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FAUT QU’ON PARLE: d’un congé paternité plus long pour lutter contre les inégalités

Gwendoline Cuvelier Journaliste

En Belgique, le congé paternité dure 10 petits jours. Quand son bébé n’est âgé que de deux semaines à peine, le papa est déjà obligé de retourner travailler et la maman se retrouve seule pour s’en occuper. C’est trop peu. Et si tout le monde s’accorde à le dire, au niveau politique, on ne voit aucun changement venir.


10 jours pour le papa contre 15 semaines pour la maman, ça paraîtrait presque anodin mais cette différence entre la durée du congé paternité et maternité, c’est la porte ouverte à de nombreuses inégalités.

 

Vivre avec son temps


L’image de la maman à la maison et le papa qui ramène le pognon, c’est dépassé. Et tant mieux. Certaines femmes désirent devenir mère sans pour autant faire une croix sur leur carrière, contrairement à certains pères qui souhaitent freiner leur activité professionnelle au profit de leur vie personnelle. À notre époque, les businesswomen devraient autant avoir leur place dans notre société que les papas au foyer. Et ça passe par le rallongement du congé paternité.


 

Les nouveaux papas


Selon une récente étude, pour 80% des hommes de la génération Y, le partage des tâches est une évidence et 70% d’entre eux se disent prêts à ralentir leur carrière pour s’occuper de leurs enfants. Les mentalités ont évolué dans le bon sens mais les lois ne suivent malheureusement pas en Belgique comme en France où le congé légal n’est que de 11 jours. Ce n’est pas plus glorieux que chez nous.

“Aujourd’hui, la nouvelle masculinité c’est ça, c’est des papas poules, des papas qui courent, des papas qui aiment leurs enfants, qui veulent s’en occuper, qui veulent changer les couches” déclare Alexandre Marcel, un jeune papa français militant pour un congé paternité plus long, dans une vidéo diffusée sur Konbini.

 


En 2020, de plus en plus de papas revendiquent leur droit de s’occuper de leurs enfants au même titre que les mamans. Dans une tribune publiée dans le Huffington Post le 21 juin, un collectif de 10 pères écrit: “l’allongement du congé paternité est le juste reflet de l’évolution de la société. Il est citoyen avant d’être politique. Il ramène de l’égalité au sein du foyer. Il fédère plus qu’il ne divise. La paternité est l’affaire de tous. Soyons aujourd’hui des pères responsables et assumons nos devoirs pour ceux de demain.”

Il est temps de se défaire des vieux modèles patriarcaux. Le père n’est pas seulement un “assistant” qui “aide” sa femme et fait du “baby-sitting” de temps en temps pour ses enfants. Il est autant parent que la maman. Tant qu’il ne sera pas reconnu comme tel aux yeux de la loi, il régnera une inégalité au sein des ménages.

Des carrières freinées


Pendant que les hommes se battent pour passer plus de temps avec leur famille, les femmes doivent faire face à un autre obstacle: la discrimination lors d’un entretien d’embauche.

“Il ne faut pas se mentir aujourd’hui quand un recruteur voit arriver une jeune fille, cling, il y a un petit truc qui s’allume dans sa tête “ha peut-être bébé bientôt, et donc peut-être bye-bye”. Aujourd’hui, il faut qu’il puisse se dire la même chose avec un jeune papa” revendique Alexandre Marcel.

Tous les jours, on dénonce des inégalités entre les sexes dans le milieu professionnel sans traiter le problème à la source. Si les parents disposaient d’un congé paternité et maternité de la même durée, les mentalités pourraient enfin changer. Les employeurs ne se montreraient pas plus frileux à engager des femmes que des hommes d’une vingtaine d’années. Elles ne devraient pas plus qu’eux mettre leur carrière entre parenthèses. Et peut-être qu’on pourrait enfin prétendre à l’égalité salariale?

Encore aujourd’hui, de nombreuses travailleuses annoncent leur grossesse comme une mauvaise nouvelle à leur employeur, d’autres s’excusent de tomber enceinte à peine engagées ou ne se sentent pas légitimes de demander une augmentation après avoir été absente pendant 3 mois. Et gare à celles qui osent repartir en “vacances” peu de temps après leur retour au boulot...!

Un cercle vicieux


Il est évident qu’une maman qui reste avec son bébé H24 à la maison pendant que le papa travaille toute la journée connaît mieux son enfant, va généralement se charger des premières visites chez le pédiatre et de l’intendance à la maison. Des habitudes se prennent durant les premiers mois avec un nouveau-né. Les bases de la famille sont déséquilibrées dès le départ.

Puisque la carrière de la mère est souvent freinée par rapport à celle du père, les femmes gagnent généralement moins bien leur vie que les hommes. Si un des deux doit réduire son temps de travail pour s’occuper des enfants, c’est généralement le salaire le plus bas qui se sacrifiera...

À quand des mesures concrètes?


L’allongement du congé paternité en Belgique et en France ne serait pas seulement bénéfique pour les enfants qui ont besoin de nouer un lien fort avec les deux parents dès la naissance mais aussi pour l’équilibre au sein des couples. C’est une mesure primordiale pour l’égalité entre les hommes et les femmes dans la société.

Cette demande de nombreux (futurs) parents est loin d’être utopique. Il suffit de regarder comment ça se passe du côté de nos voisins européens. L’Espagne vient de rallonger le congé de paternité de 5 à 8 semaines. Dans les pays nordiques, celui-ci se compte en mois. En Finlande, le congé paternité sera équivalent au congé maternité en 2021. Pourquoi pas chez nous?

Photos: Getty images


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