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© Getty Images/Westend61

Comment vivre pleinement sa sexualité ?

Le sexe est un acte fun. Ou en tous cas, il devrait l’être. Mais que se passe-t-il lorsqu’on continue à attendre que le plaisir vienne à nous, plutôt que de le provoquer? En d’autres termes, comment une femme peut-elle devenir actrice de sa propre sexualité? Nous avons mené l’enquête.

À la question que nous vous avons posée via Instagram: « Avez-vous du mal à ­penser d’abord à vous pendant un rapport sexuel? », les résultats sont sans appel. Pour nous, les filles, le plaisir sexuel n’est pas une évidence. 62 % des lectrices ont répondu « oui », les 38 % restants ont, heureusement, cliqué sur « non ».

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La majorité des femmes se retrouvent donc en queue de peloton lorsqu’il s’agit de prendre du plaisir pendant un rapport sexuel. Les raisons varient, mais le résultat est toujours le même: les filles qui ont répondu « non » n’obtiennent pas le niveau de plaisir qu’elles espèrent lors de leurs ébats. Certaines ne jouissent même pas du tout. Pire encore, elles n’osent pas en parler. Par peur? Par honte? Par inconfort? Pourquoi, en fait? « Parce que les femmes ne sont pas des êtres sexuels », affirme Kaat Bollen, sexologue, tout en précisant que cette affirmation est à prendre avec beaucoup de précaution. Encore une fois, la question est de savoir qui le prétend!

Aujourd’hui, beaucoup de femmes s’entendent encore dire qu’elles n’ont pas une libido aussi ­élevée que celle des hommes, qu’elles n’ont pas besoin de sexe et que si elles ont des relations sexuelles, c’est uniquement pour faire plaisir à leur partenaire. Dans le pire des cas, pour l’empêcher de les tromper.

, indique l’experte.

Et de poursuivre: « Si toutes ces fausses vérités ne riment à rien, force est de constater que l’éducation des filles et certains médias ­contribuent à entretenir le mythe. Heureusement, un contre-­mouvement est en marche. Désormais, un nombre croissant de femmes se donnent le droit de s’impliquer dans leur propre sexualité. Malgré ça, j’estime que ce qu’elles entreprennent est encore souvent lié à la sexualité de leur partenaire. On a l’impression qu’une femme jouit d’abord et surtout pour rassurer l’homme et ne pas le mettre en ­danger. Ce n’est pas le bon message. Par conséquent, si les femmes ne prennent pas conscience qu’elles sont des êtres sexuels à part entière, il leur sera difficile de se donner la priorité en tant que femme et d’accepter d’assumer leur côté sensuel. Pour les générations futures, il n’y a donc qu’une façon d’inverser la tendance: les parents et les éducateurs doivent faire comprendre aux jeunes filles que la sexualité est quelque chose de bon, qu’elles ont le droit de s’amuser, de se masturber ou encore d’avoir plusieurs partenaires sexuels. Si nous voulons booster la confiance des femmes, cette prise de conscience est ­extrêmement importante. »

En couple versus célibataire

On peut également noter une ­différence entre les aventures d’un soir et les relations stables. Certaines femmes estiment qu’il est plus facile de prendre du plaisir dans le cadre d’une relation stable, tandis que d’autres ne peuvent le faire que lors d’une aventure. Peut-on voir une ­logique derrière cela?

« Dans le cadre d’une relation stable, vous ­pouvez avoir – en tant que femme – le sentiment qu’il faut faire les choses correctement et dans les limites de la morale », indique la sexologue. « Lorsqu’on part de cette croyance, il n’est pas facile de sortir de son rôle et de se considérer comme un être sexuel. Pour ces femmes, une aventure d’un soir est donc très libératrice. Elles n’ont en effet pas ­besoin de faire bonne impression. Dans le lit d’un inconnu, elles ne doivent pas jouer le rôle de la mère ou la belle-fille idéale. Au contraire, elles peuvent tout faire, tout oser. L’avis de l’autre personne leur ­importe peu, puisqu’elles ne la ­reverront probablement plus ­jamais. D’autres femmes, en ­revanche, ont besoin de la sécurité d’une relation stable pour ­s’épanouir pleinement d’un point de vue sexuel. Pour jouir, elles doivent sentir que leur partenaire les aime inconditionnellement, peu importe ce qu’elles font ou disent sous les draps. Pour cette catégorie de femmes, la stabilité de la relation constitue un terrain sécurisant qui leur permet de se sentir sexuellement libres. »

