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BABYSTORY: ““Je suis famille d’accueil d’enfants en situation d’urgence““

Du désir d’enfant à la maternité, mettre un petit être au monde peut parfois s’apparenter à des montagnes russes. Audrey a décidé de devenir famille d’accueil d’urgence. Rencontre avec cette jeune femme au coeur généreux qui oeuvre pour donner de l’amour autant qu’elle peut.  

Audrey a 30 ans et est enseignante en langues modernes. Elle habite Charleroi avec son conjoint qui partage sa vie depuis trois ans. Depuis un an, le jeune couple accueille en urgence des enfants dans le besoin.

Devenir famille d’accueil

“Il y a deux ans, je suis tombée sur un article disant qu’il manquait 600 familles d’accueil en Belgique (pour l’accueil long terme). J’ai été interpellée, je ne pensais pas qu’on pouvait devenir famille d’accueil ‘comme ça’. On s’est dit avec mon copain qu’on voulait aider ces enfants. Dans son métier de policier, mon conjoint est souvent confronté à des situations compliquées. Il avait déjà envisagé d’accueillir des enfants mais il était alors célibataire et avait des horaires inconfortables. C’était compliqué de le faire seul. Et puis devenir famille d’accueil nous permettait aussi de voir si nous étions prêts à devenir parents, de voir ce qu’est la parentalité, avec ses aléas, ses points positifs et négatifs. On se sentait prêts, c’était un projet mûrement réfléchi.“

Une longue procédure

“Il y a différents types de famille d’accueil: d’urgence, de moyen terme et de long terme. Pour devenir famille d’accueil, il n’y a pas de critère précis. Il y a toute sorte de schéma de famille d’accueil, tous les profils. En décembre dernier, via écran interposé, nous avons eu une première séance d’information. C’est en septembre 2021 que nous avons vraiment commencé la procédure de recrutement qui est assez longue. Le fait que nous soyons jeunes et sans enfants c’est un peu interpellant, nous n’avons aucune expérience. Nous avons dû également passer un entretien individuel, répondre à de nombreuses questions sur notre enfance, etc. L’association est venue chez nous pour voir notre maison. Ensuite il y a eu un dernier entretien pour aborder l’aspect plus pratique et précis.“

Finalement, nous avons signé la convention le 26/11/2021 et le 1 décembre de la même année, nous avons accueilli un premier enfant.

L’appel tant attendu

“On reçoit un appel, on nous présente un petit aperçu de la situation de l’enfant. Quand on devient famille d’accueil, on peut refuser certains cas. Personnellement, ça ne nous est encore jamais arrivé. Je pense qu’on n’accepterait pas un grand prématuré car ça me stresserait trop ou encore un enfant avec des graves problèmes de santé qui exigent un suivi médical lourd.“

Une première rencontre

“C’était un petit garçon de 5 mois. J’avoue, j’étais un peu angoissée à l’idée d’accueillir ce premier enfant. On nous a appelé le mardi soir et le lendemain il était chez nous. À l’époque on n’avait aucun matériel de puériculture, on ne savait même pas de quoi il avait vraiment besoin! On a du tout acheter au pied levé. On ne savait pas ce qu’un enfant de cet âge savait faire (rires). Mais les choses se sont faites naturellement. En le rencontrant pour la première fois, on s’est dit qu’il était petit, on avait un peu peur (rires).“

On l’a tout de suite choyé, pris dans nos bras, on ne s’est plus posé de question.

“On a essayé de le comprendre, de suivre son rythme, on s’est habitués les uns aux autres. Quand l’enfant est à la maison, on est constamment en contact avec l’association. Les familles d’accueil sont bien encadrées. Si on a le moindre problème, l’association est là pour nous. Nous accueillons en urgence (pour une durée de max 45 jours). Nous sommes à notre cinquième enfant. Entre deux accueils, nous devons attendre quatre semaines le temps de reprendre notre quotidien, souffler un peu et prendre du recul. Nous avons toujours un rendez-vous avec l’association afin de débriefer ensemble.“

Le rôle de famille d’accueil

“Pour ne pas souffrir, il faut prendre beaucoup de recul. Au début, je me disais que je ne pouvais pas m’attacher, qu’ils n’étaient pas mes enfants, que je n’avais pas le ‘droit’ de les aimer. Je n’osais pas les embrasser ou leur faire de câlin. Mais ces enfants n’ont plus de repère, je suis leur maman pendant 45 jours.“

J’ai vite compris que mon rôle était de leur donner de l’amour. Quand l’enfant arrive, on sait qu’il y aura une fin, ça permet de prendre du recul. On fait ce qu’il faut pendant 45 jours. Quand l’enfant part, on ne sait pas ce qu’il devient.

