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Au lit, les femmes revendiquent le droit de pénétrer leur mec aussi

Kathleen Wuyard

La pénétration féminine, un processus qui ne va forcément que dans un sens? Certainement pas chez nos voisines françaises, où un récent sondage révèle que 22% des femmes ont déjà pénétré l’anus de leur compagnon. Une pratique qui s’inscrit moins dans des revendications anti-patriarcat, même au lit, que dans une libération de la sexualité du carcan de la société.


Depuis qu’on vous a appris à grand renfort de métaphores gênées comment on faisait les bébés (“et donc, la tige va dans le petit trou...”) vous n’y avez plus trop pensé. L’homme a un organe génital qui s’insère parfaitement dans celui de la femme, ainsi font, font, font les couples au moment de la pénétration. D’ailleurs, vous avez des idées à peu près aussi arrêtées sur la sodomie, pratique réservée a) aux homosexuels ou b) aux filles plus délurées que vous au lit. Ce n’est pas vous qui jugez, c’est la société qui vous l’a inculqué. Sauf que le monde change, et avec lui, les mentalités, la preuve: selon une récente étude Ifop réalisée en France sur commande de nos consoeurs du ELLE, la proportion de femmes pratiquant ou ayant pratiqué la sodomie aurait été multipliée par 4 en 50 ans. Et la libération des pratiques ne s’arrête pas là.

“Inversion” des rôles


En effet, toujours selon l’étude, pas moins de 22% des femmes interrogées auraient déjà pénétré l’anus de leur partenaire, tandis que 15% d’entre elles se seraient déjà adonnées à la pratique de l’anulingus. Du côté de l’Ifop, on souligne que “si l’exploration du versant anal de sa sexualité tend plus à venir avec l’âge, il est intéressant de noter que la sodomie est désormais une pratique majoritaire : 53% des femmes s’y sont prêtées au moins une fois”. Et pour ce qui est de la pénétration anale du partenaire alors?

Cette “inversion” des rôles s’avère symptomatique de l’idéal d’égalité et de réciprocité qui imprègne désormais le discours normatif sur la sexualité de couple et, plus largement, d’une certaine remise en cause du clivage « pénétrant/pénétré » structurant traditionnellement les représentations sociales et culturelles de la sexualité hétérosexuelle”


Autre élément pour expliquer cette nouvelle forme de pénétration qui s’invite dans le lit des couples hétéros: la diffusion du plaisir prostatique chez les hommes hétéros. Pornos et magazines masculins ont en effet fait grand cas ces dernières années du fait que chez ces Messieurs, la stimulation de la prostate peut être une source de plaisir intense, dont il serait dommage de priver les hommes hétéros. Même si, toujours selon l’Ifop,

Certains hommes parviennent moins  aisément que d’autres à s’écarter des normes, sans doute en raison de leurs difficultés à admettre la part de féminité associée à la passivité sexuelle et par là le risque d’une potentielle remise en cause de leur identité de genre”


Et ils ne sont pas les seuls: “chez les femmes des milieux populaires, on observe en effet une plus grande « rigidité de genre » dans leurs pratiques anales avec les hommes : à peine 7% des ouvrières ont déjà pénétré l’anus de leur partenaire avec un doigt, soit quatre fois moins que les cadres et professions intellectuelles supérieures (33%)”. Reste que pour François Kraus, directeur du Pôle Actualité de l’Ifop, la libération est en marche.

Ces résultats montrent un rapport plus hédoniste et plus autonome des femmes à la sexualité, s’affranchissant non seulement des préceptes moraux pesant traditionnellement sur la sexualité féminine mais aussi des scripts sexuels présentant le coït, l’homme et son membre comme les seules sources légitimes du plaisir féminin”


Et en Belgique? Incroyable mais vrai, il n’existe aucune enquête similaire, la dernière exploration similaire des pratiques sexuelles datant de 2005, à l’instigation de Durex, et ayant soigneusement évité les sujets du sexe anal et de la pénétration au féminin. De là à en déduire qu’on est plus coincés des fesses que nos voisins...

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