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Ce qui va changer maintenant que Charles Michel a démissionné

Kathleen Wuyard

La Belgique a beau être un petit pays, c’est aussi et surtout un gigantesque casse-tête politique. Dernière complication en date: la démission de Charles Michel, présentée au Roi ce mardi après la motion de méfiance déposée par le PS et le S.PA. Une démission aux conséquences problématiques si elle est acceptée par le Roi Philippe.


Pour l’instant, le Souverain affirme en effet maintenir sa décision “en suspens”. C’est que la démission du Premier Ministre pourrait plonger à nouveau la Belgique dans un maelström dépassant grandement les frontières du politique. Cette fois, tout a commencé avec le Pacte de Marrakech, que Charles Michel a tenu à signer au nom de la Belgique malgré l’opposition de la N-VA, ce qui a poussé le parti nationaliste à claquer la porte du gouvernement. Il a donc fallu remanier celui-ci dans l’urgence, et présenter une série de mesures pour finir la législature en attendant les élections de mai prochain. Sauf que selon une coalition menée par la s-Pa et le PS et rejointe par les Verts, les explications du Premier ministre ont été trop vagues, ce qui les a poussés à signer une motion de méfiance. Une décision face à laquelle Charles Michel a tenu à se rendre chez le Roi pour présenter sa démission.

Le blocage des affaires courantes


Mais si la démission est acceptée par ce dernier, concrètement, qu’est-ce qui va changer? Concrètement, à l’heure actuelle, deux scénarios sont envisageables: un gouvernement en affaires courantes ou bien des élections anticipées. Dans le cas de la première option, on reviendrait à la situation vécue pendant 500 jours entre 2010 et 2011 lors du gouvernement Leterme II. Lorsqu’il est en affaires courantes, le gouvernement belge doit se limiter à gérer le quotidien: les affaires en cours et les urgences. Premier problème: le gouvernement perdrait la main sur son budget, et serait donc dans l’incapacité de financer l’une ou l’autre réforme nécessaire. Et il ne s’agit pas là du seul dossier qui serait bloqué: tant la réforme des pensions, que la dynamisation de l’emploi pour les métiers en pénurie ou même le controversé accord de vente des F-16 ne peuvent être discutés que par un gouvernement en plein exercice de ses fonctions. Ne vaudrait-il alors pas mieux le dissoudre et envisager des élections anticipées? Ce n’est pas si simple que ça.

Le piège des élections anticipées


Tant au Nord qu’au Sud du pays, la possibilité d’élections anticipées est rejetée. Ainsi que le souligne fort justement Daniel Ducarme (MR), “on ne peut pas demander au Belge de voter 3 fois en 6 mois”. Car au-delà de l’organisation, les élections ont évidemment un coût, reporté sur le contribuable, et donc à éviter. D’autant qu’outre le coût, des élections anticipées présentent aussi un danger pour le futur du pays, ainsi que l’a rappelé le vice-Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD).

Je n’ai pas l’intention de diviser le pays. Nous ne devons pas nous lancer dans une fièvre électorale pendant huit mois. L’objectif de la N-VA est devenu clair ces derniers jours, en liant l’approbation du budget au vote d’un article de la Constitution qui mène au confédéralisme et à la division du pays.


Alors entre Charybde et Scylla, la solution des affaires courantes semble peut-être être la “moins pire”, en belge dans le texte. Même si la perspective est tout sauf réjouissante. Comme le souligne Pierre-Frédéric Nyst, président de l’UCM “Une crise politique n’est vraiment pas de nature à rassurer les indépendants, les dirigeants d’entreprise et les investisseurs étrangers. C’est donc vraiment problématique“. Et sinon, au cas-où nos politiques l’auraient oublié, on rappelle aimablement que la devise du pays est “l’union fait la force”. Et que donc, par opposition, la séparation fait la faiblesse.

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