“Je pense que c’est mieux comme ça car ça me ferait trop mal au cœur de savoir que l’enfant a de nouveau été retiré ou qu’il est retourné en pouponnière. Malheureusement, on ne peut pas tous les sauver alors si je peux déjà en aider quelques uns à ma manière… Nous ne sommes jamais en contact avec les parents. Ils connaissent uniquement nos prénoms, âges et professions. En revanche, une fois par semaine, les parents ont un droit de visite qui est organisée au sein de l’association. Nous amenons l’enfant au centre et c’est l’assistance sociale qui gère la rencontre parents-enfant. On reçoit une indemnisation de l’association par nuitée en fonction de l’âge de l’enfant afin de couvrir les frais de base. Nous devons nous-même nous procurer le matériel nécessaire pour l’accueil. Les frais de crèche sont remboursés intégralement ainsi que les visites chez le médecin.“

Des enfants de tous les âges

“Il n’y a pas d’âge limite, nous accueillons des enfants de 2 mois à 18 ans. Le premier enfant avait 5 mois, le deuxième 6,5 ans, la troisième 15 ans, la quatrième 18 mois et celui que nous gardons en ce moment a 3 mois. Il y a beaucoup plus de demandes pour les tout-petits. Quand on a accueilli une ado on appréhendait un peu (rires). Mais tout s’est bien passé, nous avons pu ouvrir le dialogue et éviter la confrontation. Avec elle, on a mis un cadre et des limites. Certes, on a eu parfois du fil à retordre (rires)... Nous sommes encore en contact avec elle aujourd’hui.“

Des histoires lourdes

“Certains comportements sont parfois troublants et interpellent… Je me souviens du premier enfant que nous avons accueilli. Il semblait très stressé dès que nous parlions fort ou que le chien aboyait. On le sentait crispé. Accueillir ces enfants, c’est aussi accueillir leur histoire. Le petit garçon de 6,5 ans nous a fait comprendre que ce n’était pas toujours facile. La fille de 15 ans a elle aussi vécu des moments difficiles. Malheureusement, on ne naît pas tous avec les mêmes chances. C’est là que je réalise combien j’ai été chanceuse d’avoir des parents aimants et structurants.“

Si on peut donner un peu de bonheur à ces enfants durant 45 jours c’est une bouffée d’oxygène pour eux.

Se séparer

“Nous n’avons jamais regretté notre choix. Le plus dur ce n’est pas de se séparer de ces enfants mais plutôt de gérer le quotidien et de trouver une organisation. Car 45 jours, c’est très court. Il faut généralement deux semaines pour s’acclimater et s’habituer les uns aux autres. Une fois que le quotidien est bien rodé, tout va bien, et puis c’est déjà la fin et il faut penser à la suite. Je considère que l’enfant n’a pas sa place chez nous, j’estime qu’il a besoin de ses parents et que le but est qu’il puisse retourner chez lui.“

De l’amour infini

“On sent vraiment l’amour que ces enfants nous donnent. Je me rappellerai toujours du premier petit garçon que nous avons accueilli. Quand on lui donnait le biberon, il nous regardait avec tellement d’amour alors qu’il ne nous avait jamais vu. J’en ai pleuré.“

Je me demandais comment j’allais faire le jour où il partirait. Pourtant, on sait dès le début qu’ils ne sont que de passage, on sait plus ou moins dans quoi on se lance. Quand il est parti, mon copain et moi avons évidemment pleuré, la maison nous a semblée vide. Mais le quotidien reprend, avec sa routine et tout rentre dans l’ordre.

Des souvenirs plein le coeur

“Mon plus beau souvenir? Ce petit garçon de 6,5 ans qui en partant, nous a dit ‘Je sais que je vais vous oublier, je n’ai pas envie de vous oublier et j’ai peur de vous oublier.’ J’étais bouche bée. Il a fait noter sur sa main nos deux prénoms et le nom de notre chien avant de partir pour ne pas nous oublier.“

Un conseil avant de devenir famille d’accueil

“Avant de se lancer, il faut bien y réfléchir. C’est un projet qui demande du temps, de l’investissement. Il faut avoir beaucoup d’amour à donner. C’est une expérience très enrichissante, et ce dans les deux sens. Ce n’est que du bonheur!  Quand on est confrontés à des situations difficiles, on relativise car on sait que c’est sur une période limitée de 45 jours. On sait qu’on pourra souffler à ce moment-là. Nous allons continuer à être famille d’accueil, c’est certain. Mon projet de vie idéal serait d’avoir un enfant à nous, un enfant d’accueil à long terme et de continuer les accueils d’urgence.“

L’histoire d’Audrey vous a donné envie de devenir famille d’accueil? Ça tombe bien car l’association Famille d’accueil recherche activement de nouveaux foyers pour pouvoir placer des enfants dans le besoin. Pour plus de renseignements, rendez-vous ici.

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