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Que se passe-t-il à Taïwan? Montage Flair Photo Getty Images
Que se passe-t-il à Taïwan? Montage Flair Photo Getty Images

Pourquoi une guerre à Taïwan causerait des problèmes en Belgique

Kathleen Wuyard

Alors que le monde occidental est aux prises avec les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine, les nouvelles venues de Taïwan sont tout sauf encourageantes. Et même si l’île est à des milliers de kilomètres, les effets d’un éventuel conflit sur place se feraient ressentir jusqu’en Belgique.

Depuis des années, la tension monte entre Taïwan et la Chine. Cette dernière considère en effet ce pays insulaire comme une partie de son territoire, après l’avoir gouverné deux siècles durant à l’époque impériale avant de le céder au Japon suite à la première guerre sino-japonaise, en 1895. 5O ans plus tard, la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre Mondiale voit la Chine récupérer le contrôle de Taïwan, qu’elle considère comme sa 23e province. Jusqu’à la démocratisation du pays en 1990, et la complexification de relations déjà pas simple: depuis, Taïwan, bien que n’étant pas reconnu comme État souverain à l’ONU, se revendique comme république unitaire affranchie de la Chine, et entretient à ce titre des relations diplomatiques officielles avec une quinzaine de pays, parmi lesquels le Vatican, le Guatemala ou encore Haïti.

La Chine, de son côté, refuse toute relation diplomatique avec les pays qui reconnaissent Taïwan comme entité séparée de l’Empire du Milieu. De manière simplifiée, Taïwan se comporte comme un État indépendant, sans qu’une indépendance officielle ait jamais été proclamée, tandis que Pékin, en accordance avec sa « politique d’une seule Chine », considère que ces territoires lui appartiennent. Une question dont les implications vont bien au-delà de la Chine et de Taïwan.

Action-réaction

En effet, de par son positionnement géographique, Taïwan permettrait aux Chinois de bénéficier d’un accès privilégié à l’ensemble de l’océan Pacifique, et donc, par extension, au territoire des Etats-Unis, alors même que jusqu’à présent, la présence chinoise est relativement confinée à la mer de Chine. Au-delà des questions territoriales, se pose aussi, comme en Ukraine, la question du soutien à une démocratie occidentalisée face à une autocratie au positionnement trouble en Occident. De quoi expliquer en partie la récente visite de Nancy Pelosi à Taïwan... Et la réponse immédiate de la Chine à cette visite.

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Présente moins de 24 heures sur l’île, la cheffe des députés américains a déclenché le courroux de Pékin, d’autant que sur place, elle a veillé à rappeler que les Etats-Unis n’abandonneraient pas l’île. Réponse chinoise? Le lancement de vastes manoeuvres militaires dans six zones autour de Taïwan, des journalistes de l’AFP affirmant avoir assisté à des tirs de missiles depuis l’île de Pingtan ce jeudi 4 août. Les prémices d’un conflit armé? Si on se base sur les dernières “manoeuvres militaires” observées à la frontière ukrainienne cet hiver, tout le laisse craindre. Et cela pourrait avoir des conséquences majeures sur l’équilibre mondial – et celui de la Belgique.

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Vers un chaos mondial?

En effet, outre les conséquences tragiques d’une invasion chinoise pour la démocratie, l’économie mondiale serait bouleversée par une guerre sino-taïwanaise, qui risquerait d’impacter grandement (et dangereusement) le quotidien.

Ainsi que le dénonce Hal Banks pour Bloomberg, dans un article où il assure qu’une invasion chinoise de Taïwan “est bien plus probable et imminente qu’on ne le pense”,

Un conflit à Taïwan créerait un chaos économique global qui ferait passer le bourbier créé par l’invasion russe en Ukraine pour minime en comparaison, et pas seulement en raison de la position cruciale de l’île dans la chaîne de production”.

Car l’île est en effet un des principaux producteurs mondiaux de puces semi-conductrices, qui, dans les mots de nos confrères du Monde, “sont à l’électronique ce que le pétrole est à l’industrie : un composant essentiel, mais souvent invisible, présent dans les ordinateurs, les consoles de jeux vidéo, les smartphones, les téléviseurs, les voitures, les avions, les machines à laver, les capteurs de température des climatiseurs, les panneaux solaires…”. On vous laisse imaginer le désastre si d’un coup, un conflit venait accentuer la pénurie qu’on constate déjà depuis quelques mois.

D’après une étude réalisée en avril 2021 par la Semiconductor Industry Association et le Boston Consulting Group , environ 75 % de la capacité mondiale de fabrication de puces semi-conductrices est concentrée en Chine et en Asie du Sud-Est, tandis que 100% (!) de la capacité mondiale de fabrication des puces les plus avancées se situe actuellement à Taïwan (92 %) et en Corée du Sud (8 %).

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L’économie menacée

Et Hal Banks de tirer la sonnette d’alarme: “un conflit autour de Taïwan n’impliquerait pas deux économies paresseuses, comme c’est le cas entre la Russie et l’Ukraine, mais bien les deux plus grandes économies au monde -en partant du principe que Washington interviendrait- voire même, le trio de tête si le Japon s’en mêlait aussi. Cela transformerait des pans entiers de la région la plus économiquement dynamique au monde en champ de bataille, menaçant des couloirs aériens où passe un tiers du trafic mondial”. De quoi dissuader Pékin d’attaquer? Pas s’il faut se fier aux déclarations les plus récentes d’Hua Chunying, une des porte-paroles de la diplomatie chinoise, qui a assuré que “les Etats-Unis devront payer le prix de leur atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine”. Et avec eux, peut-être, l’économie et la diplomatie mondiale toutes entières...

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