”, pas question pour Imane Boun non plus de rester silencieuse face à la polémique au coeur de laquelle elle s’est retrouvée bien malgré elle, le tweet de la journaliste faisant d’elle la cible de menaces et insultes islamophobes.

Imane Boun, “paix et amour”


Dans une story affichée à la Une sur son compte Instagram, l’étudiante a choisi de réagir, en commençant par remercier tous ceux qui lui ont apporté soutien, bonnes vibes, prières et amour. “J’ai l’impression d’être dans une bulle de bienveillance qui me protège de tout ça, c’est vraiment la seule chose que je veux retenir, même si c’est pas facile, que c’est injuste et que ça semble interminable” poursuit Imane.

Je n’ai pas de temps ni d’énergie à accorder à ces personnes cruelles, je suis trop occupée à réussir ma vie et à aimer mes proches (...) Je me suis retrouvée chez moi seule face à cette haine, à des kilomètres de ma famille après une longue semaine d’école, j’aurais pu faire le pire, ces gens n’ont aucune humanité”. – Imane Boun


Ajoutant, défiante, qu’elle a un mental d’acier, qui l’empêche de vaciller ou de trembler, Imane adresse encore un message d’encouragement à ceux et celles qui la lisent: “vous ne m’avez jamais réduit à ce que je porte sur la tête, tout en respectant mes convictions. S’il vous plaît, ne remettez jamais en question vos rêves ou vos ambitions à cause de ce genre de discours haineux, raciste et rétrograde”. Et tant que vous y êtes, ne manquez pas de suivre l’Insta d’Imane: des recettes majoritairement végétariennes, avec un budget courses de 60€ par mois seulement, on dit “oui” et on en redemande.

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