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#protectmanonolita, quand une gameuse belge devient le visage du harcèlement en ligne

Kathleen Wuyard

Manonolita, alias Manon, a 21 ans et 33.600 abonnés sur Twitch, qui suivent ses streams dédiés à sa passion pour le gaming. Elle est aussi en possession d’une triste collection de menaces de viol ou même de mort et dénonce aujourd’hui l’inaction des forces de l’ordre face au harcèlement.


C’est que ça fait des mois que la jeune femme tente d’attirer l’attention sur sa situation, et des mois aussi que l’identité d’un de ses harceleurs les plus violents est connue. Sans pour autant que ce dernier ait été auditionné, alors même qu’il n’habite qu’à quelques minutes à pied de sa victime. S’il peut sembler incompréhensible que des vidéos de retransmissions en direct de parties de jeux vidéo sur Twitch puissent susciter de tels torrents de haine, c’est pourtant malheureusement bien le cas et le calvaire de la jeune gameuse belge tire en longueur.

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En juillet dernier déjà, elle faisait ainsi part de son calvaire à “Vews”. Menaces de viol, de mort, mais aussi envers son entourage: “ils disent que si je ne fais pas ce qu’ils veulent, c’est-à-dire me suicider, ils s’en prendront à eux”. Et Manonolita de dénoncer un harcèlement systématique, “jusqu’à ce que je n’en puisse plus moralement et que je décide de passer à l’acte pour que tout s’arrête”. Un stade qu’elle n’a, fort heureusement, pas atteint, n’en déplaise à ceux qui la harcèlent sans relâche sous couvert d’un relatif anonymat.

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Menaces de viol et de mort


Relatif? L’un d’eux au moins serait identifié et habiterait à proximité du domicile de la jeune femme, dont l’adresse est régulièrement partagée en ligne pour l’intimider, quand ses tourmenteurs n’y vont pas de photos de drapeaux LGBT enflammés (Manonolita est lesbienne, ndlr) voire même, de photos de croix gammées. Et la jeune streameuse de revenir aux origines de son cauchemar, cette première partie lors de laquelle des dizaines de photos de femmes et enfants décapités lui sont envoyées et où une “dédicace”, soit un message où elle reconnaît la supériorité de ses agresseurs est exigé d’elle. Face à son refus, leur vengeance sera terrible.

Ils ont fouillé tous mes réseaux sociaux et découvert que j’avais été abusée. C’est là qu’ils m’ont dit que si ça m’était arrivé une fois, ça pouvait encore m’arriver et qu’ils allaient me retrouver, me violer à plusieurs et torturer mes parents pour qu’ils me voient me faire violer devant eux”.


Mise à l’écart de son travail après qu’un de ses collègues ait aussi fait l’objet de menace en raison de son association avec elle, et privée de partenariats de la part d’annonceurs frileux, Manon raconte comment elle se convainc être le problème, alors même qu’elle en est la victime. Et de raconter les plus de mille preuves amenées à la police, qu’elle qualifie “d’impuissante”, cette dernière s’étant contentée, selon elle, de lui dire “d’arrêter ce que je fais”. Impossible, pour Manonolita, qui a travaillé dur pour vivre de ses streams.

Game over pour les harceleurs de Manonolita?


Remis sur le devant de l’actualité grâce à l’excellent documentaire de nos consoeurs Florence Hainaut et Myriam Leroy, “Sale Pute”, qui s’intéresse au harcèlement en ligne des femmes, celui de Manon interpelle. Et Internet se mobilise.

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Rassemblés sous la bannière #protectmanonolita, nombreu.x.ses sont celles et ceux qui affirment leur soutien à la jeune streameuse et appellent à ce que ses agresseurs soient traduits en justice. D’autant qu’en Belgique, le harcèlement en ligne est puni par la loi. Parmi le flot de soutiens, Bénédicte Linard, ministre Ecolo des Droits des femmes en Fédération Wallonie-Bruxelles, a notamment assuré mettre le sujet sur la table, et exigé que la société protège mieux ses femmes.

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De son côté, Rajae Maouane, co-présidente du parti, a dénoncé une “inquiétante et dangereuse lenteur” de réaction de la part des autorités tandis qu’un peu plus à gauche sur l’échiquier politique, Paul Magnette a rappelé que “ce genre de comportements ne peut pas rester impuni”.

Et fort heureusement, la jurisprudence semble indiquer qu’il ne le sera plus à l’avenir: récemment, l’auteur de propos haineux en ligne envers la présentatrice Cécile Djunga a ainsi été condamné à six mois de prison, 500€ de dommages et intérêts et 1.600€ d’amende pénale, tandis qu’en décembre dernier, l’auteur de harcèlement en ligne envers une quinzaine de femmes journalistes belges a été privé de liberté. Reste toutefois que pour que poursuites et sanctions puissent être mises en place, il faudrait d’abord que les principaux suspects soient auditionnés, hors ainsi que le rappelle Manonolita, huit mois plus tard, ce n’est toujours pas le cas — et ce, alors même que Manon assure avoir déjà déposé trois plaintes auprès de sa zone de police locale.

 

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Si vous ou un.e proche êtes victime de cyber-harcèlement, sachez que vous pouvez appeler gratuitement le numéro 103, accessible tous les jours de 10h à minuit, ou utiliser l’app Cyber Help de Child Focus. Les conseils de la police pour faire face à ce type de situation? 

• Ne répondez jamais à des messages insultants, vous éviterez ainsi toute escalade et découragerez votre harceleur.

• Bloquez les expéditeurs de commentaires indésirables dans votre liste de contacts dans les réseaux sociaux ou services de messagerie.

• Si vous êtes harcelé.e dans un forum, sur un site ou dans un réseau social, changez de pseudonyme et demandez au modérateur ou au fournisseur du service de bloquer les messages.

• Au besoin, créez une nouvelle adresse mail et limitez sa diffusion aux personnes en qui vous avez entièrement confiance.

• N’hésitez pas à porter plainte auprès de la police locale de votre domicile.

Pour rappel, en Belgique, le (cyber-)harcèlement est visé à l’article 442bis du Code pénal et est passible d’une peine de quinze jours à deux ans d’emprisonnement, ainsi que d’une amende allant jusqu’à 300€.

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