TÉMOIGNAGES: ““les gens n’ont pas conscience des séquelles du bodyshaming””
Dans Flair cette semaine, des femmes témoignent du bodyshaming qu’elles ont subi. Car malgré qu’on en ait assez des critiques sur notre apparence, plus de 7 femmes wallonnes sur 10 âgées de 18 à 34 ans en ont déjà souffert.
Une enquête menée par Dove (*) prouve que le bodyshaming est un phénomène encore largement répandu. 55 % des femmes interrogées affirment qu’elles ont déjà reçu des critiques ou fait l’objet de moqueries à ce sujet. La plupart des femmes ont indiqué que le body shaming dont elles avaient été victimes émanait d’un·e inconnu·e (53 %). Les ami·e·s et connaissances arrivent en deuxième position (51 %), suivis de la famille (46 %).
Ceux·celles qui insultent veulent surtout s’élever. Ils le font pour se sentir plus beaux, meilleurs ou plus parfaits que l’autre personne.
Liesbeth Woertman
Professeure de psychologie
« Plus la relation est étroite, plus la critique ou la remarque est blessante, précise la psychologue. Vous espérez en effet trouver une sorte de protection chez vos proches. Des proches qui, idéalement, sont censés vous aimer pour qui vous êtes et pas juste pour votre apparence. Une mère ou une grand-mère qui critique une jeune femme à propos de son poids le fait probablement avec les meilleures intentions du monde, mais cela aura toujours plus d’impact qu’un commentaire émanant d’un inconnu. Une mère qui critique sa fille parce qu’elle ne correspond pas à l’idéal de beauté qu’elle attend de son enfant se rend, à sa manière, coupable de bodyshaming.
Mensonges et tentations
« En tant que femmes, nous devons nous défendre les unes, les autres pour contrer les idéaux véhiculés par l’industrie de la beauté. Nous ne devons pas nous laisser manipuler par les mensonges et les tentations de la publicité, d’Instagram, etc. Bien sûr, il serait préférable que ces images parfaites ne soient pas diffusées, mais malheureusement, vous n’avez aucun contrôle sur ce point. Vous ne pouvez que vous protéger en passant, par exemple, moins de temps sur Instagram.
Une mère qui critique sa fille à propos de son poids aura plus d’impact qu’un commentaire émanant d’un inconnu.
Liesbeth Woertman
Professeure de psychologie
Le body shaming peut avoir un impact majeur sur notre image corporelle. « Surtout lorsque les enfants en sont victimes à un très jeune âge. Ce genre de moqueries laisse des traces », explique la psychologue.
Comprendre les raisons qui poussent les gens à vous critiquer peut aider. « Les body shamers cherchent surtout à se donner de l’importance. Ils critiquent pour se sentir plus beaux ou mieux que les autres. Lorsque vous rabaissez une personne, vous vous poussez, en quelque sorte, vers le haut. Les body shamers sont généralement très mal dans leur peau. Leurs moqueries visent à combler leur propre insécurité. »
Une image de son corps plutôt bonne
La bonne nouvelle? Selon Liesbeth Woertman, notre image corporelle est plutôt bonne. « Contre toute attente, ce sont les femmes adultes qui s’acceptent le mieux. Entre la puberté et environ 26 ans, les femmes ont encore du mal à accepter leur image. Ce qui, quand on y pense, est assez normal: à l’adolescence, le corps des filles change. Elles ressentent toutes sortes de nouvelles émotions. Elles ont encore peu confiance en elles et sont dès lors extrêmement dépendantes de l’appréciation des autres. L’étude montre que les femmes mûres sont le plus satisfaites de leur apparence. Les jeunes ont souvent du mal à le croire, mais c’est vraiment le cas. Ce sentiment n’a rien à voir avec la vraie beauté. Il s’agit plutôt du regard que ces femmes portent sur elles-mêmes. »
Lors de sa participation à une émission de téléréalité, Laura, 28 ans, a constaté à quel point les gens peuvent être impitoyables sur les réseaux sociaux. Au travers de ses dessins, Sanne, 35 ans, a trouvé un moyen de contrer les attaques des body shamers.
Les témoignages de nos lectrices sur le bodyshaming
Cathy, 30 ans
« Ma soeur et moi sommes toutes les deux rousses. Une fois, sur le chemin de l’école, des garçons assis derrière nous dans le train nous ont dit qu’on puait. Ils criaient tellement que tout le monde les entendait. Ces cinq minutes de trajets m’ont semblé une éternité. »
Ivanka, 21 ans
« J’ai toujours été en surpoids. La faute à un mauvais métabolisme. J’ai beau faire des efforts, je n’arrive pas à maigrir. Quand je suis au resto avec des amis, je remarque que les gens chuchotent des méchancetés me concernant. Parfois, j’entends leurs blagues stupides, genre: ‘La grosse qui mange un burger vient probablement ici tous les jours…’ Le plus souvent, j’ai passé 1 h 30 à la salle de gym le matin-même. C’est blessant. »
Zita, 30 ans
« Quatre mois après avoir accouché, j’ai décidé de sortir pour la première fois dans un bar. Je n’imaginais pas qu’un de mes collègues me ferait une réflexion sur mon ventre: ‘Tu vas accoucher, là ou quoi?’ »
Anna-Maria, 29 ans
« Avant, j’étais harcelée parce que j’étais grosse. Plus tard, lorsque je suis devenue adulte, on me demandait souvent si j’étais enceinte. Aujourd’hui, deux ans après mon pontage gastrique, on me dit régulièrement que j’ai l’air trop mince. Quoi qu’on fasse, pour la société, ce n’est jamais assez... »
Roxanne, 22 ans
« Quand mon grand-père était sur son lit de mort et que nous sommes allés lui dire au revoir, il m’a lancé: ‘Ah la grosse, tu es là aussi?’ Quand j’ai raconté cet épisode à ma famille, ça les a fait rire. Moi, j’étais blessée. Il faut s’imaginer que ce sont les derniers mots que mon grand-père m’a adressés. »
Angéla, 33 ans
« En secondaire, quelqu’un m’appelait ‘l’ours poilu’ parce que j’ai des poils foncés sur les bras. Je me suis sentie tellement mal que je les ai décolorés pendant des années. »
Inès, 31 ans
« Mon ex m’a un jour annoncé qu’il s’était renseigné sur le prix des augmentations mammaires, au cas où je voudrais faire quelque chose pour mes seins trop petits. »
Retrouvez l’entierté de cet article dans votre magazine Flair de cette semaine.
* Enquête Dove menée auprès de 1044 femmes belges entre le 15/11 et le 3/12/2021.
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