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© Getty Images

Témoignage: Anne, 29 ans, a renoncé à devenir maman, car son compagnon ne veut pas d’enfant

La rédaction

Il est l’homme de votre vie mais il ne veut pas d’enfant. Or, vous, vous rêvez de pouponner. Un choix s’impose alors : le quitter pour fonder une famille avec un autre ou rester et renoncer à être mère un jour. Anne, 29 ans, a elle décidé d’abandonner l’idée d’être maman et de rester avec son compagnon.


“Me marier et avoir des enfants : voilà ce à quoi j’aspire depuis ma plus tendre enfance. Mais on n’a pas toujours ce qu’on veut. Je l’ai compris  il y a onze ans quand j’ai ­rencontré l’homme de ma vie. Je travaillais dans un bar qu’il fréquentait. On a rapidement engagé la conversation. Le courant ­passait bien entre nous, même si j’ai mis du temps à lui avouer mes ­sentiments. À l’époque, j’avais à peine 18 ans et je n’avais jamais eu de relation sérieuse. Lui avait 36 ans et en était déjà à un tout autre stade de sa vie. Malgré la différence d’âge, on a décidé de se donner une chance. Tant physiquement, que dans son comportement, il avait l’air d’un garçon de 20 ans. On a préféré faire fi des commentaires de notre entourage qui semblait inquiet. J’en ai parlé à des amies, qui m’ont poussée à essayer. Après tout, qui ne tente rien n’a rien.

La fameuse discussion


Les débuts de notre histoire ont été un peu chaotiques. Je sortais à peine de l’adolescence et je n’avais pas eu une jeunesse facile. Heureusement, il a été patient. Il m’a laissé le temps et l’espace dont j’avais besoin pour grandir. Après six mois de relation, j’ai emménagé chez lui. Entre nous, ça devenait sérieux et nous avons abordé le sujet ‘mariage et enfants’.

Il a été honnête et m’a dit que, s’il était prêt à m’épouser, il ne voulait pas d’enfant. À 38 ans, il se trouvait déjà trop vieux pour devenir papa.


­Peut-être que dix ans plus tôt, il aurait été d’accord. Mais là, il ne pouvait pas concevoir l’idée d’un jour devoir dire à son fils : ‘Papa ne peut pas ­venir jouer au foot avec toi parce qu’il est trop vieux et trop fatigué.’ Ses parents l’ont eu sur le tard et leur relation en a souffert. Il ne voulait pas que ses propres enfants subissent la même chose. Alors, il a décidé que s’il n’était pas papa avant 30 ans, il ne le serait jamais. J’ai compris tout de suite qu’il était sûr de son choix et que je ne parviendrais pas à lui faire changer d’avis. Il a été intransigeant : si je voulais avoir des enfants un jour, on se séparerait.

Un choix difficile


Au début, ça a été un choc. Et j’ai eu beaucoup de mal à me dire qu’il faudrait que je renonce à mon rêve d’enfant si je voulais sauver mon couple. J’ai passé des soirées, et même des nuits entières, à essayer de lui faire comprendre à quel point c’était important pour moi d’un jour devenir maman, à tenter de le convaincre qu’il n’était pas trop vieux pour être papa. Mais je n’ai jamais ­réussi à le faire changer d’avis. Il avait son point de vue, j’avais le mien. La ­discussion tournait en rond et j’ai ­demandé conseil à mes copines.

J’étais perdue, je ne savais pas ce que je devais faire : le quitter ou rester ? J’étais pleine de doutes. Est-ce qu’il fallait que je le quitte pour un homme qui, lui, me donnerait des enfants, mais peut-être pas autant d’amour ?


J’ai tourné la ­question dans tous les sens. Et, durant cette longue période d’incertitude, la seule chose dont j’étais absolument certaine, c’était qu’il était l’homme de ma vie. C’était ça le plus important et j’ai eu un déclic : j’ai sacrifié mon désir de maternité par amour. J’ai accepté le fait que je ne serais jamais maman et, en échange, il m’a promis de m’offrir le mariage de mes rêves. Il a tenu parole et, il y a cinq ans, nous nous sommes dit ‘oui’ devant notre famille et nos amis. C’était le plus beau jour de ma vie.

