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#HijabisFightBack dévoile la détermination des belges musulmanes

Kathleen Wuyard

Alors que la Cour Constitutionnelle a récemment confirmé que la Haute Ecole Francisco Ferrer avait le droit d’interdire le port du voile (et autres signes religieux) à ses élèves, les musulmanes belges en ont marre et les #HijabisFightBack. Un hashtag qui résonne comme un cri de dénonciation des discriminations islamophobes qui persistent en Belgique aujourd’hui, et qui trouve un écho tout particulier en ces semaines mouvementées.


2020 va d’office entrer dans les annales et dans les livres d’Histoire comme l’année du Grand Confinement, déjà. Mais aussi peut-être comme celle où la lutte contre les discriminations en tout genre aura enfin vécu? Alors que des Etats-Unis nous vient ces dernières semaines un formidable élan de soutien au mouvement Black Lives Matter, chez nous, les musulmanes ont lancé un hashtag pour rappeler leurs droits et clamer leur ras-le-bol qu’ils soient bafoués.

C’est que niveau “racisme bienveillant” et préjugés déguisés, celles qui portent le hijab sont servies. Dans un pays où l’inégalité des sexes n’est toujours pas acquise, elles sont doublement discriminées car femmes et racisées, et infantilisées par des activistes et des règlements “bienveillants” qui partent du principe que le voile est une contrainte dont il faut libérer celles qui le portent. En commençant par l’interdire dans l’espace public, sous couvert d’interdire les symboles religieux. Sauf qu’il y a fort peu de chances qu’on demande à Marie-Astrid de sortir d’un cours ou qu’on lui refuse un travail parce qu’elle porte une petite croix catholique autour du cou.

Alors les musulmanes de Belgique en ont marre, et elles le disent notamment dans une vidéo percutante diffusée sur la page du collectif Imazi Reine.

https://www.facebook.com/Imazi.Reine/videos/554340745456114/

 

Lire aussi: Cette blogueuse voilée rhabille les préjugés sur le hijab

Les principales intéressées pas consultées


Face caméra, des jeunes filles voilées reviennent d’abord sur la décision de la Cour constitutionnelle, qui a jugé le 4 juin dernier que l’interdiction de symboles religieux dans un établissement d’enseignement ne constitue ni une violation de la liberté de religion, ni une violation du droit à la liberté humaine.

Donc encore une fois, on restreint l’accès aux études aux femmes qui portent le foulard et encore une fois, on prend une décision qui nous concerne spécifiquement et exclusivement, sans prendre nos réalités en compte”.


Des réalités dont les “hijabis” belges sont bien décidées à parler. Dénonçant des réglementations sexistes et islamophobes et des répercussions réelles sur leurs choix et leurs vies, les protagonistes de la vidéo soulignent vouloir “tout simplement donner la parole aux concernées” avec le mouvement #HijabisFightBack. Parce que “ces législations ont des conséquences concrètes et néfastes sur la vie de milliers de femmes, qui se voient refuser une éducation et certains emplois”.



HijabisFightBack – Photo #ShowUs de Dove et Getty Images


En février 2019, au moment de la sortie du (très controversé) hijab de sport de Décathlon, l’argument d’oppression avait déjà été avancé par les militantes musulmanes. Pas l’oppression perçue par l’oeil occidental, qui voit le voile islamique comme un carcan, mais bien celle vécue au quotidien par les musulmanes, qu’on oblige à se dévoiler en public, et tant pis si cela les prive de sortie au passage. À l’époque, le collectif féministe Les Effrontées était monté au créneau, fustigeant une “énième polémique qui consiste à dénoncer la possibilité pour les femmes voilées d’avoir une vie normale”.

Nous trouvons infiniment louche de ne condamner, parmi les milliers d’articles de mode produits, que le hijab. Ce climat raciste, tenons-nous le pour dit, ne conduit qu’à la discrimination et aux violences à l’encontre des femmes qui portent un voile”.


Lire aussi: Le problème du hijab de sport de Decathlon? L’hypocrisie envers les musulmanes

Un sentiment auquel la vidéo diffusée par le collectif Imazi Reine fait écho. “On nous parle d’égalité des chances alors qu’on ne cesse de limiter nos droits de choisir, de travailler et de faire partie de la société. Tout ça crée un climat propice aux discriminations et aux violences envers les femmes qui portent le foulard” dénonce encore une des membres du rassemblement #HijabisFightBack.

Au nom d’une prétendue neutralité de la liberté, c’est toute une tranche de la population belge qu’on oppresse et qu’on limite dans ses actions”.



HijabisFightBack – Photo #ShowUs de Dove et Getty Images


Une tranche de la population qui en a marre de se taire: la vidéo diffusée cette semaine sur les réseaux sociaux n’est en effet que la première étape, une manifestation étant prévue le dimanche 5 juillet prochain à Bruxelles. Un événement qui rassemble déjà près de 2 000 participants et plus de 5 000 “intéressés” sur Facebook. Mot d’ordre? “La Belgique dans laquelle nous étudions et travaillons, dans laquelle nous nous engageons socialement dans un désir profond d’émancipation, d’instruction et d’épanouissement, devrait être une Belgique inclusive où le respect mutuel fait loi”.

Etant donné que nous ne pouvons pas compter sur nos représentants pour veiller à ce que cela devienne réalité, nous serons nous-mêmes actrices de ce changement”.


Et les organisatrices de promettre que “la lutte ne cessera pas tant que la législation et la jurisprudence belge manquera de prendre en compte les réalités des femmes musulmanes lorsque des décisions les concernant sont prises”. Soumises sous leurs voiles, les musulmanes? Un préjugé parmi tant d’autres qu’elles comptent bien combattre.

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