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Lettre à Valentin, mort sous les coups de la méchanceté

Barbara Wesoly
Valentin Vermeesch, 18 ans, est mort, ligoté et jeté dans la Meuse alors qu'il ne savait pas nager, après avoir été torturé. Ses agresseurs présumés, sont cinq de ses connaissances, en qui il avait confiance. Face à cet acte barbare et odieux, nous avons souhaité lui écrire.

Cher Valentin,

Tu as été enterré hier après midi. Un 20 avril, sous un joli soleil printanier. Ils étaient nombreux, ceux présents pour te rendre hommage ou à tes côtés en pensée. Nombreux à vouloir crier leur dégoût et leur choc face à l'injustice de ta mort. Depuis ce sombre 14 avril, où l'on a repêché ton corps meurtri et ligoté dans la Meuse, après pres d'un mois de recherches, ton visage submerge les couvertures des journaux et les esprits. Et hante le mien.

 

Je pourrais dire. Que j'ai les larmes aux yeux en t'imaginant tellement heureux de t'être fait des amis, toi, ce jeune homme atteint d'un léger retard et qui voulait tant être accepté. Toi ce gentil garçon que tout le monde décrit comme généreux et serviable, aussi timide qu'en recherche d'affection. Que le piège que l'on t'a tendu était aussi méthodique qu'infaillible. Une invitation inespérée à une soirée, de l'alcool, des joints, la tête qui tourne. Rien de plus facile ensuite que de t'entraver pour te faire subir l'inimaginable. Je pourrais dire, mais je ne le ferai pas.

 

Je ne pleurerai pas ta mort et ne serai pas un énième cœur brisé par les évènements, qui s'épanche dans la presse. Parce que j'ai peur, Valentin. Peur de l'après. Que ton sourire innocent soit oublié au profit des détails sordides de tes tortures. Peur surtout que tu deviennes ces quelques lignes de résumé qui sont souvent tout ce qui reste de l'innommable, une fois la vague d'émotion passée. 18 ans, noyé après avoir été maltraité par cinq bourreaux dont il pensait qu'ils étaient ses amis. Deux phrases dans la mémoire collective.

 

J'aimerais être en mesure de te promettre que ce que tu as vécu servira à quelque chose.À faire changer les mentalités. À mettre en place des mesures de prévention, à lancer des initiatives pour amener les jeunes à réfléchir. T'affirmer que tu n'as pas souffert pour rien, que tu n'es pas juste la victime malchanceuse d'un déchaînement de cruauté bien trop humain. Que tu n'as pas suffoqué dans cette eau froide, parce qu'ils trouvaient ça amusant ou parce qu'ils n'ont pas réalisé la gravité de leurs actes.

 

Mais je ne le peux pas. Et quand bien même, cela ne te ramènerait pas. Alors je continue à regarder ta photo. Et ton sourire innocent et à avoir honte. Honte d'avoir ce sentiment de déjà-vu en lisant ton histoire. Honte de savoir que ces adolescents qui t'ont fait ça, ne peuvent pas être appelé "Eux" mais "Nous". Honte de notre impossibilité collective à empêcher qu'il y ait demain, sans doute, surement, un autre Valentin."

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