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Ce qu’il faut savoir pour tenter de comprendre le Brexit

Kathleen Wuyard

Le 23 juin 2016, contre toute attente et au désespoir de nombreux Britanniques, le Royaume-Uni a voté “yes” pour le Brexit, soit sa sortie de l’Union européenne. Une sortie dont la procédure a été entamée en mars 2017, et qui semble devenir de plus en plus ardue. Pour enfin comprendre de quoi il s’agit, on a pris le temps de démêler le schmilblick.

Concrètement, qu’implique le Brexit?


La sortie de l’Union européenne, mais aussi, ainsi que l’a signifié Theresa May, le retrait de l’union des douanes ainsi que le refus de prendre part au marché unique. Autrement dit, non content de fermer la porte de l’Europe, le Royaume-Uni se refermerait aussi sur lui-même. Ce qui, selon les économistes, pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’économie du pays ainsi que sur les salaires. En outre, en réduisant l’immigration européenne, cela poserait également problème pour les universités du pays, qui verraient l’afflux d’étudiants étrangers diminuer.

Pourquoi cela divise autant le Royaume-Uni?


Lors du référendum, 51.9% des voteurs ont choisi la sortie de l’Union. Bien que le résultat du vote ne soit pas contraignant, le gouvernement avait promis de mettre la sortie en oeuvre le cas échéant, ce qui a été fait en mars 2017. Sauf que dès l’annonce des résultats du vote, les supporters du “Remain” ont été nombreux à se déclarer floués, le sentiment chez une majorité des jeunes Britanniques étant qu’ils s’étaient faits prendre en otage. Ainsi, contrairement au référendum sur le statut de l’Ecosse, celui sur le Brexit n’avait pas été ouvert aux citoyens dès 16 ans. Or, comme ces derniers l’ont judicieusement fait remarquer, ce sont eux qui devront vivre avec les conséquences, bien plus longtemps que les baby boomers de 70 ans et plus. Quelques heures seulement après l’annonce des résultats, une pétition a été lancée pour organiser un second référendum, gageant que le vote avait été obtenu à moins de 60% des voix, et avec un taux d’abstention de plus de 30%. Une option rejetée par le gouvernement, qui a à maintes reprises rappelé que ni autre référendum ni retour en arrière ne seraient envisagés. Ce qui n’a pas démotivé les partisans du Remain, au contraire, raison pour laquelle sur la question de l’Europe, le pays est aujourd’hui plus divisé que jamais.

Cela implique quoi pour la Belgique?


Dès que le Brexit entrera officiellement en vigueur, les règles relatives aux échanges commerciaux entre pays de l’Union européenne ne seront plus d’application avec le Royaume-Uni. La Belgique étant membre de l’Union, elle sera donc économiquement impactée par cette sortie. Chez nous, les secteurs les plus touchés devraient être ceux de l’alimentation, du transport et du textile. En Belgique, un emploi sur quatre (!!!) dépendrait de la capacité du pays à exporter des services et des biens au Royaume-Uni. Notre pays est ainsi le 4e pays de l’Union (après l’Allemagne, la France et les Pays-Bas) a être le plus exposé en cas de Brexit et selon une étude de Deloitte, si c’est la Flandre qui sera le plus touchée par les conséquences économiques, la Wallonie pourrait ressentir les conséquences du Brexit dans les secteurs du bois, de la pierre, du verre, des équipements médicaux et des armements, tandis qu’à Bruxelles, ce sont les secteurs de l’automobile et du cuir qui risquent le plus.

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La sortie est prévue pour quand? Pourquoi ça traîne?


La sortie officielle est prévue pour le 29 mars 2019, date à laquelle la période de négociations des conditions prendra fin, qu’un accord ait été trouvé ou non entre le Royaume-Uni et les membres de l’Union. Parmi les points sur lesquels les deux parties doivent s’accorder, trois posent problème: le montant que le Royaume-Uni devra verser au budget européen avant de quitter l’Union, le statut des citoyens européens installés au Royaume-Uni, ainsi sur le statut de la frontière avec l’Irlande. Lors du lancement de la procédure, un accord avait été trouvé sur trois grandes lignes directrices: le non-rétablissement d’une frontière dure entre les deux Irlande, le paiement par Londres de tous ses engagements pris au titre du budget de l’UE 2014-2020, et la préservation, après le Brexit, des droits des citoyens britanniques résidant déjà dans les autres Etats membres, et inversement. Sauf que les négociations relatives à l’Irlande sont particulièrement épineuses, et après 17 mois de pourparlers, le gouvernement de Theresa May annonce avoir trouvé un accord général sur le Brexit le 13 novembre dernier, avec une clause provisoire pour éviter la réinstauration d’une frontière physique entre les deux Irlande, en maintenant tout le Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE. Sauf que ce compromis passe mal, et alors qu’il devait être soumis au vote le 11 décembre 2018, Theresa May préfère repousser sa ratification au mois de janvier.

Il ne suffirait pas de refaire un référendum?


Depuis l’annonce du vote en juin 2016, le Royaume-Uni est divisé, et il n’a pas fallu longtemps après le référendum pour qu’un nouveau vote soit réclamé à corps et à cri. Logique, puisque les électeurs en faveur du “remain”, particulièrement les jeunes Britanniques, mais aussi ceux qui n’ont pas pu voter, ont l’impression d’être prisonniers des désirs des baby boomers, qui ne seront plus concernés très longtemps par la politique du pays. Sauf que tant David Cameron, qui a donné sa démission après que le Brexit l’ait emporté, que celle qui lui a succédé, Theresa May, ont catégoriquement refusé la possibilité de revoter. Et on les comprend: si le pays est divisé à l’heure actuelle, organiser un nouveau vote, qui se solderait potentiellement par un “remain”, pourrait créer des fractures irréparables au sein de la société britannique. Mais aussi, mettre en place un précédent dangereux: un élu ne vous plait pas, une mesure vous dérange? Allez hop, on revote. Et puis on revote encore, jusqu’à avoir le résultat qu’on désire. On vous laisse imaginer la débâcle politique...

Est-ce que ça va compliquer les voyages au Royaume-Uni?


Tant que le départ n’est pas acté, rien ne va changer. Lors du Brexit officiel, une période de transition de 2 ans est prévue, durant laquelle il pourrait être décidé de maintenir temporairement la libre circulation aux ressortissants de certains pays. Après quoi, il est envisageable de devoir se munir d’un visa pour voyager au Royaume-uni. Une formalité certes un peu contraignante, mais non plus pas la Manche à boire.

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