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Mon Petit Renne
Mon Petit Renne © Mon Petit Renne

ON A VU: ““Mon Petit Renne””, la série Netflix inspirée d’une histoire vraie

Justine Rossius

« Mon Petit Renne » cartonne sur Netflix car elle comporte tous les ingrédients d’une série hautement addictive : inspirée d’une histoire vraie, glauque, haletante et un brin déjantée.

Deux jours, c’est le temps qu’il nous a fallu pour avaler cette nouvelle série qui fait beaucoup parler d’elle et qui est deuxième actuellement au classement des séries les plus regardées sur Netflix. Et pour cause, le pitch de cette série de 7 épisodes, est glaçant et donne envie d’en savoir plus (voire de ne pas dormir de la nuit pour connaître la suite de l’histoire et jouer les apprentis détectives).

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On y découvre l’histoire de Donny, barman dans un pub londonien, qui, sous le coup d’une empathie surdéveloppée va offrir une tasse de thé à Martha, une cliente à l’air esseulée de vingt ans son aînée. Un thé qui lui coûtera très cher, puisqu’il n’en pas fallu beaucoup plus pour que cette Martha se révèle être une “stalkeuse” professionnelle, mythomane à souhait voire folle, au sens médical du terme, lui envoyant des centaines d’heure de messages vocaux, plus de 40.000 mails (soit 35 mails par jour), ainsi que des centaines de lettres. Eh oui, Martha est amoureuse de son “Petit Renne” et ne semble pas cerner la non-réciprocité de ce coup de foudre. En bref, la situation est si cauchemardesque qu’on se prend, nous aussi, pauvres téléspectateurs, à vérifier qu’une Martha ne se cache pas sous notre lit ou dans l’abribus devant chez nous.

Incroyable… mais vrai !

Ce qui participe au succès de la série est sans aucun doute son authenticité. Car Richard Gadd, l’acteur écossais qui interprète le rôle principal, n’est autre que le réalisateur… Et cette histoire invraisemblable est la sienne. Alors qu’il avait une vingtaine d’années, il a été harcelé pendant plusieurs années par une femme, dont il ne peut révéler l’identité pour des raisons juridiques. “Mon petit renne” est ainsi inspirée d’un one-man-show écrit par l’écrivain et acteur, en 2019, dans lequel il racontait déjà sa propre histoire, sur le ton de l’humour, bien que cette expérience lui ait valu des années de thérapie et lui ait laissé un traumatisme profond. La réalité dépasse ici la fiction, et pas uniquement sur cette histoire de “stalking”: l’Ecossais, Richard Gaff, y livre aussi le récit courageux des abus sexuels dont il a été victime plus jeune par un scénariste flattant son égo de jeune auteur et standuppeur.

Traitement complexe pour sujets complexes

Alors, oui, “Mon petit Renne” est une série glauque, haletante, au suspense intenable et à l’humour noir maîtrisé, qui n’est pas sans rappeler la série britannique Fleabag). Mais si on l’a tant aimée, c’est surtout et avant tout pour toute la complexités de ses personnages mais aussi des questions qu’elle soulève l’air de rien, notamment sur le sujet des abus sexuels. Le réalisateur évoque les sentiments ambigus tels que la honte et la culpabilité qui peuvent s’emparer des victimes. Il aborde aussi, forcément, la question du viol au masculin, thème encore très peu (voire pas?) abordé dans une série si populaire, sans jamais tomber dans des généralités simplistes. L’acteur ouvre les portes de son mental chaotique où il remet sans cesse en doute son identité sexuelle notamment, suite aux abus dont il a été victime.

Le sujet du harcèlement est aussi abordé dans toute sa complexité: en prenant en compte les dynamiques ambigües qui peuvent se jouer entre le harceleur et la victime notamment. Enfin, si les harceleurs sont souvent dépeints comme de simples “méchants”, “Mon petit renne” apporte ici une image plus nuancée, la victime ressentant souvent elle-même de l’empathie pour sa persécutrice. “Le véritable harcèlement est une maladie mentale, qui n’est pas aussi contenue, insidieuse ou malveillante qu’on l’a dépeinte dans les films au cinéma et à la télé. J’ai vu beaucoup d’humanité en elle” a déclaré Richard Gadd à Vanity Fair. Une absence de manichéisme aussi réussie que malaisante, pour un public peu habitué à ce type de scénario.

“Mon petit renne” (7 épisode), disponible sur Netflix.

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