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© Getty Images

Témoignage: Rebecca, 29 ans, est en couple et polygame depuis 5 ans

La rédaction


Aimer plusieurs personnes à la fois vous paraît impossible? Pourtant, Rebecca, 29 ans, est plus épanouie que jamais depuis qu’elle a décidé d’aimer sans modération. Elles se définit comme polyamoureuse. En couple, ni échangiste, ni libertine, elle se laisse la possibilité de s’éprendre de plusieurs personnes simultanément.


“Pour moi, la confiance au sein du couple est primordiale. J’ai toujours été ouverte et honnête à propos de mes sentiments. Pour ne pas se ­sentir trahie, il faut à tout prix éviter les secrets. Si l’on sait que l’on peut tout dire à l’autre, il n’y a aucune raison de vouloir lui mentir ou le tromper. J’ai très vite découvert que j’appréciais le fait de voir mon ­partenaire offrir son amour à d’autres femmes. Mon compagnon est génial, pourquoi devrais-je être la seule à en profiter?

Inconsciemment, je crois que j’ai toujours été polyamoureuse. Même si, jusqu’à il y a peu, on n’utilisait pas encore cette étiquette. Quand j’avais 20 ans, on ­parlait de ‘sex friends’. À l’époque, j’avais des rapports sexuels avec un ­copain que je voyais tous les jours et qui couchait aussi avec l’une de nos ­copines.


Aujourd’hui, on pourrait parler de polyamour. Sauf qu’on ne se disait pas ­ouvertement les choses, il y avait beaucoup de non-dits et je n’ai pas ­gardé un excellent souvenir de cette ­histoire. On ne s’était pas imposé de ­limites et, même si dès le départ, on s’était mis d’accord sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’une histoire sérieuse, j’avais tout de même besoin d’avoir confiance en mon partenaire sexuel. Notre relation ne me convenait pas et j’ai rompu. J’ai été monogame pendant plusieurs années, mais je ne crois pas que nous n’ayons qu’une seule âme sœur sur cette Terre. L’être humain est naturellement attiré par plusieurs personnes. J’en ai très vite été consciente.

Pile ou face


J’étais à la recherche de réponses et, en surfant sur Internet, j’ai appris ce qu’était le polyamour. Toutes les pièces du puzzle se sont assemblées. À l’époque, j’étais dans une relation longue distance. Je voyais mon petit ami toutes les 2 semaines et cela ne nous suffisait plus. On a décidé de s’ouvrir aux autres, de nous laisser la possibilité de faire de nouvelles rencontres. En nous renseignant sur le concept de ­polyamour, on a tous les deux réalisé que c’était ce à quoi nous aspirions ­depuis longtemps. On s’aimait, on ­voulait rester en couple tout en étant ­capables de se parler ouvertement de nos autres partenaires. Si aujourd’hui je ne suis plus en couple avec ce garçon, je n’ai pas changé ma façon d’envisager le couple pour autant. Mon nouveau petit ami est également polyamoureux.

Cela fait environ cinq ans maintenant que j’ai officiellement décidé de ne plus me ­limiter à un seul partenaire. Mes parents et mes amis les plus proches ont ­aujourd’hui accepté mon choix même si, au début, ils étaient plutôt sceptiques.


S’il y a une réunion de famille, mes ­parents ne voient pas d’objection à ce que j’invite mes deux partenaires, même si ce n’est jamais arrivé jusqu’ici. Ma ­famille plus éloignée n’est pas au ­courant et je n’ai pas l’intention de leur annoncer. Il n’y a pas de quoi en faire un plat. Pour moi, c’est normal d’être attiré par plusieurs personnes à la fois. Du coup, quand je suis invitée à une soirée, je tire à pile ou face pour savoir lequel de mes deux chéris pourra m’accompagner (rires). Mais comme l’un de mes amoureux vivait à l’étranger, il était moins souvent disponible. On a ­d’ailleurs fini par couper les ponts et, à l’heure actuelle, je n’ai plus qu’un ­partenaire. Je suis aussi la belle-maman de ses deux adolescents.

