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Et si le scénario glaçant de Handmaid’s Tale était sur le point de devenir réalité?

Kathleen Wuyard

Avec son casting époustouflant et son esthétisme fou, The Handmaid’s Tale est la série à succès du moment. Seule ombre au tableau: son scénario commence à ressembler un peu trop à la réalité.

Dans la république de Gilead, les femmes sont mieux traitées que jamais. Ou c’est en tout cas ce qu’on essaie de leur faire croire, leur répétant à tout bout de champ qu’elles sont protégées et que leur féminité est célébrée. La vérité: les femmes sont divisées en trois catégories, les Femmes, mariées aux commandants qui dirigent la république; les Marthas, domestiques assignées aux familles, et les Handmaids aka servantes écarlates, qui ont pour mission de porter les enfants des commandants. Un scénario dystopique, qui fait froid dans le dos. D’autant que le futur que Handmaid’s Tale décrit ne semble plus forcément si lointain.

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L’Amérique perd le nord


C’est aux Etats-Unis que se situe la république de Gilead. Avant d’être une série à succès, The Handmaid’s Tale était un livre, écrit par Margaret Atwood en 1985. Et si à l’époque, les Etats-Unis avaient la réputation d’être “leader du monde libre”, et qu’il semblait complètement fou qu’une telle situation puisse s’y produire, en 2017, les choses ont bien changé. Lentement mais sûrement, les droits des femmes et des minorités sont en train de reculer. Une situation qui n’est pas sans rappeler la mise en place de la république de Gilead.

Changement progressif


Comme l’explique Defred, la protagoniste principale, “aujourd’hui, je suis consciente du monde qui m’entoure, mais avant, ma conscience était endormie. C’est comme ça qu’on a laissé la situation arriver”. Et d’ajouter:

Quand ils ont anéanti le Congrès, on ne s’est pas réveillés. Quand ils ont tout blâmé sur les terroristes et qu’ils en ont profité pour suspendre la Constitution, on ne s’est pas réveillés non plus. Ils avaient promis que ce ne serait que temporaire. La vérité, c’est que rien ne change instantanément. C’est comme une baignoire où la température augmente progressivement: avant même de s’en être rendu compte, on est mort ébouillanté.


Or justement, depuis l’élection du nouveau président, les choses changent aux Etats-Unis. De nouvelles lois passent, d’autres sont abrogées, et de manière effrayante, la religion joue un rôle tout aussi important dans ces décisions que dans la série.

A en perdre la foi


Car si dans la plupart des pays d’Europe, cela fait plusieurs siècles qu’il y a une séparation claire entre Eglise et Etat, il n’en va pas de même aux USA. Que du contraire: bien que dans les faits, la séparation Church/state ait également été mise en place aux Etats-Unis, en réalité, la religion est tellement présente dans la vie quotidienne qu’on parle de “religion civile”. Plus de 70% des Américains déclarent être chrétiens, et la devise nationale des Etats-Unis est “In God we Trust”. Une foi omniprésente qui ne fait pas bon ménage avec des concepts tels que l’avortement ou la pilule contraceptive. Dernier exemple en date: le Texas vient de faire passer une loi qui ne permettra plus aux femmes d’être couvertes par leur assurance santé en cas d’avortement.

Féminité bafouée


Une décision complètement archaïque, qui ramène les Texanes plusieurs décennies en arrière. Mais qui n’est après tout pas si étonnante, quand on sait comment les femmes sont vues par Donald Trump. Qui, pour rappel, a déjà cru bon de signaler que s’il n’était pas le père de sa fille, il “se la taperait”, voire même, d’affirmer qu’il devrait “y avoir une punition pour les femmes qui avortent”. Car après tout, les femmes, elles ne valent vraiment pas grand chose aux yeux de Donald:

Quand t’es une star, elles te laissent faire. Tu peux tout faire. Les attraper par la chatte, tout faire.


Car oui, en 2017, malheureusement, on peut tout faire subir aux femmes aux Etats-Unis. Par exemple, faire passer une loi en Arkansas qui permet aux violeurs de poursuivre leurs victimes en justice si elles veulent avorter. Et ce n’est pas le Planning Familial qui va les protéger: à sa tête depuis mai dernier, une Républicaine persuadée que l’avortement cause le cancer du sein et que la contraception ne fonctionne pas.

Casting chamboulé


Face aux ressemblances glaçantes entre l’Amérique de Donald Trump et la république de Gilead, la résistance s’organise, et les opposantes au président américain n’hésitent pas à revêtir des costumes de servantes écarlates pour l’accueillir. Et du côté du casting de la série, la résistance s’organise aussi. Plus connue pour son rôle dans Orange Is The New Black, Samira Wiley joue le rôle d’une servante écarlate qui perd peu à peu l’envie de se battre dans la série. Mais pas question pour Samira de baisser les bras dans la vie:

 

la série fait d’autant plus peur qu’elle semble un peu trop réelle au vu des événements actuels. Et si il y a bien une chose que The Handmaid’s Tale nous apprend, c’est que les changements n’arrivent pas d’un coup, et qu’il faut rester vigilant. De nos jours, on persiste à se rassurer en se disant que “ce n’est pas possible, ceci ou cela ne va jamais arriver”. C’est un leurre, et il faut rester sur ses gardes pour protéger nos libertés.


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