Quand une mère célibataire se doit de changer de plan en dernière minute suite à des vacances annulées, elle peut être pleine de ressources. C’est ce que vit le personnage de Sana, dans Six jours, ce printemps-là, magnifiquement interprété par l’actrice Eye Haïdara.
Pourquoi avoir suivi Joachim Lafosse dans ce film?
« Son scénario m’a beaucoup touchée. On y parle d’un sujet que je n’avais encore jamais vu au cinéma, qui est le déclassement qui naît du divorce. J’aime bien la manière dont le réalisateur y raconte un souvenir d’enfance, le jour où sa mère, séparée de son père, décide sur un coup de tête de s’installer dans la maison de vacances de ses anciens beaux-parents sans leur demander l’autorisation. C’est une forme d’hommage à ces gens qui vivent le divorce de façon assez rude, avec parfois un glissement social qui s’ensuit. »
Est-ce que vous avez des points en commun avec votre personnage?
« Je ne suis jamais les personnages que j’interprète, même s’ils ont toujours un peu de moi. Sana est une femme qui a une force et un courage qui sont amenés par ses enfants. Je la rejoins là-dessus, avoir des enfants, c’est être capable de choses dont on ne se soupçonnait pas soi-même. »
Est-ce que vous pourriez faire le même choix qu’elle en vous installant quelques jours dans une maison qui n’est pas la vôtre?
« Par fierté, je pense que je n’irais pas, mais si mon enfant me le demandait? C’est difficile de se projeter. »
C’est un réel souvenir d’enfance du réalisateur?
« Oui, c’est un moment qu’il a vécu avec sa mère et son frère. C’était très nourrissant pour moi parce que j’ai pu lui poser plein de questions. Joachim avait ses propres souvenirs, quand on grandit, parfois, on interprète. Je lui ai demandé plusieurs fois s’il pensait que sa mère avait agi comme ceci ou comme cela. Finalement, on a construit ce rôle ensemble. »
Qu’est-ce qui vous fait choisir un rôle?
« Ça dépend, ça va être un scénario, une histoire, une rencontre. C’est aussi en fonction de mes envies et de l’état dans lequel je suis au moment où je reçois une proposition. »
Est-ce qu’il y a un style cinématographique que vous aimeriez bien faire?
« Je crois que j’ai encore beaucoup de choses à explorer, il y a plein de styles que je n’ai pas encore faits. Je n’ai jamais fait de film d’horreur (rires), mais je ne me mets pas de barrière, j’aime bien lire tout ce qu’on me propose, je suis curieuse de tout. »
Est-ce qu’il y a un film dont vous êtes particulièrement fière?
« Je suis très fière de la série En thérapie. Je suis très fière aussi des Femmes du square et j’ai une affection toute particulière pour Le Sens de la fête, qui a clairement marqué un tournant dans ma carrière. »
Quels sont vos prochains projets?
« Il y en a plusieurs qui vont sortir prochainement comme La Maison des femmes de Mélisa Godet. Il y a aussi L’Objet du délit d’Agnès Jaoui et le prochain Astérix. »
Vous avez toujours voulu être comédienne?
« C’est arrivé très tôt dans ma vie. À 6 ans, mon instituteur m’a transmis sa passion et ça ne m’a pas quittée. Après le bac, c’est devenu concret. C’était compliqué d’en faire un métier, mais petit à petit, j’ai passé des castings à gauche à droite. Parfois, on se dit qu’on n’y arrivera jamais, parfois, on y croit. Pour moi, le temps a bien fait les choses. »
Qu’est-ce que vous aimez faire quand vous ne tournez pas?
« Plein de choses: j’aime lire, j’écris aussi. Je passe beaucoup de temps en famille, je m’occupe de mon fils de 8 ans aussi. Les tournages peuvent être longs, donc j’aime bien profiter du temps libre avec lui. Parfois, je l’emmène dans une ville où je tourne, je crois qu’il prend énormément de plaisir à ça. »
Qu’est-ce que vous auriez envie de dire à une jeune actrice qui a envie de se lancer?
« J’ai envie de lui dire d’y aller, de foncer, qu’elle fasse tout ce qu’elle peut tant que c’est sain, qu’elle ne se prive d’aucune expérience. »
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