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© Getty Images

L’ONE dénonce l’abus de cette pratique chez les bébés

Gwendoline Cuvelier Journaliste

Depuis quelques années, on assiste à une augmentation exponentielle du nombre de frénectomies, une intervention chirurgicale consistant à couper le frein de la langue. L’ONE dénonce l’abus de cette pratique chez les nourrissons.

En 2020, l’INAMI a recensé le double de frénectomies réalisées chez des enfants de moins de 2 ans, par rapport aux chiffres de 2019. Or, les frénectomies abusives peuvent avoir de lourdes conséquences, prévient l’ONE.

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Les freins de langue : de quoi s’agit-il ?

Le frein de langue est une membrane fibromuqueuse qui relie la face ventrale de la langue au plancher de la bouche. 4 à 10 % des nourrissons naissent avec un frein lingual restrictif (frein très épais et/ou antérieur). Mais c’est seulement chez 2 % d’entre eux (donc chez 0,8 à 2 nouveau-nés sur 1000) que ce frein peut entrainer des difficultés d’allaitement et justifier une intervention pour couper ce frein et « libérer » la langue.

Les premières semaines de la vie d’un nourrisson peuvent être particulièrement éprouvantes pour les jeunes parents. Face à des difficultés d’allaitement, des pleurs, des coliques, du reflux gastro-oesophagien, un “mauvais” sommeil…, certains professionnels présentent la frénectomie comme une solution miracle aux parents, en recherche de solutions rapides et efficaces. C’est cet abus que dénonce l’ONE.

Les répercussions de l’opération

La section de frein est réalisée aux ciseaux ou au laser. La prise en charge correcte de la douleur lors de cette intervention n’est pas toujours assurée. De plus, cette pratique demande un investissement conséquent aux parents, en amont et après l’opération. Plusieurs fois par jour, pendant plusieurs semaines avant et après l’opération, il est recommandé aux parents de réaliser des stimulations et des massages de la zone incisée. Par ailleurs, plusieurs consultations peuvent être conseillées parallèlement aux parents, avant et après la section de frein(s), chez d’autres professionnels pour améliorer la guérison.

L’ensemble de ces interventions peut avoir des répercussions graves sur la santé du nourrisson:

  • suite aux douleurs lors de la frénectomie et à l’expérience négative qui peut en résulter, des interruptions brutales de l’allaitement, ainsi que l’apparition de troubles alimentaires avec des répercussions sur la croissance,
  • des infections nécessitant parfois une hospitalisation,
  • des apnées obstructives pendant le sommeil,
  • des hémorragies,
  • des freins qui se reforment en cicatrisant, parfois plus fibreux, plus épais, formant une « bride cicatricielle ».

Dans certains cas moins graves, on observe simplement une non-amélioration des troubles qui ont mené à ce traitement, ainsi que des reports de la vaccination. Ces pratiques génèrent également de l’anxiété et de la culpabilisation chez les parents face aux répercussions sur la santé de leur enfant et la douleur occasionnée. De plus, ces interventions coûtent entre 350 et 1000 euros, en majeure partie non remboursées par les mutuelles. S’y ajoutent les frais liés aux complications.

Les recommandations de l’ONE

“En cas de frein restrictif, la frénectomie peut, PARFOIS, être un moyen pour améliorer l’allaitement maternel. Mais la décision d’instaurer ce traitement exige un haut niveau de compétence clinique et de discernement, ainsi qu’un avis multidisciplinaire. Cette thématique doit être réglementée au niveau fédéral. Il y a un besoin urgent de recommandations scientifiques pour définir un frein de langue restrictif et les éventuelles indications chirurgicales. Les zones d’ombres de la littérature scientifique doivent être mises en exergue. Attention aux formations sur les freins de langue qui sont assurées sans contrôle sur le contenu et les compétences des dispensateurs, et qui sont ouvertes à divers professionnels, même nonmédicaux. Des formations actualisées et validées doivent être mises en place” demande l’ONE.

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