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TÉMOIGNAGE: Debby, 24 ans, reste volontairement célibataire pour se concentrer sur son bonheur

La rédaction

Et si on arrêtait de croire que notre bonheur se conjugue forcément à deux ? Que l’accomplissement personnel doit passer par le fait d’être en couple ? Debby, 24 ans, a choisi d’être célibataire pour se concentrer sur son propre bonheur. Une décision consciente qui, loin de l’empêcher de se sentir bien, lui permet au contraire d’être vraiment épanouie.

 

“Être volontairement célibataire est pour moi une décision passagère, pas un choix de vie. Je sais qu’un jour je me ­remettrai en couple avec quelqu’un, mais je ne parviens pas à l’imaginer dans un avenir proche. Pour l’instant, je suis très bien toute seule et je veux que ça continue. La rupture avec mon ex a laissé des traces.

 

Avant de repartir à ­zéro et d’entreprendre une nouvelle ­relation, je veux d’abord penser à moi et à trouver mon bonheur sous toutes ses formes. Et je pense que rester seule ­pendant un certain temps peut m’y ­aider.

 

D’autant que je suis bien plus heureuse maintenant que lorsque j’étais en couple. Parfois, j’ai des histoires d’un soir. J’aime plaire et qu’on me ­remarque. Mais dès qu’un homme me montre trop d’attention, je prends mes distances et lui dis que je ne cherche pas de relation pour l’instant. Cela surprend la plupart. Parfois ils insistent pour que je leur donne une chance, que ­j’apprenne à mieux les connaître. Mais ce n’est vraiment pas ce dont j’ai besoin pour le moment. Mes ­colocataires me demandent comment j’arrive à coucher avec un garçon sans développer de ­sentiments. Pour moi c’est juste un bon moment, point barre! Enfin parfois quelques bons moments. (rires) Si tous les deux savent que ce n’est que du sexe, pas besoin d’en faire un plat. Et je n’ai pas tendance à craquer facilement pour quelqu’un. Avec mon dernier ­compagnon, il m’a fallu sept mois avant de réaliser que j’étais amoureuse.

 

À distance des autres

Mon ex m’a larguée du jour au ­lendemain, sans explication. Après un an ensemble, il m’a simplement dit avec désinvolture qu’il n’était pas prêt pour une relation sérieuse. Oser s’impliquer dans une histoire est difficile en soi, mais encore plus lorsqu’on se fait ­quitter comme ça. Lorsque je repense à cette période, je réalise que depuis le ­départ, notre relation n’était pas ­équilibrée et sincère. Je n’osais pas être moi-même car le moindre désaccord ­dégénérait souvent en dispute. Je m’étais perdue dans cette relation. Je suis une personne très sociable, mais je garde désormais une certaine distance entre les autres et moi. Je pense que cela tient à ce que j’ai vécu dans mon passé. J’ai grandi sans père et depuis ma ­séparation, je n’ai plus de contact avec ma mère. Lorsque mon compagnon et moi avons rompu, je me suis installée chez ma mère. J’étais tellement bouleversée que j’en ai pleuré pendant une journée entière. Elle n’a pas ­apprécié et m’a demandé gentiment de déménager.

Sans père et ne pouvant pas me tourner vers ma ­maman alors que j’avais tellement ­besoin d’elle, je suis devenue très ­méfiante à l’égard des gens.

 

La peur de l’attachement

J’ai fini par demander de l’aide à une psychologue. Elle m’a permis de ­comprendre que, si j’avais besoin ­d’évoquer ce que je vivais actuellement, je portais encore beaucoup de douleurs du passé. Et que j’avais peur de ­l’attachement. C’est une phrase que j’entends d’ailleurs souvent quand ­j’affirme vouloir être célibataire. ‘Debby a peur de l’engagement.’ Alors que ­lorsqu’un garçon fait le même choix, on imagine juste qu’il veut profiter de la vie. Ma psychologue m’a conseillé de chercher le ­bonheur en moi-même. Elle m’a aussi ­appris à affronter ma crainte des relations en écrivant tout ce que j’avais vécu pour pouvoir l’analyser. Sur ses recom­manda­tions, j’ai aussi rédigé une lettre à ma mère.

