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COUPLE: quand les enfants chamboulent tout

“Les premières années sont difficiles et exténuantes.” Sans prendre de pincettes, on dirait plutôt: “des années qui impactent tellement sur ma vie et mon couple que j’en arrive parfois à souhaiter ne pas avoir d’enfants en bas âge”. Mais comment faire pour s’en sortir?

Lundi soir. Je m’entends soupirer à mon amoureux: “nos vies ont tellement changé depuis l’arrivée de nos enfants. Et nous avons tellement changé.” Les enfants viennent de se coucher après une bataille d’une heure et douze minutes, le salon est rempli de jouets, la cuisine est un champ de bataille et dans mes cheveux je retrouve un morceau de riz qui a probablement été catapulté par un de mes enfants. Et c’est là aussi que je réalise que même ma coupe de cheveux a changé depuis que je suis maman. Bien sûr, on aime nos enfants de manière inconditionnelle, mais on est toujours fatigués, on doit toujours penser à ce qu’on va faire à manger, on est sans cesse en train d’organiser des choses pratiques, on doit toujours être disponibles pour eux, changer leurs couches ou régler des tas de problèmes. Et nous n’avons jamais de relations sexuelles.

Ça vous parle? Pas étonnant. Oui, il doit y avoir pas mal de parents qui avant, profitaient de leur lundi soir déprimant pour ne rien faire. Sauf que c’est désormais impossible et qu’ils ne savent même plus quel jour on est. Bienvenue dans la tempête de la parentalité.

Un couple de parents

Avec un bébé et un bambin nous sommes devenus une famille au fil des années et cela demande de se montrer flexibles. À tel point que je me demande parfois combien de temps il faudra avant que notre équilibre ne se rompe. Et combien de temps avant que je réponde oui avec assurance à la question de savoir si je nous préférais secrètement avant? 

Katrien Koolen, psychologue et thérapeute relationnelle explique “La recherche montre que la satisfaction des couples a tendance à décliner à mesure que la relation progresse. Chez les couples avec enfants, cette satisfaction diminue plus rapidement une fois l’arrivée des enfants.

De nombreux couples qui ont le sentiment de s’être perdus indiquent que cette distance est venue dès qu’ils ont eu des enfants.

Tout ça me perturbe, parce que les enfants ne s’imposent pas à nous. Avoir des enfants, il faut le vouloir. C’était notre cas. Rien d’étonnant à ce que je me sente souvent coupable quand je me dis qu’avoir des enfants, c’est difficile! Mais comment lutter contre cette pensée?

“Quand un couple attend un enfant, c’est exactement ça: tout tourne autour de l’enfant. De nos jours, tout le monde connaît la charge que cela implique, il existe un panel de soins prénataux pour l’enfant et la mère, et c’est une bonne chose. Mais en même temps, on parle peu de l’impact de l’arrivée d’un enfant sur le couple, parce que ça change aussi. Un couple est le fondement de sa famille, et pourtant nous accordons trop peu d’attention à ce couple qui se noie dans la parentalité. Les couples espèrent que l’enfant les rapprochera davantage, mais c’est souvent le contraire qui se produit. En ayant un enfant, on se retrouve soudain dans un rôle très individuel: celui de maman ou de papa, avec la responsabilité d’un être vivant. Et il est très difficile de deviner comment vous remplirez ce rôle. En plus d’être une relation supplémentaire, un enfant met la relation à fleur de peau. Cela attise les peurs et les désirs et cela peut être très confrontant. D’un coup, vous devez prendre des décisions ensemble, alors que vous pouvez avoir des points de vue différents. Sans enfants, il était probablement plus facile de faire des compromis, car il n’a jamais été question de la chose la plus importante de votre vie: vos enfants. Cela peut conduire à des disputes et après ce genre de discussions, vous n’avez probablement pas envie de vous asseoir ensemble sur le canapé. Si cela arrive souvent, cela peut peser sur la relation.”, explique Katrien Koolen. 

Plus que deux ans

Je me surprends souvent à penser que les choses iront mieux d’ici deux ans. Je me dis que lorsque ces années difficiles seront derrière nous, on retrouvera notre équilibre. Je dis à mon amoureux “Allez plus que deux ans” alors qu’on court chacun de notre côté à la maternelle et à la crèche. “Plus que deux ans” quand on console chacun un enfant en train de pleurer durant la nuit. “Plus que deux ans” quand mon homme regarde Bumba avec le bébé et que je regarde Peppa Pig avec le plus grand. Je me rassure en me disant que deux ans, ce n’est pas insurmontable. Mais en même temps ça me fait peur, parce que deux ans ça peut être très long. Doit-on simplement purger notre peine en ayant l’impression que la vie et notre relation sont en pause?