Pas d’avortement


Durant les années qui ont suivi, je me suis souvent demandé si j’avais pris la bonne décision. Quand mes amies ont commencé à tomber enceinte, puis qu’elles sont devenues mamans, ça a été très difficile pour moi. J’adore les enfants, j’aime m’en occuper et ça, ça ne changera jamais. Mais, j’ai pris ma décision et je m’y tiens. Je profite des enfants de mes copines, dont je suis ­devenue la ‘tata’ préférée. Mon homme ­aussi a fini par se mettre à ­douter. Il m’a dit qu’il changerait peut-être d’avis un jour. Je l’ai arrêté tout de suite : je ne voulais pas qu’il me donne de faux ­espoirs... Du coup, je lui ai ­demandé de se faire stériliser mais il n’a pas osé passer le cap. Moi, je porte un stérilet.

Si un jour je tombe enceinte par ­accident, je ne me ferai pas ­avorter. Je le lui ai dit et il le comprend. Si ça devait arriver, il assumera.


Nous prenons toutes les ­précautions nécessaires pour éviter cette situation. Dans mon entourage, tout le monde n’est pas d’accord avec mon choix. On me dit souvent : ‘Tu changeras d’avis dans cinq ans quand ton horloge biologique se ­mettra à sonner.’ Je ne peux pas prédire l’avenir et je ne sais pas ce que je voudrai, ni ce que je penserai d’ici quelques années, mais aujourd’hui, je suis sûre de moi.

Sujet tabou


Naturellement, il m’arrive de me demander si je ne le regretterai pas un jour. Et s’il arrivait quelque chose à mon homme, s’il mourrait ? Je me ­retrouverais toute seule ? J’essaye de chasser ces pensées noires de mon esprit. Je ne veux pas qu’elles dirigent ma vie. Je profite au maximum de notre quotidien sans enfant. Dès qu’on a un week-end de libre, on peut partir à l’étranger sur un coup de tête. On part souvent en vacances, on sort avec nos potes et on a acheté une petite maison qui n’a que deux chambres. Notre priorité, c’est notre couple. Quand on invite des amis qui ont des enfants à la maison, on réalise à quel point nous sommes soulagés quand ils sont partis et que le calme est revenu. Mais ne pas vouloir d’enfant est un choix de vie encore tabou. Et je trouve ça dommage. J’ai fait le choix, en pleine conscience, de renoncer à être mère par amour. Qu’y a-t-il de mal à ça ? Jusqu’à aujourd’hui, je ne l’ai ­jamais regretté. Il me rend tellement heureuse au quotidien !”

Que faire si l’on ne tombe pas d’accord sur le désir d’enfant ?


“Si vous avez envie d’un enfant et lui non, ou inversement, il est très ­important d’être claire avec lui dès de le départ, histoire de ne pas ­donner à l’autre de faux espoirs”, explique le Docteur L. Godderis, ­professeur au département Environnement et Santé de l’Université ­Catholique de Louvain (Ndlr : ‘désir d’enfant’ en français).

Faites-la liste de ce qui est important pour vous et ce qui l’est moins. Identifiez les émotions qui correspondent à ces choses qui comptent pour vous. La communication est la clé. N’ayez pas peur de dire à votre partenaire ce qui est important pour vous, ce que vous êtes prête à sacrifier, les points sur lesquels vous ­pouvez faire des compromis.


Envisagez vos différentes ­possibilités et dites-lui ­franchement ce que vous éprouvez face à ces éventuels choix de vie. Savoir ce que l’on veut réellement pour soi, ce que l’on attend de son couple n’est pas toujours évident. Alors, avant d’aborder le sujet ‘bébé’, posez-vous les questions suivantes : pourquoi est-ce que je veux ou non un enfant ? Qu’est-ce que je ressens par rapport au fait d’avoir ou non un enfant ? Qu’est-ce que j’attends de mon partenaire ? ­Idéalement, cet exercice doit être réalisé en amont par chacun de son côté avant d’en discuter à deux. En parlant, vous clarifierez ­certains points et renforcerez la dynamique de votre couple.”

L’impact sur le bonheur

“Choisir d’avoir des enfants ou non est une question existentielle. En avoir ou pas va orienter le cours de votre vie. Si vous avez toujours rêvé d’être maman et que vous ne pouvez pas en avoir, cela risque ­d’entamer votre bonheur car ce désir de maternité est ancré en vous. C’est important d’en parler à votre partenaire. Chacun doit exposer son propre point de vue par rapport aux enfants et être clair par rapport à ses attentes. Choisissez le moment idéal pour aborder la question et ne vous débinez pas. Si vous avez pris votre décision et que vous êtes sûre de ne pas vouloir changer d’avis, écoutez tout de même votre partenaire et tirez-en des conclusions. Quoi que vous ­décidiez, l’important est d’être honnête envers vous-même et envers votre ­partenaire.”

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