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8 couples confinés séparément nous racontent l’amour à distance

Manon de Meersman

Alors que certains couples sont confinés sous le même toit H24, d’autres n’ont pas le choix et doivent vivre une relation à distance durant le confinement. Une séparation forcée qui est loin d’être facile à gérer, surtout lorsque le manque commence à pointer le bout de son nez.


Comme le dit si bien le site Madmoizelle, “la pandémie du Coronavirus et le confinement, c’est un peu comme une grosse boule de bowling qui déboule sur les quilles de nos petites habitudes quotidiennes”.  Pour les couples qui vivent ensemble, c’est la recherche d’un équilibre constant, jongler entre différents rythmes et l’apprentissage de l’autre dans toute sa splendeur. En revanche, pour ceux qui n’ont pas la chance de partager le même cocon,  l’approche est totalement différente, plaçant l’activité “pallier le manque” en haut de la liste des difficultés.

Selon le SPF Santé Publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, “les couples ne vivant pas sous le même toit peuvent se voir”, mais doivent limiter au maximum les déplacements entre les deux domiciles, le mieux étant “de choisir un des deux domiciles et d’y séjourner pendant la période de confinement”. Malheureusement, cette solution d’emménager chez l’autre ou que l’autre emménage chez soi pour une durée dont on ne connaît pas les termes, ce n’est pas toujours envisageable. Alors, lorsque l’annonce du confinement renforcé a été annoncée, les couples ne vivant pas sous le même toit ont été contraints de regagner chacun leur chez-soi, laissant derrière eux leur moitié pour une durée indéterminée.

Quand vivre ensemble est impossible...


Romane est infirmière et en couple avec son chéri depuis six ans et demi. Étant donné son métier, il était clair pour elle que la solution du SPF Santé Publique n’était pas envisageable. “On ne se voit pas parce que je suis en contact permanent avec des patients Covid19, donc j’ai pris la décision de rester chez moi pour ne pas risquer d’aller infecter sa famille aussi”. Maxime vit aussi le confinement forcé loin de son chéri, car ce dernier est professeur et travaille donc avec des enfants. “La situation est difficiles dans le sens où lui travaille encore un peu pour garder les enfants que les parents ne peuvent pas garder, et sa coloc’ aussi travaille comme éducatrice, ce qui fait qu’il est toujours en contact avec d’autres personnes sans le vouloir”, explique-t-il.

Morgane, en couple avec son amoureux depuis trois mois, fait face à un autre problème qui l’empêche de vivre ce confinement en couple. “Il vit à Paris et je vis à Bruxelles”, explique-t-elle.

Comme je suis en télétravail, j’aurais très bien pu aller télétravailler depuis Paris ou lui aurait pu venir à Bruxelles. Mais on s’est dit qu’il valait mieux rester près de nos proches et que si l’un de nous tombait malade, c’était mieux qu’il soit dans son pays pour se faire soigner”.


Cette distance, Morgane en a l’habitude. Elle et son chéri se voient en temps normal trois week-ends par mois. Mais il n’y a rien à faire, le contexte est cette fois bien différent...  “J’ai eu du mal quand j’ai appris que les frontières étaient fermées. On ne compte de toute façon pas se rejoindre avant la fin du confinement, mais le fait de savoir que les frontières fermaient, ça officialisait encore plus le fait qu’on allait plus être ensemble pendant un petit temps”, avoue-t-elle.

Léa vit, de son côté, une situation encore différente puisqu’elle a rencontré quelqu’un juste avant le confinement. “Notre premier date a eu lieu le vendredi 13 (on ne sait toujours pas si ça nous a porté malheur ou pas) et aucun de nous n’a voulu annuler, même en apprenant que les bars et restaurants fermeraient ce soir-là à minuit”, explique-t-elle. “On a complètement craqué l’un pour l’autre. Étant encore assez libres de nos mouvements, on s’est donc encore revus plusieurs fois les jours qui ont suivi. En ayant toujours la crainte très présente qu’un lockdown strict soit annoncé et nous empêche de continuer ce qu’on était en train de commencer à construire”, raconte-t-elle.

La distance, un mal pour un bien, mais qui n’empêche pas les peurs


Beaucoup de couples ont pourtant déjà connu la séparation. Deux semaines, un mois, six mois... La différence cette fois? La durée... Non-définie. Pour Déborah, en couple depuis 14 mois avec sa moitié, “le plus difficile, c’est de ne pas savoir quand tout ça sera fini et que l’on pourra se retrouver”, explique-t-elle. En effet, lorsqu’on se sépare de son amoureux•se, la plupart du temps, un décompte est possible. Une date de retrouvailles est fixée. Un moment est planifié. Mais cette fois, ce n’est pas le cas. Et c’est ce qui rend la chose encore plus compliquée à vivre. Malgré tout, la positive attitude et la conscience restent de mise. Pour Axel, en couple avec sa chérie depuis maintenant 5 ans, il s’agit d’un mal pour un bien.

On comprend la situation, et on prend cette situation très au sérieux. On se dit qu’il faut respecter les règles de confinement. Plus vite les gens respecteront ces règles plus vite on pourra sortir et se revoir.”


