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BruZelle, des règles dans la dignité pour toutes

La rédaction

En octobre 2016, Veronica et Valérie ont lancé l’association “BruZelle”. L’idée de base : récolter des protections périodiques et les distribuer gratuitement  dans la dignité aux femmes précarisées. Une initiative particulièrement importante en cette journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

 Brisons les tabous! Changeons les règles! Comment ça se passe les règles pour la femme dans la rue? C’est tous les mois. C’est inévitable. C’est tabou»


Voilà ce qu’on peut découvrir en introduction sur le site de BruZelle.  En cette journée internationale de lutte pour les droits des femmes, il est important de réfléchir à l’accès à l’hygiène pour toutes.  La période des règles est une réalité (pas toujours drôle) pour une bonne partie de la population mondiale. La moitié de l’humanité y est confrontée mais personne n’en parle ou presque… Heureusement, le tabou commence (lentement mais surement) à diminuer, mais on oublie bien trop souvent que pour celles qui vivent dans la précarité, cette période peut se transformer en véritable enfer.

 

La prise de conscience


Les deux bruxelloises qui ont donné naissance à BruZelle sont sensibles à la question de la précarité sociale depuis un bon moment. Tout en étant conscientes d’une série de problèmes, elles n’avaient pourtant jamais réalisé l’obstacle que représentent les règles pour les femmes vivant dans la rue. C’est au détour d’une rencontre pour Veronica et après la diffusion d’un documentaire pour Valérie, que les amies ont décidé de prendre les choses en mains.

Organiser les collectes


Elles décident alors d’organiser des collectes de protections hygiéniques pour les redistribuer ensuite aux femmes précarisées.

On a commencé par en parler autour de nous. Au début, c’était surtout nos proches qui faisant des dons. Puis, petit à petit, on a implanté des boites un peu partout»


explique Valérie. Ces boites sont en fait, des points de collecte fixes, où n’importe qui peut venir déposer des colis de serviettes hygiéniques emballées individuellement. Les membres de BruZelle viennent ensuite récolter les dons et se chargent de créer des trousses contenant chacune 20 serviettes. Ces pochettes sont réalisées en tissus par des bénévoles.

Au début de l’aventure, les tampons étaient acceptés au même titre que les serviettes, mais les fondatrices de l’asbl ont vite compris qu’ils n’étaient pas adaptés aux réalités de la rue. Quand l’accès aux toilettes est limité et quand tout ce qui tourne autour de l’intimité se fait dans le plus grand secret, l’utilisation des serviettes est beaucoup plus pratique. Aussi pour certaines femmes, culturellement, l’usage du tampon est quelque chose de complètement étranger.

 

La distribution


BruZelle collabore avec plusieurs partenaires comme des maisons maternelles, des banques alimentaires, des ONG, des centres d’accueil…

On travaille notamment avec doucheFLUX et rolling douches qui permettent aux personnes précaires d’avoir accès à l’hygiène. On donne aussi des trousses à la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés. Sans accès aux protections, les femmes doivent malheureusement faire avec les moyens du bord… Du papier toilette, des chaussettes remplies avec des cotons, des vieux T-shirts»


soupire Valérie. Les réactions des femmes face aux dons varient. La question est sensible et touche à la plus grande intimité.

On maraude pas mal dans la rue. Aussi, avec Médecins du monde, je vais une fois par mois dans un squat à Bruxelles où vivent des sans-papiers. Je participe aussi à l’opération Thermos. Parfois, l’accueil au départ était mitigé mais on apprend à se connaitre et maintenant les femmes nous reçoivent à bras ouverts»

Briser le tabou


Aussi étrange que cela puisse paraître, les centres spécialisés dans la précarité n’ont pas vraiment la question des règles comme priorité. Trop intime? Encore et toujours considéré comme quelque chose de sale qu’il faut cacher, oublier? Il n’y a pas de réponse rationnelle. Cependant, force est de constater que le problème est bien réel.

Il n’y avait pas vraiment d’aide, c’est un sujet assez tabou. Les éducateurs sont assez gênés de parler de ça avec les gens. On est les seules en Belgique»


Depuis le début de leur initiative en octobre 2016, elles ont distribué 2300 trousses donc 46000 protections hygiéniques.

On commence à vraiment s’établir sur tout le territoire belge, des personnes s’organisent en relais, on développe de plus en plus notre réseau»


Depuis peu, BruZelle accepte aussi les dons en espèce, histoire de pouvoir assurer les stocks et éviter la pénurie. Pour l’instant, l’asbl ne reçoit aucun subside, tout repose sur les dons et la bonne volonté des gens.

 

Envie de les soutenir ?


Tous les points de collecte sont disponibles par ici. Aussi, à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le cercle féministe de l’ULB organise une récolte cette semaine. Mais surtout, il faut continuer à en parler parce que les règles c’est tous les mois, toute l’année!

Auteur de l’article: Jehanne Bergé



 

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