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FAUT QU’ON PARLE: à vous, mes amis homosexuels

La rédaction

Alors que ce 17 mai est synonyme de journée mondiale contre l’homophobie, Laurane, journaliste, a décidé d’écrire cette lettre à tous ses amis homosexuels.


Mes amis,

Vous qui partagez ma vie depuis peu ou depuis toujours, je ressentais le besoin de vous écrire. Parce qu’aujourd’hui, c’est la journée mondiale contre l’homophobie. Une journée comme les autres qui fait office de rappel brutal de la persistance de ce fléau.

Je ne me souviens plus du jour où vous m’avez annoncé que vous étiez homosexuels. Pas que cette date ne soit pas importante pour moi. Je la chéris comme une confidence, un partage d’un moment important dans la construction de notre amitié. Mais si je ne m’en souviens plus, c’est parce qu’elle n’a rien changé à mon ressenti pour vous.

Les mots “homo” ou “gay” auraient pu être remplacés par “blond”, “heureux” ou “fatigué”, ça n’aurait rien changé. Depuis toujours, je n’ai jamais vu l’homosexualité comme un choix, comme une différence notable. Elle en est une comme n’importe quelle caractéristique d’un être vivant. Mais elle ne devrait pas être un marqueur de rejet. Certains sont grands, d’autres petits. Certains sont hétérosexuels, d’autres homosexuels, d’autres encore sont bi.

Le plus grave finalement, c’est qu’on ait dû avoir cette discussion vous et moi. Comme si, à un moment donné de votre existence, vous aviez dû vous justifier de la personne que vous êtes. Vous avez eu le devoir de dire tout haut qui vous êtes, de revendiquer votre droit d’exister sans vous cacher, votre envie d’aimer sans honte. Vous avez dû affronter vos parents, vos amis, votre entourage. Parfois dans la sérénité, souvent dans l’incompréhension.

Vous avez enduré les regards, les remarques, les débats sans fin. Ce parcours n’est jamais simple. Et de nombreuses actualités nous rappellent tous les jours que ce n’est pas terminé. Qu’il faudra encore se battre pour que l’homosexualité soit acceptée, ou pire; simplement tolérée.

Mes amis, comme vous avez été courageux. Comme je vous envie cette force de crier haut et fort qui vous êtes face à un monde encore bien trop con que pour ouvrir les yeux. Alors que nous, les gens hétéro, (oserais-je dire normaux comme beaucoup se plaisent à le rappeler?), nous n’avons besoin de nous justifier de rien.

Jamais je n’aurai à me présenter en disant “Bonjour, je m’appelle Laurane et je suis hétéro”. Mais vous, vous vous faites refuser du travail, vous ne pouvez pas vous marier ou avoir des enfants où bon vous semble pour ce seul prétexte. Tout ça m’exaspère, me dépasse.

À quand la tolérance, l’ouverture d’esprit et la compréhension?

J’ai la conviction qu’un monde meilleur est possible, où chacun sera libre d’être qui il veut sans qu’autrui ne puisse juger. Parce que le jugement est la pire bassesse de l’épanouissement. J’ai foi en une société où il ne sera plus nécessaire d’organiser des gay prides, des journées de la femme ou contre l’homophobie comme aujourd’hui.

Parce que tant que ces événements existeront, et bien qu’ils soient fédérateurs et nécessaires pour induire une ouverture d’esprit, ils resteront marqueurs d’un décalage, d’une séparation, d’une ségrégation parmi les êtres humains.

Mais aujourd’hui encore, il faut montrer que nous sommes unis. Il faut partager ces mots porteurs d’espoir: tolérance, ouverture d’esprit et compréhension. Et peut-être que demain le monde se réveillera plus serein.

À vous mes amis homosexuels, je rêve au jour où je ne devrai plus vous écrire en vous qualifiant de la sorte. Et si je vous livre ces quelques mots maladroits, c’est pour vous rappeler que depuis toujours, vous êtes mes amis et seulement mes amis.

 

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