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© Getty Images

TÉMOIGNAGE: Céline, 30 ans, a choisi de faire un bébé toute seule

Barbara Wesoly

Faire un bébé toute seule est une chose que l’on entend de plus en plus souvent. Mais s’agit-il d’un parcours du combattant ou de la magie d’un tête-à-tête avec bébé ? Céline, 30 ans, est maman d’un petit garçon de 2,5 ans, Maurice. Elle avait 25 ans lorsqu’elle a ­commencé les démarches pour devenir maman. Elle aimerait un jour avoir un deuxième enfant. Elle nous raconte son histoire et son point de vue.

“Je vis dans la campagne profonde. Aujourd’hui ­encore, la plupart des gens pensent que Maurice est le fruit d’un accident et que c’est mon meilleur ami le père. Pour eux, c’est inimaginable que j’aie pu faire un enfant seule grâce à un don de sperme. ­J’imagine que dans les grandes villes, les gens voient les choses un peu différemment. Un jour, une femme a dit à ma mère chez le boucher : ‘Ne vous inquiétez pas, elle finira bien par avouer qui est le père.’ Mais je ne m’inquiète plus de ce que les gens peuvent penser. J’ai de la famille et des amis qui sont heureux pour nous et qui nous soutiennent et c’est cela qui compte le plus.

Il y a encore ­beaucoup de préjugés à propos des mamans ­délibérément ­célibataires. Pour ma part, je n’ai rien contre les hommes, c’est juste que je n’ai pas eu de chance dans mes précédentes relations.

Aujourd’hui, je suis tout à fait indépendante, j’ai ma propre maison, un bon ­travail, je peux donner à Maurice tout ce dont il a ­besoin. Et non, il n’a pas de père, mais il a une mère assez cool pour deux.

Mieux seule

J’étais très jeune quand j’ai commencé les démarches médicales. Sincèrement, ­j’aurais été capable de le faire à 21 ans, lorsque ma ­dernière relation s’est terminée, mais j’ai finalement trouvé très agréable de profiter de ma vie de célibataire sans enfant ­encore quelques années. À 25 ans, je suis allée à l’hôpital et j’ai obtenu l’autorisation de ­commencer les ­traitements.

À 27 ans, je suis ­devenue la maman de Maurice. C’est un amour, je l’aime de tout mon cœur. Et même après une journée de cris ou une nuit blanche à le consoler, je me rends compte que je suis plus ­heureuse que jamais.

Mon fils et moi, on est comme les pièces d’un puzzle, on ne peut pas vivre l’un sans l’autre. En toute honnêteté : je peux difficilement ­imaginer faire tout cela avec quelqu’un dans ma vie. Alors oui, je suis responsable de lui à 100 %, et 24 h sur 24, mais je suis aussi celle qui reçoit tout l’amour et toute l’attention de cette ­petite merveille.

Grâce au donneur

Bientôt Maurice commencera l’école. Je pense qu’il ­sera le seul dans cette situation. Heureusement, il me ressemble et il a une forte ­personnalité. J’espère donc qu’il ne sera pas trop triste si d’autres enfants lui font des ­commentaires. Il est encore petit pour se poser ce genre de ­question, mais le jour où il sera prêt, nous avons à la maison un petit livre qui explique aux enfants ce qu’est le don de sperme et ­comment il a été conçu. J’ai déjà parcouru ce petit livre avec lui, je ne sais pas s’il ­comprend déjà. Bien sûr, je suis très ­reconnaissante envers le ­donneur. Sans lui, Maurice n’aurait pas vu le jour, mais pour moi, ce n’était rien de plus qu’un échantillon dont j’avais besoin. Maurice ne possède que 50 % de mes gènes, mais il est ­complètement à moi. Je pense que d’autres mères ­célibataires sont plus inquiètes des gènes du père ­biologique et de l’impact qu’ils peuvent avoir sur la vie de l’enfant, mais moi je ne m’en inquiète pas. Maurice est juste mon fils.

Deux parents en un

Je pense par contre qu’il est très important que ­Maurice ne soit pas désavantagé par le fait que j’ai ­voulu l’avoir seule. C’est pourquoi, je me démène pour faire un tas d’activités avec lui.

Je ne veux pas juste être une maman attentionnée. Je veux réussir en tous points. Un jour j’étais tellement énervée que j’ai appelé mes parents qui se sont pris toute ma colère. J’avais besoin de me ­défouler. Je pense que dans les couples, on s’en prend souvent à l’autre quand on est ­fatigué. Moi je n’ai personne, mais heureusement, mes parents ne m’en ont pas voulu. Récemment, Maurice est tombé malade au milieu de la nuit. Il a vomi dans son lit, puis dans le mien. Même le chat s’est pris les pattes dans le vomi (rires). Dans une situation comme celle-là, ­j’aurais bien eu besoin de quelques bras. Mais ce genre de petits soucis est vite oublié.

Deux chaussettes différentes

Quand Maurice est né, il a pleuré non-stop pendant trois mois. Il ne dormait jamais plus de quinze minutes d’affilée. Mes parents sont ­venus me prêter main forte certaines nuits pour que je puisse au moins prendre une douche et me reposer un peu. Je suis entrée dans une sorte de mode de survie et finalement je m’en suis bien ­sortie. Maurice est toujours vivant, en parfaite santé et épanoui.

La seule fois où je me suis demandé dans quoi je m’étais lancée, c’était le jour de ­l’accouchement. Ça a été long et difficile et je me suis dit que ce n’était que le début, mais ce sentiment s’est vite dissipé.