“Il est très important de prendre conscience que ce sentiment est bien là. Et cela ne durera pas éternellement. Vous trouvez la situation difficile? Prenez conscience que votre couple n’est pas limité à cette situation. Le fait que la situation soit désormais difficile ne signifie pas que votre couple ait des problèmes. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une bonne idée de mettre volontairement en pause la relation pendant ces années difficiles, voire pas du tout. La vie en dehors de cette relation continue comme avant. Les choses arriveront toujours et elles affecteront également qui vous êtes ou comment vous agissez.

Les couples se disent parfois que les choses iront mieux ‘bientôt’, qu’à un moment ou à un autre il y aura de la place pour s’investir dans la relation. Ils attendent pleins d’espoir ‘le bon moment’ ou ‘plus de temps’. Mais ça n’arrivera probablement jamais, simplement parce que la vie continue et qu’à chaque nouvelle étape nous sommes confrontés à de nouveaux défis.

Il est donc préférable de saisir ce moment maintenant et cela commence souvent par nommer ce que vous ressentez. Cela peut être très contraignant par peur de ce que votre partenaire pourrait penser.”, recommande la psychologue. 

Date night

Puisque Google a une solution pour chaque problème (et parce que j’avais l’excuse d’avoir à faire des recherches pour cet article), j’ai cherché en ligne des moyens de maintenir l’amour dans une relation fragilisée. Le rendez-vous romantique a semblé être la solution ultime. Mais malgré la perspective d’un repas que je n’ai pas à partager avec un enfant, cette idée ne me semble pas la plus efficace. J’ai essayé: ce soir-là, c’était génial. Les 30 autres nuits du mois le furent beaucoup moins.

La thérapeute: “Je suis toujours très déçue quand je vois cette idée apparaître quelque part (rires). Une soirée peut être amusante, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit.

Il est beaucoup plus important de trouver des moyens de se connecter à son partenaire autre au quotidien et de montrer que vous vous aimez. Par des moyens très simples.

Vous n’avez pas besoin de créer des moments extraordinaires pour cela, il suffit simplement de remplir le temps disponible différemment. Si vous envoyez un message à votre partenaire pour qu’il aille acheter du pain, ajoutez que vous avez hâte de le revoir. Vous devez récupérer les enfants? Faites-le ensemble ou essayez de prendre du temps l’un pour l’autre juste avant. Ce sont de petits gestes où vous montrez que vous aimez votre partenaire, sans avoir besoin d’une baby-sitter ou d’un agenda vide. Parce que c’est de cela qu’il s’agit: se choisir l’un l’autre et faire attention à l’autre, à l’individualité de l’autre, en dehors des enfants. Et ça peut se faire par le biais de ces petites choses, que vous ne trouverez probablement pas sur Google, mais qui signifient tellement plus. Être parent est un rôle difficile, dans lequel vous vous croisez souvent vous-même ou votre partenaire. Vivre ensemble la parentalité signifie pour moi la porter ensemble: les bons moments et les moments incertains, les moments compliqués. Même si vous avez du mal avec quelque chose, cela aide à le partager. L’autre n’a même pas à résoudre le problème, il suffit d’écouter pour avoir le sentiment que vous portez ça ensemble.”

Pour ma part je reste sur mon idée: nos vies ont changé depuis que nous avons eu des enfants. Nous avons changé depuis que nous avons eu des enfants. Mais je sais aussi que le changement peut être une opportunité. Différence ne signifie pas nécessairement la fin, mais parfois c’est tout simplement mieux.

Les petits gestes font les grands changements

Si vous avez le temps, l’envie et une baby-sitter, vous pouvez sortir le soir. Cependant, si vous n’avez pas le temps, l’envie et une baby-sitter, rien n’est perdu. Vous n’avez pas besoin de grands changements pour rester proches les uns des autres. Ce sont les petites choses qui font la différence et qui expriment encore mieux l’amour qu’on ressent pour son partenaire. Katrien Koolen donne quelques conseils pour se connecter et maintenir l’amour dans la tempête de la parentalité, si vous – comme moi – n’allez pas plus loin que d’acheter ses chips préférés car c’est aussi votre saveur préférée.

Liste non exhaustive de petits gestes du quotidien qui peuvent vous rapprocher avec votre +1.

