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En Bulgarie, le meurtre violent d’une journaliste secoue l’opinion publique

Kathleen Wuyard

Elle s’appelait Viktoria Marinova, elle avait 30 ans, et malgré son jeune âge, elle comptait parmi les journalistes les plus suivies de Bulgarie. Samedi, son corps sans vie a été retrouvé dans un parc de Ruse, au nord du pays.


C’est dans cette ville portuaire proche de la Roumanie que Viktoria Marinova animait Detector, un magazine d’investigation dédié aux questions de société et diffusé à la télévision locale, TVN Ruse. Le 30 septembre, Viktoria Marinova avait fait venir sur le plateau deux journalistes d’investigation de renom, Attila Biro et Dimitar Stoyanov, afin qu’ils dévoilent leur enquête sur des fraudes aux subventions européennes. Selon leurs recherches, une entreprise de construction de routes serait en effet impliquée dans une fraude d’envergure aux subventions, grâce notamment à l’appui d’hommes d’affaires et d’élus bulgares. Des accusations qui avaient déjà valu aux deux journalistes d’être arrêtés par la police le mois dernier.

Pour Viktoria Marinova, les conséquences ont été bien plus graves. Quelques jours seulement après la diffusion du reportage, la présentatrice a été retrouvée partiellement déshabillée dans un parc, après avoir été frappée à la tête, violée et étranglée. Ses agresseurs lui ont également dérobé son téléphone, ses lunettes et ses clefs de voiture avant d’abandonner sa dépouille. S’ils n’ont pas encore été retrouvés, la police étudie plusieurs pistes, notamment celle de la revanche après le reportage dédié à la corruption en Bulgarie. Un pays détenteur de l’honneur funeste de “pire pays européen pour la liberté de presse”. Ainsi que le dénonce Reporters Sans Frontières, les journalistes bulgares doivent faire face à “de nombreuses formes de pression et d’intimidation » et font face à des “oligarques exerçant un monopole médiatique et à des autorités soupçonnées de corruption et de liens avec le crime organisé“.

Journalistes en péril


Suite à l’assassinat de Viktoria Marinova, l’ONG a également appelé les autorités à “faire toute la lumière sur cet acte odieux”, ainsi qu’à placer les collègues de la présentatrice assassinée sous protection. Car désormais, ceux-ci craignent aussi pour leur vie, ainsi que l’a confié l’un d’eux à l’AFP, affirmant être “sous le choc, nous n’avons jamais reçu de menaces”, et soulignait que Viktoria était une journaliste “disciplinée, allant jusqu’au bout et habitée par un grand sens de la justice”. Des qualités louables, et qui peuvent pourtant s’avérer dangereuses pour les journalistes: Viktoria Marinova est en effet la troisième journaliste tuée en un an en Europe, après le reporter Jan Kuciak en Slovaquie en février et la journaliste maltaise Daphné Caruana Galizia en octobre. Trois journalistes qui ont payé leur quête d’informer de leur vie, et qui rappellent à quel point il est important de défendre la liberté de la presse.

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