Relations protégées


On me demande souvent comment je trouve le temps pour plusieurs ­partenaires. Honnêtement, tout est une question d’organisation. Même si ­j’explique à mes proches que j’ai assez d’amour à donner pour tout le monde, ils ont parfois du mal à me comprendre. Parfois leurs remarques me font moi-même douter de ma façon de gérer ma vie sentimentale... Je crois que, tant que je reste franche envers mes partenaires et que je ne prends pas de risques sexuellement parlant, que je me protège, on ne peut rien me reprocher. Comme j’ai plusieurs partenaires, je fais deux fois plus attention quand j’ai des ­rapports sexuels. Les enfants de mon chéri savent que nous sommes ­polyamoureux. Si l’un de nous a un nouveau partenaire et que ça devient ­sérieux, on le présente aux enfants. Je ne cache mon statut amoureux à ­personne. En ce moment, je suis à la ­recherche d’un emploi et je n’envisage pas de ne pas révéler à mon futur ­employeur et collègues que je suis ­polyamoureuse... J’essaye de briser les tabous afin qu’à l’avenir on le ­considère comme une façon normale d’envisager le couple.

Pas plus de deux à la fois


Jusqu’ici, je n’ai pas eu plus de deux partenaires à la fois et, même si je suis ouverte aux rencontres, même avec des femmes, c’est la limite que je me suis imposée. Sinon, je ne saurais plus où donner de la tête. Quand mon deuxième petit ami venait nous rendre visite, on le laissait loger à la maison. Il dormait même avec moi. Il participait à certaines activités et nous laissait en faire d’autres de notre côté. Pour moi, il est primordial que mes deux amoureux communiquent et s’accordent sur nos emplois du temps respectifs. Même si je ne calcule pas le temps que je passe avec chacun. Cela ne doit pas forcément être équitable! Les besoins de chacun sont différents et les polyamoureux sont, eux aussi, sujets à des crises de jalousie. Mon deuxième petit ami a déjà essayé de compliquer les choses entre mon compagnon et moi. Durant certaines périodes, par contre, ils étaient très proches. C’était génial de voir qu’ils puissent s’entendre, que mon petit ami comprenne à quel point mon autre partenaire était incroyable.

Est-ce que je déciderai de redevenir monogame dans le futur? Honnêtement, je ne crois pas. Je ne me vois pas me priver de ce sentiment de liberté.


Pour l’instant, je n’ai plus qu’un seul petit ami, mais je serais blessée qu’il n’accepte plus que je tombe amoureuse de quelqu’un d’autre. Si je tombe sous le charme de quelqu’un, tout ce que je souhaite, c’est qu’une tierce personne puisse aussi ­profiter de ce qu’il a à offrir.

Règles légales


Mon compagnon et moi sommes ­heureux et on espère le rester encore très longtemps. Il rêvait d’avoir des ­enfants, et son rêve s’est réalisé. Pour moi, ce n’est pas une priorité pour le moment même si l’on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Par contre, nous aimerions nous marier, et c’est là que ça coince! Si nous sommes fiers d’être polyamoureux, ce statut n’est ­reconnu ni par la loi, ni par la société. Mais ça ne nous fait pas peur. L’amour n’a pas de règles et, après tout, on ne vit qu’une fois ! Le jour de notre mariage, nous nous mentirons donc pour la ­première fois en nous jurant fidélité.”

C’est quoi le polyamour?


Nathalie Cardinaels, psychologue comportementaliste et écrivain “Le polyamoureux est conscient qu’il est prêt à vivre plusieurs histoires d’amour ­simultanément. Toutes les personnes ­impliquées consentent à ce que l’être ­aimé ait plusieurs partenaires à la fois et sont mises au courant de chaque nouvelle rencontre.

Plus que les relations sexuelles, ce sont les relations sentimentales multiples, le romantisme, l’amour que les polyamoureux recherchent.


