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Girl in pieces
© Editions Anne Carrière

FLAIR BOOK CLUB: ““Girl in pieces””, le roman qui brise le tabou de l’automutilation

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Vous avez envie d’une lecture qui vous restera longtemps en tête? On ne peut que vous conseiller « Girl in pieces », un livre qui lève le voile sur un phénomène qui touche de nombreux jeunes à travers le monde.

On savait en commençant cet ouvrage que notre lecture serait difficile, que le roman serait loin d’être léger et facile à lire. On savait qu’on allait souvent être émue, bouleversée, parfois choquée, brusquée…On savait qu’il nous faudrait du temps, mais une voix nous disait aussi que tout cela en vaudrait la peine. Et c’est exactement ce qu’on a ressenti en le refermant. Dans « Girl in pieces », on rencontre Charlie, une jeune femme qui a vécu le pire. À seulement 17 ans, ses problèmes familiaux et la perte de sa meilleure amie qui a disparu de sa vie, l’ont poussée à vivre dans la rue et à faire face à de nombreuses épreuves et mauvaises rencontres. Pour oublier, par mécanisme de survie, elle s’inflige des blessures à elle-même. Charlie se mutile pour supporter la douleur qu’elle ressent à l’intérieur. C’est ce qui va la conduire dans l’hôpital psychiatrique où elle est internée. Là où on la retrouve dès les premières pages.

Le résumé

« Charlotte Davis est une fille en lambeaux. À dix-sept ans, elle a déjà perdu plus que la plupart des gens en une vie. Mais elle a appris à oublier. Le verre brisé avec lequel elle se coupe apaise sa peine jusqu’à ce qu’il ne reste que le calme. Le verre brisé murmure : Tu n’as plus besoin de penser à ton père et à la rivière. À ta meilleure amie, qui est partie pour toujours. Ou à ta mère, qui n’a plus rien à te donner. 

Chaque nouvelle cicatrice endurcit un peu plus le cœur de Charlie, pourtant cela fait toujours aussi mal. Si mal que ça n’a plus d’importance, et parfois cette douleur est nécessaire pour remonter la pente. »

Pourquoi il faut le lire ?

Parce que cette histoire est fictive, mais que l’automutilation existe réellement. Tabou, tu, ce comportement qui concerne de nombreuses personnes, en particulier des jeunes, est encore quelque chose que l’on n’aborde pas, que l’on préfère ne pas voir. Pourtant, comme le rappelle l’auteure, Kathleen Glasgow, à la fin du livre, selon des statistiques américaines, une fille sur 200 âgée de 13 à 19 ans s’automutile. Et bien sûr, ce phénomène concerne aussi les jeunes hommes. L’automutilation est l’acte délibéré de se scarifier, de s’infliger des brûlures, de se donner des coups ou de s’abîmer la peau d’une quelconque manière pour faire face à une situation émotionnelle difficile comme la tristesse, l’addiction, le harcèlement, la dépression, les abus physiques ou sexuels, et bien d’autres facteurs encore…

Un phénomène vécu par l’auteure elle-même

Ce qui rend ce livre encore plus poignant, c’est de lire dans cette note d’auteur que Kathleen Glasgow elle-même a vécu ce phénomène. Elle avoue sur le papier: « Il y a des années, je ne voulais pas écrire cette histoire. » Il lui aura fallu neuf ans et quatorze versions pour y parvenir. Mais ce qui l’a poussé à le faire c’est un trajet de bus, au cours duquel une femme s’est assise à côté d’elle. L’auteure a alors regardé machinalement sa voisine de siège et a remarqué des cicatrices, qui l’ont interpellé. Elle raconte:

Elle avait une peau comme la mienne. Sentant mon regard sur elle, elle s’est empressée de baisser sa manche, cachant ses fines cicatrices rouges et fraîches. Je ne peux pas vous dire à quel point j’avais envie de soulever mes propres manches et de dire: « Je suis comme toi! Regarde, tu n’es pas seule.

Mais elle avoue ne pas l’avoir fait. Aujourd’hui, ce livre est un moyen de crier à tous·tes celles et ceux qui le liront qu’iels ne sont pas seul·e·s. À travers le parcours de Charlie, on assiste à ses erreurs, à ses rechutes, mais surtout à son parcours de reconstruction. La preuve qu’il est possible de s’en sortir.

Si vous avez besoin d’aide, vous pouvez contacter la ligne d’écoute du Centre de Prévention du Suicide au 0800 32 123 (anonyme, gratuite et disponible 24h/24). 

« Girl in pieces », Kathleen Glasgow, Editions Anne Carrière, 23€ disponible ici

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