Le moyen le plus simple d’exprimer clairement vos souhaits et vos ­désirs est d’en parler ouvertement. Kaat Bollen confirme: « Pour ­garantir un rapport sexuel ­épanouissant, une bonne ­communication est primordiale. Et ce, bien avant les postures ­acrobatiques ou les pratiques ­insolites. Si vous ressentez de la honte ou de l’inconfort, il est très important d’en discuter avec votre partenaire. Ce dialogue sincère vous permettra de trouver ­ensemble ce qui pourra vous aider à vous sentir mieux et plus épanouie. Je suis en outre ­convaincue qu’il est très important d’avoir cette conversation avec des amies. Comment le vivent-elles​​​​​​? Qu’est-ce qui leur procure du ­plaisir? Est-ce qu’elles se ­masturbent​​​​​​? Et avec quels ­gadgets? Les femmes ont ­rarement ce type de conversations. Pourtant, c’est en confrontant son expérience à celle d’autres femmes qu’on apprend à mieux se connaître. Nous devrions toutes saisir cette opportunité de grandir au contact de nos amies, nos sœurs, nos copines... »

Andrea, 28 ans

« Pour moi, les ­attentes et la pression sociales jouent un rôle dans l’expression de ma sexualité. Dans mon entourage, j’ai toujours entendu et vu que les femmes devaient être sexy et ­attirantes pour les hommes et qu’elles devaient avant tout leur plaire. Je me sens parfois obligée de m’adapter aux désirs de mes partenaires. Je me concentre ­généralement davantage sur leur plaisir, plutôt que sur le mien. Un peu comme si mes propres fantasmes et besoins n’avaient pas d’importance. En fait, je n’ose pas prendre mon propre plaisir au sérieux. Et si, en plus, mon partenaire ne fait aucun effort de son côté, je n’ai aucune chance de parvenir à l’orgasme. Le fait ­d’exprimer cette vérité me fait réaliser à quel point tout cela est triste. »

Lana, 27 ans

« J’ai du mal à lâcher prise et à assumer mes propres ­envies. J’ai été élevée de manière très stricte et conservatrice. Quand il s’agit de sexe et de désirs, j’éprouve un sentiment de honte. J’essaie d’écouter mes besoins, mais ce n’est pas toujours possible. »

Ilya, 31 ans

« Dans le cadre d’une ­relation stable, j’ai souvent peur que mon partenaire trouve mes ­préférences sexuelles étranges. J’ai donc tendance à me concentrer sur les histoires d’un soir. Quitte, parfois, à me perdre dans ces aventures. »

Caroline, 34 ans

« Les hommes prennent depuis trop longtemps la direction des opérations. J’ai bien ­l’intention de changer la donne et de batailler pour mon propre plaisir. »

Maya, 24 ans

« Avant, le sexe me ­servait surtout à satisfaire mon ­partenaire. Je pensais que mon propre plaisir était secondaire. J’avais du mal à exprimer mes besoins et je ne voulais pas paraître égoïste. De plus, je n’avais pas confiance en mon jugement. J’avais beaucoup de mal à lâcher prise. Ce n’est que maintenant, depuis que je suis avec mon ­compagnon actuel, que je réalise que je n’ai pas pris la peine d’écouter mon désir. Réaliser que mon plaisir est tout aussi important que celui de mon partenaire a tout changé. J’ose exprimer mes envies et je me sens plus libre pendant mes rapports sexuels. »

Émilie, 25 ans

« De peur d’être rejetée, j’ai du mal à exprimer mes désirs sexuels. Je pars du principe que mon partenaire pourrait me trouver égoïste ou bizarre. Je sais que ces ­insécurités m’empêchent d’éprouver du plaisir, mais c’est plus fort que moi. Pour l’instant, je n’arrive pas à ­changer ça ​​​​​​! »

Mia, 35 ans

« Mon propre plaisir ­pendant les rapports sexuels ne vaut ni plus ni moins que celui de mon partenaire. Pour qu’une relation ­fonctionne, il faut trouver un ­équilibre. Au fil de mes expériences, j’ai découvert qu’une relation sexuelle saine est avant tout une question de plaisir mutuel et de communication ouverte. Il est essentiel de dire ce que vous voulez ou ne voulez pas. Tenez aussi compte de l’autre et surtout profitez-en! »

Olivia, 32 ans

« Je suis une mère ­célibataire et une femme accro à son boulot. Ma carrière compte plus que tout. Mes nombreuses responsabilités m’obligent à tenir compte des autres en permanence. Je ne pense donc pas souvent à moi ou à mon plaisir. Je peux en outre me sentir coupable de m’accorder un moment pour moi, même lorsqu’il s’agit de quelque chose d’aussi intime que le sexe. Je dois encore apprendre que je peux aussi m’amuser et me donner la ­priorité. Ce qui importe, c’est de prendre le temps de se découvrir et de s’aimer. Heureusement, ça, j’en suis déjà capable. »

Une relation sexuelle saine est une question de plaisir mutuel et de communication ouverte.