Romane a, elle aussi, bien conscience de la situation et de l’importance des règles à respecter. “Bien sûr, il me manque à fond et j’ai très envie qu’il me prenne dans les bras, surtout en ce moment... Mais je suis consciente du risque que je lui ferais prendre, à lui mais aussi à sa famille, si jamais on se voyait”. Morgane cherche à relativiser également, expliquant que la distance a toujours faire partie de son couple, même si malgré tout, elle garde une certaine peur au fond d’elle. “Ce qui me fait le plus peur c’est que la Belgique lève le confinement avant la France ou l’inverse et qu’on ne puisse pas se voir. Ou encore que le confinement soit levé mais que les frontières restent fermées”, exprime-t-elle.

Laura, en couple depuis bientôt un an et demi, a décidé de mettre en place des petits “trucs” avec son chéri afin de contrer les peurs de l’un et l’autre. “La distance n’est jamais simple à gérer et provoque plus de malentendus raison pour laquelle on a mis en place quelques petits mécanismes.

Par exemple, si l’un de nous a un coup de mou/crise d’angoisse, il doit en avertir l’autre, c’est une promesse que l’on s’est faite pour éviter de ruminer dans son coin.”


Sueli, en couple depuis plus d’un an avec son amoureuse, a également mis les choses au clair avec sa moitié pour que le confinement se passe au mieux. “En se quittant, on s’est promis des choses sur ce que l’on voulait et sur ce que l’on ne voulait pas pour ce confinement. C’est vraiment important”. Avec le confinement renforcé, Léa, quant à elle, a vu son idylle naissante ne goûter qu’aux prémices de l’amour. Mais ce n’est pas pour autant que la communication ne devait pas être également de mise. “L’annonce est tombée et on s’est rendu compte de ce que ça signifiait vraiment. Mais on a tous les deux été clairs sur le fait qu’on s’appréciait beaucoup et qu’on souhaitait se revoir après. Alors on fait ce qu’on peut pour protéger ce lien fragile et le renforcer au mieux…”.

Trouver des solutions pour s’aimer à distance


Face à cette séparation forcée, les couples n’ont d’autres choix que de trouver des solutions pour pallier au manque. “Nous nous sommes vus avec les 1m50 de distance, mais ça été horrible de se voir sans se toucher, sans avoir le moindre geste d’affection. On avait l’impression d’être fâchés alors que ce n’était pas du tout le cas, c’est extrêmement frustrant, d’autant plus car nous habitons dans le même quartier”, explique Maxime.

Alors force est de constater que chacun bénit les téléphones et les réseaux sociaux d’exister à l’heure actuelle. “Heureusement on vit a l’époque de la technologie”, explique Déborah. “On s’appelle tous les jours par vidéo, souvent le matin au réveil et le soir pour souper ‘ensemble’. On s’envoie pas mal de messages et de photos de moments de notre journée, comme ça on a un peu l’impression d’être ensemble”, poursuit-elle. Même schéma du côté de Romane, qui privilégie les appels téléphoniques, à toutes les heures de la journée. “On s appelle beaucoup plus qu’en période ‘normale’. Ce n’est pas impossible qu’on s’appelle dix fois sur la journée, même parfois pour ne rien dire. Juste s’entendre”.

Pour Léa, dont les premiers papillons ont été capturés en plein vol, les écrits et les appels sont très importants, expliquant que “ça nous permet de continuer à se découvrir. Si le lockdown est difficile d’un point de vue émotionnel, il nous permet cependant de prendre notre temps. Il nous oblige aussi à construire cette relation d’une manière assez particulière et simplement de profiter de chaque échange qu’il nous est permis d’avoir”, explique-t-elle.

Stimuler sa créativité et revenir à l’essentiel


Jeux en tout genre, série et film par écrans interposés, mots doux... Certains profitent également du confinement pour laisser libre cours à leur imagination et inventer de nouvelles activités de couple, à travers leur smartphone ou ordinateur. “On regarde des séries ensemble par écrans partagés, on prend nos repas en même temps, on se fait des cafés virtuels”, explique Morgane, dont la situation s’est d’ailleurs prêtée à des rencontres assez cocasses. “J’ai rencontré certains de ses amis par appel durant le confinement”.

De mon côté, je pense à organiser un repas virtuel pour le présenter à mon frère et mes parents”, raconte-t-elle.


Pour Sueli, c’est également “l’occasion de trouver du temps pour commencer une série en couple”. Mais cette quarantaine loin l’un de l’autre, c’est aussi revenir à l’essentiel. “On va aussi essayer de se faire des journées ‘off’ sans téléphone, pour mieux se retrouver lorsqu’on s’appelle. Pour avoir un véritable échange”, explique Sueli. Ce confinement loin de l’être qui fait battre notre coeur, c’est finalement ralentir le rythme effréné du quotidien et penser à l’autre, un peu plus fort que d’habitude. C’est réfléchir sur ses sentiments, sentir ces derniers se renforcer, prendre conscience de leur puissance et combien notre vie sans cette personnes scintille moins – où sont les paillettes, Kevin? – tant celle-ci apporte une saveur agréable à votre vie. Le confinement rendrait-il le caractère romantique qui pouvait parfois cruellement manquer à nos vies? Qui sait... “Il ne le sait pas encore mais je lui ai aussi écrit une lettre que je vais lui envoyer par la poste! Ça va égayer un peu sa journée”, explique Romane.  Au final, après tout, comme le dit si bien Laura, “ce n’est simple pour personne mais il faut relativiser: qu’est-ce que 3 ou 5 semaines dans toute une vie”?

 

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