Je suis plutôt relax. La maison est en désordre ? Pas grave… ­Maurice veut porter deux chaussettes différentes ? Ok ! Dans la vie, il faut choisir ses batailles, moi je refuse de m’en faire pour des petits tracas du quotidien.

Petit, mais costaud

Je suis bien consciente qu’un réseau social solide est très important. C’est primordial d’être entouré. Je peux tout partager avec mes ­parents, qui débordent de fierté pour leur premier petit-enfant. J’ai des amis sur qui je peux vraiment compter. Nous avons un petit groupe de proches qui nous aiment et que nous aimons en retour. Si j’ai un souci, je sais que je peux les ­déranger en pleine nuit, c’est très rassurant. Il ne s’agit que de quelques personnes, mais nos liens sont très forts. Ils sont d’ailleurs tous aussi impatients que moi ­d’accueillir le bébé numéro deux. Cela fonctionnera-t-il avec deux enfants ? ­Niveau pratique, c’est sûr que ce sera un défi, mais côté affectif, j’ai beaucoup de place dans mon cœur. Puis s’il devait m’arriver quelque chose, j’aimerais que Maurice ait un frère ou une sœur.”

Vous voulez “faire” un bébé toute seule? Ce qu’il faut savoir :

Choisir d’avoir un enfant seule est une décision qui change la vie et qu’on ne doit pas prendre à la légère. “La première chose à faire est de réfléchir aux raisons pour lesquelles vous souhaitez le faire”, explique Isabelle Stuyver, ­psychologue et consultante en fertilité à l’UZ Gent. “Dans quelle mesure envisagez-vous cette famille ­monoparentale ?

Si la raison de ce choix est votre âge et votre horloge biologique qui vous tourmentent, la congélation de vos ­ovocytes peut ­également être une option. De cette façon, vous gagnez un peu de temps pour rencontrer le partenaire idéal.

Pensez ensuite à la manière de gérer la maternité en solo. D’un point de vue pratique, cela demande beaucoup de ­planification et d’organisation. Est-ce que cela sera ­combinable avec votre emploi ? Et du côté émotionnel, êtes-vous bien entourée ? Avez-vous des proches qui peuvent vous aider ? “Prenez le temps de réfléchir aux ­personnes qui pourraient vous soutenir, mais analysez aussi vos propres forces et faiblesses. Vous êtes plutôt ­indépendante et débrouillarde ? C’est bien. Mais ne sous-estimez pas l’aide dont vous aurez besoin”, explique Isabelle Stuyver. “Il est important d’être consciente de cela. Par exemple, prendre soin de soi et se créer des moments sans son bébé, sont aussi des choses importantes pour une mère ­célibataire.

Aussi épanoui qu’avec deux parents

J’entends aussi souvent des ­inquiétudes au sujet de l’enfant : ‘Il grandira sans père. N’est-ce pas un choix égoïste ?’ Cela demande réflexion, mais nous savons aussi que ces cas de monoparentalité sont souvent conscients et bien réfléchis. Et qu’un enfant peut être aussi épanoui que si vous étiez deux. Ce qui est important c’est que tout cela soit bien pris en compte avant de faire le premier pas. Il peut être utile de poser des ­questions à des femmes qui ont vécu la même chose. Sur Facebook par exemple, on trouve des tas de groupes sur lesquels échanger entre jeunes et/ou futures mères ­célibataires. Les services de ­fertilité des hôpitaux organisent également des soirées ­d’information plusieurs fois par an où vous pourrez ­rencontrer des spécialistes dans ce domaine.

Et ensuite ?
La première chose à faire est de trouver un centre hospitalier qui pratique la PMA (Procréation médicalement assistée) pour une femme célibataire, car tous ne le font pas. Retrouvez la liste complète des centres sur www.co-parents.fr/Faire-une-FIV-en-Belgique. Votre âge joue également un rôle : certains hôpitaux aident les femmes à partir de 25 ans, d’autres pas avant 30 ans. Afin d’éviter d’éventuelles déceptions, posez ces questions au centre hospitalier avant de prendre rendez-vous.

Après une première consultation médicale avecun gynécologue, vous devrez rencontrer un psychologue. Ce dernier vous posera quelques questions afin de ­comprendre si vous êtes prêtes à devenir une maman ­célibataire.

“Les jeunes femmes sont souvent inquiètes à propos de cette séance auprès d’un psychologue. Nous ne jugeons en rien ces demandes, nous n’analysons pas non plus leur situation financière”, explique Isabelle Stuyver. “Cet entretien est à aborder comme une conversation. Nous ne demandons rien que vous n’auriez déjà abordé avec vos proches. Cette étape est nécessaire dans le ­processus de prise de décision des futures mamans ­célibataires. De temps en temps, il arrive qu’un psychologue s’y oppose. Il n’y a pas de loi à ce sujet, chaque centre de fertilité a ses propres conditions. “Nous examinons pas mal de choses, comme par exemple, savoir à quel point une ­personne est autonome et mature. A-t-elle un emploi stable et un revenu suffisant ? Cette personne a-t-elle un réseau suffisamment fort pour l’aider ?” précise Isabelle Stuyver. “Il arrive parfois que des femmes abandonnent car elles se rendent compte que ce n’est pas pour elles.” Ensuite, il faut être patient. Chaque dossier est analysé par toute l’équipe, et cela peut prendre un certain temps. Comptez trois mois en moyenne.

Texte : Kaatje De Coninck et Amandine de Harlez

Ce 26 mai, Flair organise sa journée de la fertilité. Rendez-vous sur Facebook, Instagram et bien sûr Flair.be pour en savoir plus.

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