  • Considérez-le·la comme un effort minimal avec un rendement maximal.
  • Je te soutiens: posez un instant votre main sur son épaule.
  • Je m’occupe de toi: préparez un délicieux repas.
  • Je suis contente de te voir: embrassez-le·la quand vous rentrez chez vous.
  • Je veux partager avec toi: ne regardez pas seule la suite de votre série Netflix.
  • Bienvenue chez toi: laissez une lumière allumée à l’extérieur ou dans la maison le soir ou ouvrez déjà la porte du garage.
  • Je sais ce que tu aimes: mettez un peu plus de lait dans son café s’il·elle le boit comme ça.
  • Je te laisse du temps pour toi: levez-vous d’abord avec les enfants.
  • J’aimerais avoir de tes nouvelles: appelez-le·la.
  • J’écoute: offrez-lui un cadeau qu’il·elle souhaite depuis longtemps.
  • Tu es important·e pour moi: laissez-lui un mot à un moment important.
  • Je te prends en compte: demandez ce qui est prévu ce week-end.
  • Je ferai pour toi ce que tu n’aimes pas faire: nettoyer la litière ou ramasser les crottes de chien.

“Je pense que la dernière fois que mon amoureux et moi avons eu une conversation décente, c’était juste avant la naissance”

Ilse: “Je ne voulais devenir qu’une chose: maman. J’étais très heureuse quand ma fille est née, j’ai enfin pu être maman! Mais il est vite apparu que ‘être maman’ est très difficile à concilier avec tout ce qui n’est pas ‘être maman’. Cela m’a demandé et me demande toujours beaucoup: du temps, de l’énergie, mais aussi une part d’identité. J’ai maintenant le sentiment qu’il reste peu de moi, et cela me fait peur, comme si j’en étais réduite à la maternité. Car que se passe-t-il si non seulement moi, mais aussi mon partenaire ne me reconnaît plus?”

Ailyn: “Après la naissance d’Otis, je pensais que notre vie serait complète, mais elle a juste été bouleversée. Mon petit ami et moi avons rapidement dû travailler à temps plein en tant qu’indépendants, on était très occupés. Nous étions constamment en train de planifier et de répartir les tâches: qui allait chercher et déposer Otis à la crèche, qui faisait les courses, préparait à manger, faisait la lessive et changeait les couches, etc.

On s’est partagé les tâches, ce qui était bien en soi, mais on ne faisait plus rien ensemble. Pas de tâches ennuyeuses, mais nous ne partagions plus non plus de moments amusants.

Aujourd’hui, un an et demi plus tard, on a l’impression qu’il y a de la place pour respirer à nouveau et se connecter pendant plus de cinq minutes. Allez on va dire dix minutes (rires). Si vous n’avez plus rien à vous dire, la fin est proche, j’en ai peur.”

Lore: “Je remplirais mon rôle de mère au mieux de mes capacités, mais je resterais aussi l’amie, la collègue, la sœur et la partenaire que j’étais. LOL. Manqué. La maternité m’a épuisée. Deux enfants plus tard, je suis juste fatiguée, je me sens comme la version lessivée de moi-même. Parfois, je me demande si mon mari aime toujours cette version. Je n’ose même pas entamer la conversation, de peur de la réponse…”

Angela: “Je pensais que ça ne nous arriverait pas, Et pourtant… Il y a quelque temps, les deux enfants étaient avec les grands-parents et mon mari et moi avons eu un week-end de congé de manière inattendue. Immédiatement, j’ai voulu nettoyer toute la maison et faire toutes les corvées pour lesquelles je n’avais jamais eu le temps, jusqu’à ce que mon mari m’arrête. Il m’a dit qu’il avait l’impression de ne pas m’avoir vue depuis trois ans et j’ai réalisé qu’il avait raison. Nous nous sommes vus, mais nous avons arrêté de nous regarder. C’est une grande différence. Nous avons utilisé ce week-end pour parler à cœur ouvert, peu importe si c’était parfois douloureux. Aborder ces points difficiles nous a permis de pouvoir travailler dessus. Et nous emmenons plus souvent les enfants en week-end.”

Lisbeth: “Je pense que la dernière fois que mon amoureux et moi avons eu une vraie conversation, c’était juste avant l’accouchement. Depuis lors, nous ne sommes pas allés plus loin que ‘bonjour’, ‘bonne nuit’ et ‘tu peux acheter des couches au magasin?’.”

Catherine: “Nos enfants ont maintenant cinq et sept ans. Durant toutes ces années, j’ai cru que mon mari et moi formions l’équipe parfaite. Le ménage tournait à plein régime, les enfants étaient maintenus en vie, tout était sous contrôle. Sauf notre relation. Parce que vivre en pilote automatique nous a fait nous prendre pour acquis. Nous avons supposé que tout allait bien, car cela avait toujours été ainsi. Mais quand, après ces années difficiles, un peu de temps pour soi est soudainement redevenu disponible, il s’est avéré que tout était différent. Y compris nous-mêmes.”

Jelle: “Je me demande souvent comment je peux encore être une femme sexuellement attirante pour mon partenaire, alors que je change les couches toute la journée, chante des berceuses et m’effondre épuisée dans le canapé après le rush du soir. Je ne comprends pas comment les jeunes parents ont encore l’énergie d’avoir même n’importe quel type de vie sexuelle.”

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