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Pourquoi la vaccination n’est pas une option (et l’ignorer est un danger)

Kathleen Wuyard

En Europe, on jouit du privilège de vivre dans des sociétés démocratiques, où les citoyens peuvent faire leurs propres choix, comme celui de faire vacciner (ou non) leurs enfants. Sauf que la science, elle, n’est pas démocratique, et que face au nombre croissants de parents qui refusent la vaccination, des maladies dangereuses qu’on croyait oubliées font leur grand retour.


Dans un rapport alarmiste diffusé le 20 août, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) souligne ainsi qu’entre janvier et juin 2018, plus de 41 000 personnes en Europe ont été infectées par la rougeole, dont 37 en sont mortes. Des infections calculées sur six mois seulement, et qui excèdent pourtant les chiffres annuels de chacune de ces dix dernières années, dont 2017, qui avec 24 000 nouveaux cas en 12 mois, avait déjà pulvérisé le record de la décennie.


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Rien qu’en Ukraine, on a dénombré 23 000 nouveaux cas de rougeole ces six derniers mois, tandis que 6 autres pays européens, parmi lesquels la France, la Russie et l’Italie, ont enregistré plus de mille cas de rougeole. L’autre point commun entre ces pays? Le vaccin anti-rougeole y est accessible, efficace et abordable. Ce qui n’empêche pas certains parents de refuser qu’on l’administre à leurs enfants.

Etude controversée


Pour comprendre leurs hésitations, il faut remonter à 1998 et à la diffusion d’une “étude” établissant le lien entre l’autisme et la vaccination ROR (rougeole-oreillons-rubéole). Pourquoi ces guillemets? Parce qu’Andrew Wakefield, le chirurgien britannique à l’origine de cette découverte, n’a observé que douze patients pour arriver à cette conclusion, sans avoir effectué aucune comparaison avec des enfants en bonne santé. Autrement dit: une étude qui bafoue totalement la méthodologie scientifique, et dont les résultats sont au mieux à prendre avec des pincettes. D’ailleurs, suite à la publication de cette étude dans The Lancet, Andrew Wakefield a été inculpé pour “malhonnêteté et irresponsabilité”. Mais trop tard: la graine du doute avait déjà été semée dans l’esprit de certains, et, essor de l’Internet aidant, les rumeurs allaient se propager.

Sur Google, une recherche des termes “vaccin austime” donne plus de 220 000 résultats, entre ceux qui affirment que les sels d’aluminium présents dans les vaccins sont responsables de l’apparition de l’autisme, et les autres, qui opposent des vérités scientifiques à ces affirmations et se font bien souvent accuser d’être à la solde des laboratoires pharmaceutiques. Et pourtant, les faits sont sans appel: si Andrew Wakefield s’est basé sur l’étude de 12 enfants pour avancer sa théorie, et que depuis, un journaliste d’investigation a démontré que ses résultats avaient été falsifiés parce qu’il voulait lancer une entreprise anti-vaccination, pas moins de 5 études sérieuses ont démontré qu’il n’y avait pas de lien entre autisme et vaccination. La plus importante, publiée en 2015 dans la revue JAMA, a analysé les demandes de remboursements de plus de 96 000 enfants entre 1997 et 2012, dont certains avaient des frères et soeurs aînés autistes, ce qui accroît le risque pour les autres enfants de la fratrie. Résultat? Peu importe l’âge, les antécédents familiaux, ou la dose de vaccin ROR reçue (qu’il y ait une ou deux injections voire même l’absence de vaccin), les scientifiques n’ont trouvé aucune preuve qui lie le vaccin ROR à l’apparition de l’autisme chez l’enfant. Par contre, le lien entre baisse de la vaccination et épidémies est, lui, bien établi.

Un impact sociétal


Pour que la couverture vaccinale soit efficace, il faut en effet selon les recommandations de l’OMS un taux de vaccination de 95% dans la population. La raison? Certaines personnes ne peuvent pas être vaccinées, les jeunes nourrissons et les femmes enceintes, par exemple. La couverture vaccinale doit donc être suffisamment importante pour qu’ils soient protégés par l’effet de groupe. Autrement dit, si votre voisine s’oppose aux vaccins pour ses enfants et que le voisin quatre maisons plus loin fait pareil, danger dans le quartier. En Italie, par exemple, la couverture vaccinale contre la rougeole a baissé à 85%, avec un résultat immédiat: 4 000 cas de rougeole enregistrés dans les 8 premiers mois de 2017. Or la rougeole, on l’aurait presque oublié à force, mais c’est tout sauf une maladie bénigne: cette infection virale éruptive aiguë, qui se manifeste par un corps recouvert de petites taches rouges qui lui ont donné son nom, peut donner lieu à des complications qui vont des diarrhées sévères aux encéphalites, ces dernières étant parfois mortelles pour le patient. A moins d’être vacciné pour lutter contre l’infection. Mais pour que cela fonctionne, ainsi que le médecin et écrivain Baptiste Beaulieu le rappelle, il faut que tout le monde s’y mette.

Les vaccins ne sont efficaces que si beaucoup de gens sont vaccinés, et qu’ils peuvent donc ralentir la propagation du virus au sein de la population. Si je décide de ne pas me vacciner, ça n’impacte pas que moi mais bien la société entière. Un enfant mineur n’a pas à pâtir des décisions arbitraires et des fausses croyances de ses parents.


Car c’est bien-là, au fond, le problème. Qu’une maman soucieuse du bien-être de son petit se laisse convaincre par les théories du complot sur internet et passe outre le fait que l’étude d’Andrew Wakefield a été démontée scientifiquement, c’est une chose. Qu’elle expose son enfant, trop jeune pour décider lui-même, à des maladies potentiellement mortelles, c’en est une autre. Et c’est pire encore quand elle y expose aussi les enfants de la maison d’à côté qui eux, n’ont rien demandé, et dont les parents ont eux décidé de les faire vacciner. Comme le rappelle le Ministère français de la Santé publique, la rougeole est une infection virale très contagieuse pour laquelle il n’y a pas de traitement curatif. La maladie ne touche pas seulement les jeunes enfants mais aussi les ados et les adultes, et une personne infectée peut contaminer jusqu’à 20 autres personnes. “L’humanité décimée par l’épidémie d’une maladie contre laquelle un vaccin existait”, ça sonne encore plus ballot que les dinosaures exterminés par une météorite, non?

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