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Témoignage: ““Je suis accro au shopping””

Barbara Wesoly

Quelque 5 % de la population souffre d’addiction au shopping: l’envie irrépressible d’acheter des choses dont on n’a pas besoin et que l’on n’a pas les moyens de s’acheter. Ce pourcentage serait encore plus important chez les jeunes femmes de niveau d’éducation moyen à élevé. Barbara, 29 ans, n’a pas encore réussi à venir à bout de sa dépendance.


“En sept années de travail à temps plein, j’aurais déjà dû m’être constitué un beau petit coussin financier. Rien n’est moins vrai. Tous mes salaires depuis ces sept ans, je les ai dilapidés dans des robes dont je n’avais pas besoin, des pantalons de designers mille fois trop chers, des vestes branchées déjà dépassées l’année suivante, des chaussures avec des talons si hauts qu’il est impossible de marcher. Si j’avais gardé tous les achats que j’ai faits ces sept dernières années, j’aurais pu remplir une maison entière. Mai je fais de la place régulièrement dans mes armoires en revendant les plus belles pièces dans un vide-dressing pour une petite partie du prix original. Peut-être que jusque là, mon histoire sonne simplement comme matérielle, mais ce n’est pas vraiment ce qui est problématique. Le plus grave, c’est que j’ai dépensé près de 40.000 euros de mes parents.

Des fringues, des fringues, encore des fringues


Lorsque j’ai emménagé avec mon premier amoureux, mes parents ont estimé qu’il était plus raisonnable que nous achetions directement un appartement plutôt qu’en louer un. Etant donné que je n’avais pas d’argent de côté, ils ont décidé de me donner un coup de pouce avec quelques dizaines de milliers d’euros pour les frais de notaire et des petites rénovations. J’ai ainsi pu continuer à dépenser mon salaire sans m’inquiéter dans les fringues, les fringues et encore les fringues. Sans que mes parents le sachent, évidemment. Ils remarquaient bien que je portais souvent des nouvelles tenues, mais ils ignoraient que mon attrait pour les beaux vêtements avait évolué en une véritable dépendance au shopping. Je leur ai dit que mon absence d’épargne était due à mon salaire trop bas, en tant que jeune employée, mes soi-disant nombreux frais avec ma voiture, une formation que je suivais après le boulot, les rénovations qui s’avéraient plus chères que prévu…

Tout dilapider


Combien je dépensais en vêtements tous les mois? Aucune idée. Encore aujourd’hui je ne peux pas mettre un chiffre sur ce montant. Et le plus grave devait encore arriver… Il y a trois ans, mon copain m’a trompée et nous nous sommes séparés. Notre appartement a été vendu et le montant de la vente partagé entre nous deux. Il n’y a évidemment pas eu de plus-value, mais bien l’argent que mes parents avaient investi dans l’appartement à l’époque. Ils n’ont pas demandé un cent en retour, mais m’ont dit de m’en servir le jour où je voudrais acheter un autre appartement ou une maison. J’ai promis de bien l’utiliser. À ce moment, j’étais aussi fermement convaincue de pouvoir mettre cet argent de côté.

Plus d’argent

Trois ans plus tard, il ne reste pas un cent de ces 40.000 euros. Où est passé l’argent? Dans mon dressing, le contenu des armoires de ma cuisine et dans la déco.


Enfin c’est ce que je présume, car je n’ai plus cet argent dans les mains. Mon problème d’addiction au shopping a pris des proportions énormes à cause de mon chagrin d’amour. Je mérite ce sac parce que ‘je me sens si malheureuse’, je peux acheter cette robe car peut-être, un autre garçon pourrait me trouver jolie dedans, ce vase aussi, pour fleurir mon appartement de célibataire. Sans vraiment le réaliser, j’ai dilapidé ainsi tout mon argent et tout l’argent de mes parents. Je n’ai pas d’économies. Si la machine à laver tombe en panne ou si je casse ma voiture, je ne peux pas en racheter ne nouvelle. Mon compte n’est dans le vert que le jour où mon salaire est versé.

1000 euros en une nuit


Il y a six mois, j’ai décidé que ça ne pouvait plus continuer comme ça. Les soucis d’argent m’angoissaient jour et nuit. Je me tapais la tête contre les murs d’avoir jeté autant d’argent par les fenêtres. Pour quoi? Une garde-robe dont je ne suis même pas encore satisfaite. Pendant trois mois, je n’ai plus acheté un seul vêtement et, pour une fois, j’ai pu garder mon compte en positif plus d’un seul jour. J’étais si fière! Mais deux mois plus tard, j’allais à une fête dans une tenue dans laquelle je ne sentais pas au top à 100 %: je me sentais comme le vilain petit canard parmi toutes mes copines à la beauté parfaite.

Cette nuit-là, j’ai ouvert toutes mes applis d’e-shop et j’ai passé commande pour plus de 1000 euros.


Le lendemain j’étais furieuse contre moi-même, mais visiblement, pas assez furieuse. Sinon, j’aurais remballé tous les colis. Mais pas du tout: l’estomac noué, je les ai réceptionnés ensuite je les ai ouverts, et j’ai accroché les vêtements un par un dans mon dressing.

La troisième est la bonne?


Là, j’essaye une nouvelle fois d’arrêter d’acheter de façon compulsive. Car je sais que ça ne peut plus continuer comme ça. Je ne réalise que trop bien qu’en raison de mon addiction, j’ai mis mon propre avenir en attente. Alors que les gens de mon âge achètent une maison, moi, je n’ai même pas de quoi m’acheter un petit studio. Par contre, j’ai assez de vêtements pour habiller une quinzaine de blogueuses Mode pendant toute une année. J’espère vraiment que dans les prochains mois, je me serai débarrassée de ma frénésie d’achats. L’été prochain, je veux avoir un compte d’épargne avec 3000 euros dessus. Peut-être qu’en trois ans, j’aurai réussi à épargner assez pour payer les frais de notaire de mon appartement. Mes parents de doivent rien savoir de mon addiction au shopping, ils seraient bien trop déçus de moi.”

Article de Katrien de Groef et Stéphanie Ciardiello.

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