À ­l’inverse des couples libertins ou ­échangistes qui ne souhaitent qu’assouvir leurs besoins sexuels avec de tierces ­personnes. Le polyamoureux ne doit pas avoir constamment plusieurs partenaires. Le polyamour est un mode de vie que l’on choisit d’adopter, une sorte d’orientation sexuelle. Chaque couple peut définir et ­inventer sa propre vision du couple. Si trois personnes décident de se mettre en couple, on parle de ‘relation triangulaire’. Quand un monogame se met en couple avec un polyamoureux, on parle d’une ‘relation monopoly’. On parle de ‘relation solopoly’ quand un polyamoureux ­multiplie les partenaires mais ne ­s’installe avec aucun d’entre eux. La ‘relation en V’ signifie que les deux partenaires du ­polyamoureux ne sont pas en couple. On qualifie de ‘métamour’ la personne dont votre moitié est éprise.

Le point de vue de la société
Le polyamour touche toutes les générations, tant les jeunes couples que les ­personnes âgées. S’il fait de plus en plus d’émules, le polyamour est encore tabou et mal compris. Le terme ne figure pas au dictionnaire et n’est entouré d’aucun cadre légal. Si elles reconnaissent ouvertement qu’elles sont polyamoureuses, les femmes sont encore injustement qualifiées de ‘ filles faciles’ alors qu’on vante les mérites des hommes qui multiplient les conquêtes. À cause de ces préjugés, nombreux sont les polyamoureux qui ­préfèrent se cacher. Chez certaines ­personnes, le polyamour s’est pourtant avéré salutaire en ce qui concerne ­l’acceptation de soi et la confiance en soi. En Belgique, il n’est pas encore possible de se marier à trois et, si vous souhaitez acheter un bien immobilier à plusieurs, vous devrez faire face à de nombreux obstacles. La loi, ne s’adresse encore qu’aux couples monogames.”

À quoi faut-il faire attention et ­comment faire comprendre à son ­entourage que l’on est polyamoureux ?

Ina Van Ransbeeck, sexologue “Si vous débutez une relation polyamoureuse, il est crucial de ne rien cacher à vos partenaires, d’être franc et de communiquer. Dès le départ, vous devez établir des règles strictes. Si vous êtes d’un ­naturel plutôt jaloux et que la fidélité est une valeur essentielle à vos yeux, le ­polyamour n’est clairement pas fait pour vous. Comme dans n’importe quelle ­relation, vous serez confrontés à des ­problèmes de confiance, de jalousie, etc. Certains partenaires pourront vous ­reprocher de passer plus de temps avec un autre et vous devrez apprendre à ­jongler avec vos emplois du temps ­respectifs.

Le polyamour n’est pas une forme d’adultère autorisé. Les polyamoureux ne recherchent pas à multiplier les rencontres sexuelles. Certains polyamoureux ont aussi des partenaires avec qui ils n’ont pas forcément de rapports intimes.


Le polyamour n’est pas non plus la ­solution pour sauver un couple qui bat de l’aile. Ce terme ne doit pas être utilisé à mauvais escient. Si vous avez peur de vous engager ou si vous recherchez ­simplement à multiplier les partenaires sexuels, vous n’êtes pas polyamoureux. Il est primordial que tous les partenaires consentent à ce type de relation. La ­malhonnêteté, le mensonge, le sexe sans protection sont, comme c’est le cas pour tout autre type de relation, dangereux.

Pression familiale
Si certaines personnes clament haut et fort qu’elles sont polyamoureuses, d’autres préfèrent garder leur façon ­d’envisager l’amour secrète. Le polyamour est encore un sujet tabou et, ­souvent, l’entourage proche, la famille, les amis, ne savent pas de quoi il s’agit. Un conseil: expliquez-leur calmement votre façon de penser afin qu’ils ne pensent pas que vous avez décidé de tromper votre partenaire. Les polyamoureux doivent parfois gérer la pression que leur met leur entourage, ce qui peut engendrer des ­situations gênantes, surtout lors ­d’événements familiaux. Imaginez vos ­parents vous demander: ‘Est-ce que tu viendras seul à la soirée? Lequel de tes partenaires amèneras-tu?’”

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