Au centre de son bonheur

Dans notre monde, on se focalise énormément sur la notion de couple. Et les gens ont désormais tendance à nouer des relations trop rapidement. J’ai des copines qui se mettent en couple, puis rompent et se relancent ­directement dans une autre ­histoire, sans prendre le temps de la réflexion. Elles pensent qu’elles ne peuvent être heureuses ­autrement. J’essaye de leur faire comprendre qu’il est important qu’elles soient au centre de leur propre vie. J’ai appris que mon bonheur ne peut dépendre d’une autre personne. Sous peine de tout perdre en nous séparant.”

En couple… avec soi-même

Affirmez “être seule par choix”, et peu sont ceux qui vous ­croiront. Pourtant, de ­nombreuses personnes ­décident de se ­placer au centre de leur ­existence, avant de se ­considérer comme partie d’un duo. C’est notamment le cas de l’actrice Emma Watson qui, plutôt que de se définir ­célibataire, affirmait être “en couple avec moi-même”. Dimitri Mortelmans, ­sociologue “Ceux qui se ­déclarent célibataires conscients sont des gens qui s’affirment heureux sans avoir besoin de partenaire. Ce terme vient à la base du principe de monoparentalité consciente. Faire un enfant seul est un acte décidé et ne pas s’engager dans une relation est un refus choisi. Mais des célibataires conscients peuvent changer d’avis pour peu qu’ils ­rencontrent quelqu’un qui leur plaise vraiment. Le souhait de trouver une âme sœur, une ­personne avec qui partager l’essentiel, demeure un besoin très humain. Il peut être satisfait par un proche, mais est plus ­facilement trouvé ­auprès d’un partenaire. Le ­besoin d’amour romantique est lui une ­invention sociale plus que ­viscérale. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’ait pas d’importance ou de valeur.

On ne peut pas faire de généralités quant au célibat conscient. Certains le vivent comme un principe temporaire, pour réparer leur cœur brisé, par peur de s’engager ou d’être blessé. D’autres pour se ­retrouver ou car cela ­correspond à leur ­conception de la liberté.

Cela peut aussi être un choix de vie ou la prise de conscience de ne pas être fait pour être en couple. Mais leur point commun semble de se considérer comme plus épanouis en solo et de trouver que la société met trop l’accent sur le modèle de relation ­traditionnel.”

Karen Hallemans, psychologue “Que cette ­solitude soit temporaire ou non, elle peut faire office de bel apprentissage et vous en ­sortirez plus sage, forte et sûre de vous. Se ­retrouver ­célibataire durant un moment, amène à être confronté au vide, et à se ­poser des ­questions ­essentielles sur lesquelles on ne s’interrogerait pas ­forcément. À propos de sa vie, de qui l’on est, de ce que l’on veut … C’est ­l’occasion ­d’apprendre à se connaître, à cibler ses ­difficultés et trouver des moyens de s’y adapter. ­Cela apprend à assumer ses responsabilités et à être ­indépendant.

Être célibataire conscient apprend à ­apprivoiser la ­solitude et à comprendre son importance. Une condition fondamentale pour une relation saine à soi-même et aux autres.”

Dimitri Mortelmans “Il y a ­aujourd’hui de plus en plus de célibataires, mais je n’ai pas l’impression que notre monde en tienne forcément compte. La pression d’être en couple demeure énorme. Et beaucoup souffrent de ce poids de la norme. Tout est conçu pour la vie à deux. Mais je suis convaincu que nous ­assisterons à une évolution. Par pure logique capitaliste : un groupe toujours plus grand, devient intéressant à prendre en compte économiquement. Mais le chemin pour faire ­bouger les mentalités risque lui d’être encore long.”

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