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Les freins qui empêchent les femmes de porter plainte suite à un viol

Camille Hanot
Camille Hanot Journaliste

Le sondage sur le viol et les violences sexuelles en Belgique réalisé par Amnesty International et SOS Viol et dévoilé en mars dernier interpelle plus que jamais. Celui-ci soulève plusieurs freins, stéréotypes, croyances qui semblent empêcher les femmes de porter plainte après un viol.


Près de 50 % des Belges ont déjà été exposé·e·s à au moins une forme de violence sexuelle (allant des demandes répétées et insistantes à caractère sexuel au viol) et 20 % des femmes interrogées ont été victimes de viol (ce qui représente une augmentation significative par rapport à un sondage similaire réalisé par Amnesty International et SOS Viol en 2014). Mais seul 41% des personnes qui ont subi au moins une forme de violence sexuelle en ont parlé à la police. Le sondage publié par Amnesty International et SOS Viol soulève plusieurs freins, croyances et stéréotypes qui empêchent trop souvent les femmes de porter plainte.

Lire aussi: Un jeune sur quatre a déjà été exposé à un viol

Des croyances dévastatrices

  • Parmi les hommes sondés, ils sont 39 % à considérer que, lorsqu’il s’agit de porter plainte pour viol, les femmes accusent souvent à tort...
  • 90 % des Belges pensent que la crainte de ne pas être cru·e est un frein pour se confier.
  • 85 % pensent qu’il arrive parfois ou souvent qu’on puisse culpabiliser les victimes, qu’on leur laisse entendre que c’est de leur faute.
  • 69 % des répondant·e·s pensent que l’accueil des victimes à la police n’est pas optimal et que cela peut être un frein pour les victimes.

    63 % des personnes interrogées pensent que la crainte de subir du racisme ou de l’islamophobie peut être un frein à faire des démarches.
  • 68 % des répondant·e·s pensent que le classement sans suite est dommageable, car cela contribue à l’impunité des violeurs.
  • 77 % pensent que la Justice n’est pas efficace pour retrouver l’auteur et que cela peut également être un frein pour les victimes.

La responsabilité de la victime


La responsabilité de la victime est également un préjugé encore fort présent. En effet, 48 % des hommes et 37 % des femmes sondé·e·s estiment que des « circonstances atténuantes » liées au comportement de la victime peuvent exister dans certains cas, rendant cette dernière en partie responsable de son agression. 16 % pointent les vêtements sexy, 16 % également le fait de ne pas avoir dit explicitement « non » et 14 % les « comportements provocants.

Les défaillances du système


L’accueil des victimes par la police et le système pour porter plainte sont également des éléments pointés du doigts... Plus de deux tiers des répondant·e·s estiment que le fait que l’accueil de la police ne soit pas optimal peut « certainement » ou « probablement » constituer un frein pour les victimes. Selon les données, parmi les femmes qui ont porté plainte pour des faits de violence sexuelle, seules 14 % se déclarent satisfaites de cette démarche. Ensuite, 83 % des sondé·e·s pensent que les démarches en justice peuvent paraître lourdes (coût, durée, etc.) et dès lors constituer un frein pour les victimes. Parallèlement, 77 % des personnes interrogées considèrent que le fait que la justice ne soit pas efficace pour condamner les auteurs de viols peut être un frein aux démarches des victimes.

Comme le mentionne le rapport, “ces affirmations sont à mettre en relation avec les statistiques du ministère de la Justice montrant que,

dans 53 % des cas, les dossiers de viol sont classés sans suite”.


Comme cela est mis en évidence par 68 % des personnes interrogées, nous estimons que ce phénomène favorise gravement l’impunité des responsables de viol. C’est pourquoi nous appelons toutes les autorités compétentes à prendre des mesures pour lutter contre l’impunité des auteur·e·s de viol et améliorer la prise en charge des victimes tout au long de la procédure, ce qui permettrait de redonner confiance aux citoyen·ne·s belges dans la procédure judiciaire” indique Philippe Hensmans.

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