Mia

Catherine, 27 ans

« Je sais ce que je veux, comment, quand et où je le veux. Si mon partenaire sexuel a du mal avec ça, je sais déjà qu’entre nous, ça ne marchera pas. »

Lily, 26 ans

« Prendre soin de soi est incroyablement important. Nous en sommes toutes conscientes. Il en va de même quand il s’agit de sexe. Mon propre plaisir est crucial pour mon bien-être émotionnel et mental. Au lit, je ne peux pas m’empêcher de laisser exprimer mes désirs profonds, mais je cherche aussi à rester connectée à ceux de mon partenaire. J’envisage le sexe comme un ­dialogue et pas comme un ‘moi d’abord’ ou un ‘toi d’abord’. »

Emma, 30 ans

« Au fil de mes ­expériences positives ou négatives, j’ai découvert que certains clichés étaient vrais. Pour aimer l’autre, il faut d’abord s’aimer soi-même. Il en va de même quand il s’agit de sexe. Sous la couette, mon propre plaisir est ­toujours central. Je suis convaincue que ce n’est qu’en éprouvant du ­plaisir soi-même qu’on peut en ­donner à l’autre.»

Hannah, 28 ans

« Pour moi, la ­sexualité est une forme d’expression de soi et d’autonomisation. Il m’a fallu des années pour découvrir mon corps et mes désirs, mais maintenant, je sais qui je suis et ce que je veux. Me donner la priorité rend le sexe beaucoup plus agréable. »

Ce n’est que lorsque mon partenaire a joui que j’ai ­l’impression d’avoir accompli ma ­mission.

Sarah

Zoé, 35 ans

« La satisfaction sexuelle fait partie intégrante d’un mode de vie sain et équilibré. Je ne mettrai ­jamais mon propre plaisir entre ­parenthèses et je ferai en sorte de me donner la priorité. Je veux réaliser mes désirs, c’est-à-dire jouir, mais aussi (et surtout) respecter qui je suis et ce que je veux. »

Sarah, 20 ans

« Pour moi, le sexe est souvent une question de ­performance. Comme si on devait satisfaire les attentes de l’autre. Je me sens obligée d’être bonne au lit, ce qui équivaut à reproduire des scènes pornographiques​​​​​​, ma seule référence en la matière. J’ai presque peur de l’admettre, mais ce n’est que lorsque mon partenaire a joui que j’ai ­l’impression d’avoir accompli ma ­mission. Comme beaucoup de mes amies, je ne me donne jamais la priorité. »

Moi, d’abord ​​​​​​! Et l’autre, alors ​​​​​​?

C’est clair, si vous voulez avoir du plaisir, il faut apprendre à défendre vos intérêts. Voici comment faire!

Apprenez à connaître votre corps: explorez-le et découvrez ce que vous aimez et ce qui vous excite. Quelles sont vos envies? Cette découverte est non seulement essentielle pour vous-même, mais elle vous permet aussi de guider votre partenaire lors de vos ébats.

Communiquez: si vous ne dialoguez pas avec votre partenaire en toute transparence, il est peu ­probable que vous éprouviez du plaisir lors de vos rapports. Parlez de vos envies, fantasmes et ­préférences. Si vous vous donnez les moyens de discuter sans tabou, vous ­trouverez plus facilement un bel équilibre relationnel et sexuel.

Ne faites rien dont vous n’avez pas totalement envie​​​​​​: respectez vos limites et n’ayez pas peur de dire « non » si quelque chose que vous ne voulez pas se produit. Un bon partenaire respectera votre refus.

Soyez réaliste​​​​​​: ne vous basez pas sur les attentes des autres ou sur les clichés véhiculés par la société. C’est à vous et votre partenaire de déterminer ce que vous attendez et comment vous vivez votre sexualité.

Travaillez sur votre amour de vous​​​​​​: si vous vous sentez bien dans votre peau, vous vous sentirez plus à l’aise pendant vos rapports sexuels. Ce sentiment de confiance vous aidera dans votre vie quotidienne, mais aussi sexuelle.

Respectez vos limites et n’ayez pas peur de dire « non ».

Prenez les choses en main: osez faire preuve d’initiatives pendant vos rapports sexuels. Au moins de temps en temps. C’est l’occasion de prendre le contrôle et de découvrir ce que vous aimez.

Consolidez votre relation​​​​​​: plus le lien qui vous unit à votre partenaire est sincère et intense, plus vos rapports seront épanouissants. Avant même de filer sous les draps, vérifiez que vos échanges sont honnêtes et transparents. Y compris quand vous ne parlez pas de sexe. On peut appeler cela une « connexion émotionnelle ». Le point de départ d’un feu d’artifice sexuel.

Masturbez-vous: il n’y a pas de meilleure façon de découvrir vos désirs et fantasmes. Les caresses vous aident à clarifier certaines choses. Vous comprendrez mieux ce qui vous fait du bien et ce qui vous déplait. Face à votre partenaire, il vous sera ensuite plus facile d’exprimer vos préférences.

Misez sur les préliminaires: prenez votre temps lors des préliminaires et concentrez-vous sur les choses qui vous font du bien. Plus l’excitation est grande, plus vous avez de chance de jouir intensément par la suite.

Expérimentez un maximum: testez de nouvelles positions, des jouets insolites, des films érotiques passionnant… Ce moment excitant qui commence avant même de filer sous les draps est un bon moyen de booster votre niveau d’excitation et faire passer votre vie sexuelle au niveau supérieur.

Informez-vous: il existe une foule de livres fascinants sur le sujet.

Texte de Nele Reymen et Marie Honnay

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